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31 décembre 2023

Un pour tous, tous pour 2024 !

L'année s'achève et comme d'habitude, il est temps d'évoquer les casseroles, les sommets, les films moyens, les films intéressants et ceux qui ne le sont pas du tout. Mais avant cela, comme d'habitude, évoquons ceux qui nous quittés en cette année 2023 : Guy Marchand, Jeff Beck, Julian Sands, Gina Lollobrigida, David Crosby, Michel Ciment, Leiji Matsumoto, Raquel Welch, Michel Deville, Marcel Amont, Lance Reddick, Ryuichi Sakamoto, Carlos Saura, Marion Game, Harry Belafonte, Michel Cordes, Helmut Berger, Jim Brown, Tina Turner, Jean-Louis Murat, Ray Stevenson, Cormac McCarthy, Treat Williams, Alan Arkin, Jane Birkin, Sinead O'Connor, Paul Reubens, William Friedkin, Sixto Rodriguez, Sophie Fillières, Michael Gambon, Claude Barzotti, Marwan Berreni, Matthew Perry, Lee Sun Kyun, David McCallum, Bob de Groot, Angelo Bruschini et pensées pour ceux que j'ai oublié.

Commençons par les ratages, les films pas terrible et autres navets. J'ai évité pas mal de potentielles catastrophes, donc ne vous étonnez de ne pas voir certaines têtes de gondole évidentes (Dogman de Luc Besson par exemple). Tirailleurs (Mathieu Vadepied, 2022) avait tout du film attendu sur un sujet poil à gratter par excellence. Ce qui n'a pas manqué avec les éternels avis pétés avant même la vision du film. Néanmoins, au delà des bonnes intentions, Tirailleurs ne parvient jamais à montrer la sauvagerie de la Ière Guerre Mondiale et n'est quasiment jamais au front et plus à côté. A force de trop vouloir se concentrer sur le point de vue du père et du fils (Omar Sy et Alassane Diong), Vadepied ne montre au final pas grand chose d'un drame humain véritable. Un film nécessaire au vue de son sujet, mais qui ne remplie pas son devoir correctement.

Tirailleurs

Comme on pouvait s'y attendre, L'Empire du milieu (Guillaume Canet) est une énième roue crevée du carosse Astérix. Si le petit gaulois n'a pas de problème avec l'animation ces dernières années (l'adaptation animée du Combat des chefs par Alain Chabat est d'ailleurs fortement attendue), chaque annonce d'un film live-action fait peur pour un résultat souvent calamiteux. Canet ne déroge pas à la règle, qui plus est en incarnant le gaulois d'une manière agaçante. On ne croit jamais un seul instant qu'il joue Astérix, en revanche de jouer Canet essayant de jouer Astérix. La différence de Gilles Lellouche qui s'en sort très bien en Obélix et d'Audrey Lamy lors de ses rares séquences en Bonemine. Marion Cotillard hérite d'un deuxième rôle d'une rare gênance, quand Jonathan Cohen casse toutes les scènes où il apparaît dans un rôle affreusement agaçant. Visuellement, le film se tient à peu près correctement et paraît un peu moins kitsch que les deux précédents films. 

Astérix

Déjà bouffé par un démarrage de production catastrophique qui a considérablement fait augmenter le budget (Chine dégageant leurs billes, ne comprenant pas que les Romains puissent vouloir envahir la Chine ; le covid qui a retardé un peu plus la production), le film manque d'ambitions (prendre Zlatan Ibrahimovic pour en faire ça est assez lamentable) et surtout d'exotisme. On ne croit jamais que les héros sont en Chine, au contraire d'un décor ressemblant vaguement à la Chine. Sans compter l'humour qui amène à un lot de facepalms. Si le film a fait des chiffres corrects (bien aidé par le préachat du film par Netflix pour certains territoires), il serait peut-être temps d'arrêter de vouloir faire jouer les Gaulois de René Goscinny et Albert Uderzo par des acteurs. Ou alors avoir un projet solide.

Cassel

Une idée de l'humour du dernier Astérix.

