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Cine Borat
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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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28 janvier 2023

Made in France III #5

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Je ne comprends pas pourquoi on ne fait pas de films de genre en France. Comment ça il y en a chaque année ?"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou des 80's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de pass sanitaire et de Festival de Gérardmer, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Sheitan (Kim Chapiron, 2006)

Sheitan

L'association Kourtrajmé est active depuis 1994, alignant les courts-métrages et clips-vidéo (dont le fameux Stress de Romain Gavras). Il n'est donc pas étonnant que ses membres se soient mis au long-métrage au bout d'un moment. Kim Chapiron sera le premier avec Sheitan, un film qui a peut-être été un peu vite considéré comme un film d'horreur ou un film extrême. Si quelques moments horrifiques sont bel et bien là, ils sont concentrés sur la dernière partie du film. De même, Sheitan n'est pas vraiment trash, surtout en comparaison de Martyrs (Pascal Laugier, 2008) ou d'A l'intérieur (Bustillo, Maury, 2007). Chapiron amène l'aspect horrifique par petites touches, montrant une fille amenant de potentielles proies chez elle en espérant que cela marche. Idem avec les fameuses poupées ou un accouchement revenant régulièrement sur le tapis.

Leila

 

Par contre, il y a un côté excessif constant, que ce soit par les interactions d'Olivier Barthélémy avec tout le monde (jusqu'aux coups), les passages en voiture (dont un où le futur réalisateur des Misérables Ladj Ly fait du drift dans Paname) ou la dernière partie génialement frappadingue. Pour le reste, Sheitan se présente surtout comme un film de potes fait entre potes, doublé d'un film rigolo et fun. Chapiron s'amuse de ses personnages, que ce soit le gros bourrin Bart qui aura droit à son lot de corrections (Barthélémy), le dragueur Ladj toujours collé au téléphone avec sa vraie copine ; ou le donneur de leçon Thaï aussi irrespectueux que les autres (Nicolas Le Phat Tan). Au final, on a plus de sympathie pour le personnage de Leila Bekhti (la grande gentille de l'histoire) ou même les fameux campagnards.

Cassel

 

Vincent Cassel est en roue-libre totale, mais c'est aussi ça qui est amusant. L'acteur arbore un sourire délirant sur une bonne partie du film, le personnage semblant dans une bonhomie permanente. Sans compter ses grognements et ses réactions improbables (Cassel qui balance naturellement le n-word à Ladj Ly vaut son pesant d'or). En résulte, un film fait par des sales gosses pas forcément choquant (l'interdiction aux moins de 16 ans est totalement improbable et injustifiée). Néanmoins, on s'amuse souvent devant ce réveillon de Noël frappadingue balançant ses cartes horrifiques avec une rapidité déconcertante. Mais tout le monde n'appréciera pas.

  • The Incident (Alexandre Courtès, 2011)

Incident

Alexandre Courtès fait partie de ces clippeurs français dont les œuvres sont restées durablement dans l'inconscient collectif. Ainsi, on se souvient encore de la tempête de sable emportant une mère dans Le vent nous portera (pour Noir Désir, 2001) ; du O géant de Vertigo (pour U2, 2004) ; et surtout du défilé de Meg et Jack White dans Seven Nation Army (2003). En 2012, le réalisateur est lié à deux projets de longs-métrages. Tout d'abord Les infidèles, où il signe la série des Infidèles anonymes ; puis The Incident qu'il tourne en anglais et finissant en direct to video chez nous. Ce qui a malheureusement contribué à son oubli au fil du temps, malgré sa petite réputation. D'autant plus que Courtès n'a réalisé que des clips, des publicités et des épisodes de séries télévisées depuis. The Incident commence doucement, présentant son protagoniste principal dans un quotidien se résumant à l'enregistrement d'un album, des concerts, le travail dans un asile psychiatrique en tant que cuistot et sa petite-amie à la maison (Anna Skellern).

Groupe

 

Bien que le film regroupe plusieurs personnages autour de Rupert Evans (le fameux agent Myers d'Hellboy), c'est bel et bien le point de vue de ce dernier qui prédomine. Courtès va mettre à mal le héros, l'amenant dans un premier temps à s'énerver dans un élément hostile (les fous peuvent agresser des agents ou des codétenus à tout moment suite à une mauvaise réaction), avant l'élément perturbateur (la tempête entraînant une coupure de courant). On voit alors qu'on est face à un script de S Craig Zahler (oui le réalisateur de Bone Tomahawk, récompensé à Gérardmer au passage). Bien que le réalisateur a coupé certains passages pour éviter de trop aller vers le torture porn, Zahler amène le héros vers une situation qui dégénère dans une violence frontale. Ici, les fous tuent avec des barres de fer plantées dans le bide, bouffent un nez avant de faire cramer leur victime sur le grill ou utilise un tazer dans l'œil.