 

Projet Wolf Hunting (Kim Hong Seon, 2022) est le type de petite bande intéressante sur le papier, mais qui se révèle une production horrifique survendue de plus.  Incroyablement stupide, étirée jusqu'à plus soif et encore moins subtil que le déjà bien chargé The Sadness (Rob Jabbaz, 2021), Projet Wolf Hunting est le type de film qui aurait mieux fait d'être plus court et un peu moins généreux. Au contraire de faire plaisir comme avec un Braindead (Peter Jackson, 1992) ou de déranger, Projet Wolf Hunting fatigue plus qu'autre chose, en plus de multiplier les retournements de situation téléphonés. Un peu moins ridicule que le cinquième film, Scream 6 (Bettinelli-Olpin, Gillett) joue toujours sur la redite, citant ouvertement le second opus de Wes Craven (1997) jusque dans son twist final. Certes il est un peu plus gore que le cinquième qui était beaucoup trop chiche pour être honnête et pas mal de scènes à suspense fonctionnent.

pROJET

 

Mais l'impression de déjà vu et sa tendance à ne pas vouloir faire mourir certains personnages (dont un qui doit être aussi troué que Sonny Corleone) en font à nouveau un film un peu trop gentil. Sans compter le retour totalement inutile d'un personnage qui aurait mieux fait d'être classé décédé. Au contraire de Scream 4 (Wes Craven, 2011) qui parvenait à faire revenir la franchise avec du sang neuf, Scream 5 et 6 ont surtout confirmé qu'ils étaient incapables de renouveler quoique ce soit, se contentant de reservir la soupe en pensant que personne ne verra le pot aux roses. Et ce n'est pas le bordel dans les coulisses du septième potentiel volet qui vont aider à faire passer la pilule. 65 (Beck, Woods) est tout ce qu'on attendait de lui sur le papier : un film complètement creux déjà daté avant même sa sortie. 

Scream

Une sorte de mélange foireux entre After Earth (avec le même type de morale ridicule et produit par le même studio), La Planète des singes (voyage dans le temps via un vaisseau spatial qui se crashe) et Jurassic Park (survival avec des dinosaures). Apaches (Romain Quirot) avait tout du projet ambitieux, mais là aussi il y a eu des ratés. Beaucoup de spectateurs n'ont pas compris comment l'héroïne (Alice Isaaz) peut tomber amoureuse de l'assassin de son frère qu'elle est censée venger ; et on ne peut pas leur donner tord, tant cela semble invraisemblable. Sans compter des choix de musiques anachroniques qui montrent vite leurs limites. Le film en lui-même n'est pas désagréable, mais on pouvait s'attendre à mieux au vue du sujet. La déception est également de mise avec Les Trois Mousquetaires (Martin Bourboulon). Si le premier opus tient la route malgré ses défauts (notamment sa tendance à faire trop de plans-séquences, quitte à rendre les scènes d'action illisibles), certains choix du second restent en travers de la gorge. 

Mousquetaires

Quand vous annoncez un dyptique, vous imaginez logiquement un premier film qui se termine à la rigueur sur un cliffhanger ou une fin ouverte et à un deuxième opus qui conclue le tout. Malheureusement, Bourboulon et ses scénaristes ont opté pour une seconde option, à savoir mettre une fin ouverte après une conclusion légitime, afin de faire un appel d'offre pour en faire un troisième. Ce qui n'est même pas démenti par le producteur Dimitri Rassam, bien content de son astuce. Tant mieux pour lui, le spectateur en revanche pensera clairement qu'il a été pris une vache à lait. De quoi se poser des questions au sujet du Comte de Monte-Cristo avec la même équipe devant sortir en 2024 et qui est prévu pour n'être qu'un seul film pour l'instant. On a le même type de problème sur Across the Spiderverse.

Spiderman

Si le film est magnifique et intéressant sur bien des points, il est littéralement la première partie d'un dyptique ou un film trop gros que l'on aurait coupé en deux pour que cela passe. Le film n'a aucune finalité, aucun arc terminé, donnant lieu à un sentiment de frustration incroyable. Comme si tout restait en plan en vous disant "vous verrez la suite l'an prochain". Comme quoi, le modèle du Marvel Cinematic Universe a fait de sacrés ravages dans la production cinématographique. Evil Dead Rise (Lee Cronin) a exactement les mêmes problèmes que le remake de Fede Alvarez (2013) : il est d'un sérieux insupportable.  Aucun humour ou même de second degré, personnages antipathiques et dont on se contrefout, en plus d'être assez mal joués... Mais il y a un souci plus net ici : là où Alvarez y allait franco, ici Cronin a des idées, mais ne semble jamais réussir à les concrétiser correctement. Pour preuve cette créature finale qui fait clairement rêver sur le papier, mais tellement mal mise en scène que cela en devient pénible.

Evil

Le livre des solutions (Michel Gondry) avait tout pour plaire sur le papier, mais il y a un gros mais : Pierre Niney. L'acteur paraît bien trop jeune pour jouer une sorte d'équivalent du réalisateur et se révèle très vite pénible (et encore plus si vous n'appréciez pas l'acteur en général). Si bien que l'on comprend pourquoi tout le monde le lâche au fil du film. Néanmoins, Gondry parvient quand même à signer un film sympathique qui n'est jamais meilleur que quand il joue sur la frustration et la gestation de la création. Mais on pouvait s'attendre à mieux de lui. Acide (Just Philippot) n'est pas non plus un mauvais film, mais il est handicapé par des défauts qui font baisser la note. L'introduction est totalement inutile, d'autant plus que ces éléments seront évoqués à nouveau par la suite. Patience Munchenbach est assez agaçante et l'écriture de son personnage n'aide pas du tout. Si le film parvient à faire dans le cinéma catastrophe type La Guerre des mondes avec réussite, il s'avère moins radical que le court-métrage qu'il reprend (2018).

acide

The Flash (Andy Muschietti) appartient à ce type de films qui intéressait sur le papier il y a quelques années, mais qui est devenu une arlésienne, voire une source de problèmes. Embêté par un acteur principal complètement instable dans le privé, un script qui a tellement changé de mains qu'il ne doit pas rester grand chose des premières versions, une production qui part en reshoots constants depuis deux ans et un univers partagé en voie d'extinction, The Flash s'en sort ironiquement bien scénaristiquement parlant. En revanche, il est une daube visuelle, sentant le film fini à la pisse car tout le monde s'en foutait et avait hâte d'en finir. Le film multiplie les horreurs, à l'image de cette boule temporelle avec des visages semblant gérés par IA tant ils sortent de la vallée dérangeante ; et des acteurs morts ou vivants repris sans visiblement qu'un accord ne soit établi (c'est ce que suggèrent les récentes interviews de Nicolas Cage). Sans compter la première apparition de Supergirl (Sasha Calle) où tout sonne faux. 

flash

Une idée du massacre The Flash.

Un échec artistique certain qui fait réfléchir sur une chose : sortir le Batgirl d'Adil El Arbi et Bilall Fallah était peut-être moins risqué que de sortir ce film foutu d'avance. La Maison des égarées (Shin'ya Kawatsura, 2021) est en apparence très mignon, mais il est surtout horriblement foutraque. A force de se présenter comme un best of de toutes les créatures du Japon, le film se présente comme horriblement mécanique avec une action menant à tel personnage et ainsi de suite. TMNT : Mutant Mayhem (Rowe, Spears) est une énième redite de ce qui a déjà été fait. Même s'il se regarde sans déplaisir, il y a un air de déjà vu constant lors du visionnage. Pour donner une idée, le plan du méchant est celui de Shredder dans le reboot live-action de 2014 (Jonathan Liebesman)... qui lui-même pompait celui du Lézard (Rhys Ifans) dans The Amazing Spider-man (Marc Webb, 2012).

tmnt

 

Cela est d'autant plus pénible lorsque les deux précédents films d'animation avec les Tortues (Batman VS TMNT et Rise of the TMNT, 2019 - 2022) étaient vraiment intéressants et nouveaux niveau thématiques, allant même dans des directions plus violentes. Loin du pilotage automatique donc. Puis on passera sur la version française avec des doubleurs parfois lamentables ou des références françaises qui n'ont rien à faire dans un film se situant à New York. A l'image de "Cowabunga" devenant "Cowakubé". Merci mais non merci. Gran Turismo (Neill Blomkamp) est une aussi belle arlésienne que Barbie (Greta Gerwig), à la différence que le pitch est toujours resté le même : faire un biopic sur un joueur du jeu-vidéo devenu un véritable pilote de course (Jann Mardenborough). Un projet qui ne donnait déjà pas très envie à l'époque et cela se confirme en voyant la bête. 