Fous

 

L'interdiction aux moins de 16 ans peut paraître forte car le film ne montre pas que de la violence, mais Courtès y va à fond quand il le faut. D'autant plus qu'il joue sur la perte de repères avec le manque de lumières et un univers carcéral labyrinthique. Le scénario ose même le faux happy-end, enfonçant encore plus le héros dans une spirale infernale. La perception du héros n'en devient que plus trouble et le spectateur aura plaisir à revoir le film pour mieux appréhender certaines choses.

  • La nuit a dévoré le monde (Dominique Rocher, 2018)

Nuit

Au même titre que plusieurs camarades français travaillant dans l'horreur et le fantastique, Dominique Rocher a pu bénéficier de l'effet Grave (Grand Prix de Fantastic Arts en 2017 pour rappel). Si les films n'ont pas fait des chiffres mirobolants en salles, ils ont été un peu plus mis en avant par la presse et un certain public, au point de se faire un petit réseau de fidèles. Ce qui est tout de même un peu mieux que l'accueil glacé réservé autrefois à d'autres productions françaises (bonnes comme mauvaises). Sur le papier, La nuit a dévoré le monde a tout pour faire fuir les récalcitrants du cinéma français, notamment ceux parlant de films avec des bobos coincés dans un appartement chic. Tout simplement parce que le héros se retrouve en pleine invasion zombie dans un quartier de Paname et qu'il s'isole dans l'immeuble de son ex (morte du coup).

Anders

 

Sauf que l'on n'assiste jamais à l'éventuel "film chiant dans un appartement avec le mec qui parle tout seul". Bien que le film adapte un roman de Martin Page (2012), on pense également à l'une des références du survival fantastique en voyant La nuit a dévoré le monde, à savoir Je suis une légende (Richard Matheson, 1954). Les zombies ont remplacé les vampires. Il n'y a pas de leader voulant tuer à tout prix le pauvre Anders Danielsen Lie et ce dernier ne cherche pas de remède pour sauver la situation. Il se contente de survivre en rationnant la nourriture qu'il trouve dans l'immeuble, récolte également quelques armes pouvant lui servir (dont un fusil et les cartouches qui vont avec) et se défend quand il doit le faire. Le chien laisse même sa place à un Denis Lavant zombifié, donnant lieu à des entretiens où le Zombie redevient un peu humain, sortant de l'image de la bête carnivore.

Denis

 

Ce qui n'est pas sans rappeler Bub dans Le Jour des morts-vivants (George A Romero, 1985). Comme dans le roman de Matheson, le héros doit essayer de vivre avec la situation, quitte à se mettre parfois en danger. Ce qui donne des affrontements graphiques, d'autant plus que les maquillages de l'équipe d'Olivier Afonso (réalisateur de Girls with balls, mais aussi maquilleur sur les films de Julie Ducournau ou Goal of the dead) sont vraiment réussis. Les zombies sont bien réalisés et les effets gore sont superbes sans tomber dans le gratuit. Et pour cause, Rocher reste dans une optique sérieuse, montrant un survival cohérent avec un héros faillible jusque dans des actes malheureux. Ainsi l'isolement donne lieu à des rêves morbides et à des hallucinations, amenant à se méfier de tout jusqu'au moindre bruit.

Maquillages

 

La présence de Golshifteh Farahani amène ainsi autant d'apaisement qu'un changement radical dans la vision des choses du héros. Sans compter l'importance de la musique, visiblement le métier du héros et qu'il exploite durant tout le film à ses risques et périls. La nuit a dévoré le monde est donc un survival très bien amené et réalisé, toujours passionnant dans sa vision du quotidien en plein apocalypse (la vision d'un Paris fantomatique et ravagé est assez incroyable). Récemment, le sud-coréen #Alive (Il Cho, 2020) a joué sur le même type de concept avec succès, en étant toutefois un peu plus bourrin. Mais le français a un dernier atout en main : ici pas de deus ex machina.

Musique

A la prochaine ! 

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Commentaires
A
Bonjour je viens de découvrir ce blog un peu par hasard, hate de fouiller un peu mais ça m'a l'air super !<br /> <br /> Merci
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