gt

Il est toujours ironique d'avoir des films nous assénant noir sur blanc que tout est vrai... sauf que le déroulement du film mélange des faits qui n'ont rien à voir ensemble et le film s'arrange avec. Donc impossible de croire une seule seconde à ce que raconte le film. Au pire, on peut se dire que les courses sont bien filmées. Mais même pas, car Blomkamp nous coupe les scènes en faisant des arrêts sur image pour nous dire où est placé le personnage principal. La plupart des films de course vont miser sur le commentateur sportif pour que le spectateur reste dans l'adrénaline pure. Blomkamp décide de vous tuer le plaisir à chaque fois. A cela rajoutez certaines cgi lamentables et une ouverture qui ressemble à une vulgaire page de publicité pour Polyphony Digital ("on a fait le meilleur des jeux de course, c'est nous les meilleurs des meilleurs"). On est pas prêt de revoir le Neill Blomkamp de District 9...

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Antigang (Benjamin Rocher, 2015) était un très cool remake de The Sweeney (Nick Love, 2012), qui lui-même était une adaptation d'une série télévisée (1975-78). Le film n'ayant pas marché à sa sortie (388 456 entrées), une suite n'était pas vraiment prévue. Pourtant, revoilà la bande de policiers musclés pour un second opus sortant directement sur Disney+. L'engouement autour d'Alban Lenoir est surement la principale raison de la production de ce film. Sauf que là où le premier était un polar fun, mais assez sérieux ; ici on est plus dans la comédie policière qui n'a plus grand chose d'active. On perd donc beaucoup du charme du premier film, sans compter que le personnage de Lenoir n'est plus flic, mais a toujours une longueur d'avance sur ses collègues. Au mieux, si vous vous ennuyez un dimanche soir, vous pouvez voir ce film très pantouflard. Au pire, vous pouvez passer votre chemin et regarder Aka (Morgan S Dalibert) avec le même Lenoir s'infiltrant dans le milieu mafieux. Un film bien plus prenant et efficace.

antigang

Après avoir évoqué le négatif, il est temps d'évoquer le légendaire top 10. 

  • 10- Je verrai toujours vos visages (Jeanne Herry)

Rencontres

Le nouveau film de Jeanne Herry aurait pu être purement larmoyant avec ces victimes face à des agresseurs, apprenant à se faire confiance au fil des rencontres. Comme pour Pupille (2018), elle va décrire le processus de ces rencontres, avant de les montrer frontalement à travers plusieurs minutes de débats. Chacun aura sa place dans le récit, quitte à désarçonner. Les victimes dévoilent leurs dépressions post-acte, mais aussi leurs peurs et leur incapacité de continuer à vivre normalement. Certains ont du mal à s'ouvrir aux autres, d'autres ont honte ou alors parviennent difficilement à sortir de chez eux. Face à eux, Herry dévoile des agresseurs qui ne sont pas ceux qui se sont attaqués aux personnes en face d'eux. Ce qui permet de débloquer des choses, là où la confrontation victime / agresseur aurait pu être plus violente. 

adèle

Ce qui se confirme par le cas d'Adèle Exarchopoulos qui est beaucoup plus radical dans les faits. Le film va donc montrer des gens qui vont finalement s'aider les uns envers les autres, alors que rien ne les prédestinaient à se rencontrer. Y compris à entraîner des situations paradoxales. Le cas Dali Benssalah en est la preuve, auteur de vols usant du flingue pour se faire respecter de ses otages, mais ayant une compassion totale pour le cas de Miou Miou, vieille dame victime d'un vol à l'arraché et tabassée pour l'occasion. Cela est d'autant plus incroyable que le spectateur ne verra rien de ces événements, tout étant raconté à travers des témoignages. Le spectateur peut alors s'imaginer les événements et se mettre à la place des personnages. Je verrai toujours vos visages est donc un film émouvant avec un casting très convaincant.

  • 9- Yannick (Quentin Dupieux)

Yannick 2

Toujours aussi prolifique et alors qu'on pensait le retrouver avec le fameux Daaaaaali ! (que l'on pourra voir en février prochain), voilà Quentin Dupieux avec un projet secret reposant sur une unité de temps et de lieu spécifique. Tout se passe en quelques heures dans un théâtre lors d'une représentation. Dupieux dégaine alors Raphaël Quenard pour symboliser une réaction que tout spectateur a bien dû avoir une fois dans sa vie, que ce soit devant un film, une série ou une pièce. Même si la réaction de Yannick est aussi excessive que dangereuse, chaque spectateur s'est surement posé la question "Mais qu'est-ce que je fous là ? C'est nul, faut arrêter le massacre". Autant quand vous êtes à la maison, vous pouvez arrêter les frais en zappant ou en arrêtant le DVD ou le streaming. Mais quand vous vous êtes déplacés, que vous avez dépensé tant et tant pour la place et débloqué votre journée pour aller voir un film ou une pièce, il est déjà plus compliqué de quitter la salle au vue de l'investissement fait.

Yannick

Par son personnage principal et son raisonnement, Yannick symbolise cela, au point que n'importe quel spectateur peut se reconnaître dans ce qui se passe dans le film. La différence est que Quentin Dupieux en tire une situation explosive, où tout peut déraper à n'importe quel moment, puisque Yannick a un flingue et menace aussi bien les acteurs (Pio Marmaï, Blanche Gardin et Sébastien Chassagne) que le public. On sait très bien que la situation va mal se finir et cela se confirme par ce final entre émerveillement et flou. Yannick est également un film amusant sur la création, le personnage éponyme en venant à écrire son propre récit pour passer une bonne soirée, quitte à montrer une situation ridicule où des gens pris en otage regardent quelqu'un qui se fait plaisir tout seul, avant que cela devienne communicatif. A cela rajoutez l'impayable découverte de l'ordinateur valant un magnifique fou-rire. Quenard a eu une belle année 2023 et autant dire que Yannick est un fait d'arme que l'on n'est pas prêt d'oublier.

  • 8- Le Garçon et le Héron (Hayao Miyazaki)

héron

Il y a des succès évidents et d'autres qui tiennent de l'incroyablement surprenant. Si certains cinéastes phares ont parfois bien du mal à retrouver le succès malgré des réussites artistiques indéniables, il existe visiblement encore des grands réalisateurs capables de trouver leur public sur leur seul nom. C'est d'autant plus le cas avec Hayao Miyazaki, puisque Le Garçon et le Héron est sorti au Japon avec une affiche vague et un synopsis évasif. Si cela a été moins le cas à l'international (même si la bande-annonce française était loin d'être facile à suivre), le succès s'est également confirmé. Pourtant Le Garçon et le Héron n'est clairement pas une des oeuvres les plus accessibles du réalisateur et se rapproche énormément du Vent se lève (2013). On sent que Miyazaki voit ses dernières années arriver, le film étant emprunt d'une grande mélancolie avec un héros traumatisé par la mort de sa mère et incapable de passer à autre chose. 

garçon

Là encore, le réalisateur évoque sa mère constamment à l'hôpital lors de ses jeunes années, mais aussi une bonne partie de son cinéma. A l'image de Chihiro, Mahito passe de l'autre côté du miroir. Mais là où le réalisateur balançait son héroïne dans un univers cauchemardesque, ici on est plus dans un mélange entre émerveillement et catastrophe. Sans compter que comme pour Le vent se lève, on ne sait parfois plus si c'est le rêve ou la réalité, si Mahito fait bel et bien un voyage à travers un autre monde ou si c'est purement son imagination. Ce qui le rapproche à nouveau du cinéma de Satoshi Kon sans cesse confronté à ce type de questionnements. Cela se présente également à travers les expérimentations sur les masses (plusieurs personnages devenant une masse informe) ou les visages inexistants dans l'ouverture, confirmant que nous sommes dans un rêve. Le Garçon et le Héron montre que Miyazaki peut encore surprendre avec la pleine confiance du public.

  • 7- Le règne animal (Thomas Cailley)

règne

Si Acide s'est cassé la figure au box-office (238 964 entrées), c'est nettement moins le cas du Règne animal sorti quelques semaines plus tard, au grand étonnement d'à peu près tout le monde. Personne ne s'attendait à un film fantastique français dépassant le million d'entrées à une époque où le cinéma français est forcément synonyme de merde, encore plus quand on part sur ce type de films. Il faut dire que Thomas Cailley s'en sort plus qu'avec les honneurs avec un film mélangeant aussi bien le drame familial, le récit apocalyptique et le fantastique. Le règne animal montre un monde en train de basculer avec les Hommes d'un côté et ceux se transformant progressivement en animaux. Un changement radical pouvant arriver à n'importe qui, aussi bien à des enfants qu'à des adultes. Puis il y a la réaction de ceux qui restent normaux, allant de la compréhension au radicalisme total.

animal

Cailley interroge ainsi le racisme, au même titre que la franchise X Men dans son ensemble (2000 - 2020) ou la bande-dessinée Black Hole (Charles Burns, 1995 - 2005), confrontant ses mutants à une société qui a bien du mal à les comprendre et à les accepter. Quitte à les cloisonner dans des espaces en pensant pouvoir les soigner. Le père incarné par Romain Duris est confronté au problème par deux fois. Il était dans l'impossibilité de continuer à vivre avec sa femme devenue trop dangereuse pour son fils (Paul Kircher) ; mais aussi dans la protection de son enfant. La transformation de ce dernier se fera au fur et à mesure, un peu à la manière de Jeff Goldblum dans La Mouche (David Cronenberg, 198). Qui plus est à travers l'adolescence, ce qui le rapproche des oeuvres suscitées. La réussite du Règne animal se confirme également par un mélange de maquillages, animatroniques et cgi qui fonctionnent quasiment à chaque fois. 

  • 6- Killers of the flower moon (Martin Scorsese)

Killers

Avant The Irishman (2019), on ne pensait pas revoir Robert De Niro chez Martin Scorsese et autant dire qu'on ne pensait pas voir De Niro confronté à nouveau à Leonardo Dicaprio, qui plus est chez Marty. Tout comme dans Blessures secrètes (Michael Caton-Jones, 1993), De Niro incarne une figure d'autorité de Dicaprio, jouant un oncle qui tire les ficelles, quitte à faire de son neveu sa marionnette. Le personnage fourbe par excellence, se faisant passer pour un bienfaiteur aux yeux de tous, alors qu'il est celui qui tire toutes les ficelles dans Fairfax. Dicaprio incarne le bénêt par excellence, mais suffisamment crapuleux pour ne pas être vu comme quelqu'un de sympathique. Scorsese se veut très ambigu avec lui, le dévoilant comme quelqu'un de suffisamment conscient de la gravité de ses actes, tout en comprenant que trop tard qu'il n'est qu'un vulgaire pion. Il lui faudra un événement dramatique pour avoir le déclic. 

Indiens

Deux performances auxquelles se rajoute celle de Lily Gladstone, qui réussit à tout dire à travers un regard. Le pire étant que le film se base sur des faits bien réels, rendant l'ensemble glaçant à partir du moment où le spectateur comprend lui aussi la gravité de ce qui se passe. Il n'y a pas de coïncidence et plus le film avance, plus il va dans l'horreur, Marty dévoilant petit à petit le pot aux roses. Fairfax est une ville gangrénée par un mal qui n'a rien d'anodin et qui empoisonne un peuple par tous les moyens possibles (la médecine, le meurtre, l'alcool). Marty ouvre et conclue habilement son film à travers deux inventions spécifiques permettant de raconter des histoires. Ce qui n'est pas sans rappeler ce qu'il avait fait dans Hugo (2011). Beaucoup de gens voudraient bien pouvoir taper sur Marty au vue de certaines de ses opinions, mais heureusement qu'il reste des gens comme lui pour signer des films de ce niveau-là.

  • 5- La beauté du geste (Shô Mijake, 2022)

beauté

Si Creed 3 (Michael B Jordan) était sympathique sans pour autant être mémorable (cf les scènes de ring sans public assez peu convaincantes), un autre film sorti en 2023 se revendiquait du classique de John G Avildsen (1976). Qui plus est en prenant un cas féminin totalement atypique. Sur le papier, La beauté du geste est un biopic sur une boxeuse à l'image de Mary Kom (Omung Kumar, 2014). Sauf que le film se base sur le cas atypique de Keiko Ogasawara, boxeuse sourde et muette. Shô Mijake va montrer le processus compliqué pour entraîner son héroïne (Yukino Kishii), cette dernière ne parvenant à communiquer qu'en signes face à une équipe ne le parlant pas et se contentant de tableaux ou de gestes. Ici la communication entre ses entraîneurs et l'élève se fait par les gestes, Keiko les refaisant ainsi par pur mimétisme, apprenant au fur et à mesure à se placer et à donner les coups. Il y a même plusieurs scènes avec des miroirs renvoyant à certaines scènes spécifiques de la franchise Rocky (1976-).

beauté 2

La boxe est également l'occasion de se défouler face à un quotidien morose et symbolise aussi une forme de rébellion face à une mère ne comprenant pas cette passion (Hiroko Nakajima). Une manière de s'exprimer et d'être, de dépasser sa propre condition. Le spectateur assiste à l'entraînement acharné de Keiko et à certaines parties de combats. Ainsi, sa victoire sera montrée d'un point de vue peu positif, Mijake se concentrant sur des passages creux du match. En revanche, il montrera le combat final en grande partie, après avoir montré un entraînement semé d'embûches. Qu'importe qu'elle gagne ou pas, le réalisateur a montré la hargne de son héroïne et cette dernière lui permettra de continuer à se dépasser malgré les doutes. Yukino Kishii signe une prestation remarquable dans un rôle loin d'être évident face à un Tomokazu Miura émouvant en vieil entraîneur sur le départ. 

  • 4- Limbo (Soi Cheang, 2021)

limbo

Les films de Category III se font rares depuis la rétrocession, au point qu'il faut les compter. Si on se souvient du délirant Dream Home (Pang Ho Cheung, 2010), Limbo a eu plus de mal à sortir du fait de coups de censure venant de la Chine. Par miracle, il a pu être distribué dans les salles françaises grâce à KinoVista. Les films Category III sont souvent bien chargés niveau violence et sexe, mais aussi en éléments dérangeants et Limbo ne déroge pas à la règle. Soi Cheang met en scène des policiers peu brillants face à une affaire sordide. Voire pire, puisque le premier (Lam Ka Tung) se sert de celle qui a rendu sa femme handicapée comme d'un punching ball, devant un second qui ne dit rien pour ne pas être mal vu de sa hiérarchie en tant que nouvel arrivant (Mason Lee). Il faudra que la jeune femme (Yase Liu) devienne également une victime pour que son point de vue change et qu'il se rend compte de sa bêtise.

Limbo 2

 

Outre ses policiers peu recommandables, Soi Cheang montre un tueur aussi dévastateur que pervers (Hiroyuki Ikeuchi), le paroxysme étant atteint dans une scène de viol particulièrement horrible. Si Limbo est un choc lorgnant du côté de Seven (il pleut tout le temps et une ambiance poisseuse en découle), on pense également à School on fire (Ringo Lam, 1988). Un film également jusqu'au boutisme avec une violence omniprésente et une héroïne en prenant plein la figure jusqu'à un final apocalyptique. Wong To tombe toujours plus bas, avant d'atteindre un point de non-retour frappadingue. Un aspect qui n'a pas plu à tout le monde, ce qui peut se comprendre, tant le réalisateur est excessif avec son héroïne, lui offrant des moments aussi durs que crades. Mais c'est aussi ce jusqu'au boutisme qui rend le film aussi bon, faisant plonger le spectateur dans un Hong Kong pluvieux puant la charogne, avec des détritus partout. Rien à voir avec Tony Leung écoutant les Mamas and the papas dans un snack...

  • 3- The Creator (Gareth Edwards)

the creator

A l'image d'un Neill Blomkamp ou pire d'un Richard Kelly, on pensait Gareth Edwards totalement perdu dans les limbes d'Hollywood après un Godzilla (2014) ne savant pas s'il doit montrer ou pas ; et un Rogue One (2016) où on ne sait même plus ce qui est de lui ou de Tony Gilroy. En revanche, on voit que The Creator est bien sa création et le réalisateur signe son meilleur film depuis Monsters (2010). Mieux, il fait mieux que tous les Terminator produits depuis 2003 en allant vers une direction similaire. Le film dévoile une guerre qui ne peut que se terminer sur un massacre, avec un commencement tenant sur un malentendu. Sauf qu'à la différence de montrer l'éternelle Amérique post-apocalyptique, Edwards plante deux camps : l'Occident pro-Homme et l'Asie pro-Robot et IA.  Le tout à travers un personnage ambigu pris entre deux feux (John David Washington plus convaincant que dans des films précédents).

the creator 2

 

L'IA au centre du film renvoie directement au concept de la vallée dérangeante, à savoir le robot tellement proche de l'Homme avec ses imperfections qu'il en devient troublant. Le héros se voit dans l'incapacité de la liquider, car elle est justement trop proche d'une enfant. A cela rajoutez qu'il est dans l'incapacité de retrouver l'amour de sa vie et que même quand il pense atteindre le Graal, la chute n'en est que plus rude. Le final n'en devient qu'un magnifique crève-coeur, confirmant un amour impossible de manière touchante et sans forcément aller dans le pathos gratuit. Tout simplement parce que le cheminement émotionnel effectué durant tout le film atteint son sommet en toute fin. Puis ce n'est pas tous les jours que vous verrez un film hollywoodien aussi beau, The Creator offrant des scènes de guérilla impressionnantes, en plus de montrer des robots concrets et troublants (en fin de compte, sont-ils encore des robots aux yeux de tous ?).

  • 2- Godzilla Minus One (Takashi Yamazaki)

train

On avait laissé Takashi Yamazaki sur le très cool Lupin III : The First (2019), on le retrouve à la suite d'Hideaki Anno et Shinji Higuchi sur la franchise Godzilla (on évitera de parler de la trilogie animée ou des machins américains). Shin Godzilla (2016) était un reboot bien radical revenant au Godzi d'antan, à savoir le méchant lézard issu du nucléaire. Un film dans le sillage du monumental Retour de Godzilla (Koji Hashimoto, 1984) et qui n'avait pas peur de montrer une bureaucratie totalement dépassée par la situation. Minus One revient au nerf de la guerre en plantant son action non pas dans une période contemporaine, mais dans l'après guerre avec un Japon parvenant à peine à se reconstruire. A l'image de John Rambo voulant terminer sa guerre du Vietnam dans Rambo 2 (George P Cosmatos, 1985), Koichi (Ryunosuke Kamiki) n'en aura pas terminé tant qu'il n'aura pas éradiquer Godzilla. 

godzilla

Plus que le symbole du nucléaire, Godzilla est le reflet des erreurs du héros, l'amenant à tout perdre pour aller vers le chemin de la rédemption. Autant dire que le gros lézard ne fera aucun cadeau, décimant tout sur son passage avec une violence à faire peur. L'effroi est de mise à chacune de ses apparitions jusqu'à avoir de la sympathie pour les japonais subissant le désastre. Si le héros est décrit comme un lâche s'en prenant plein la figure, c'est un personnage qui souffre ne parvenant pas à sauver les gens qu'il aime ou qui l'entoure. Le film mise sur des destructions pures de ville, mais se déroule majoritairement en mer, entraînant un bel hommage à Jaws (Steven Spielberg, 1975) sans tomber dans la reprise pure à la Piranhas (Joe Dante, 1978). Godzilla a d'abord une allure de dinosaure, avant de reprendre une forme similaire aux autres films, le tout avec une réussite visuelle certaine (même si le visage manque parfois de réactions faciales). Un opus monumental que l'on oubliera difficilement. 

  • 1- Youssef Salem a du succès (Baya Kasmi, 2022)

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Compagne de Michel Leclerc et scénariste de la plupart de ses films, Baya Kasmi s'était faites remarquée avec l'excellent Je suis à vous tout de suite (2015). Un film qui avait été un peu trop vendu comme une comédie communautaire, alors qu'il était avant tout un film dramatique évoquant une famille avec ses tabous et ses gros problèmes. Il en est de même avec Youssef Salem a du succès, film fait en réaction au précédent. En apparence, le film pourrait ne parler qu'à des personnes musulmanes puisque le héros et sa famille le sont. Sauf que pas du tout. Faussement communautaire là aussi, Youssef Salem a du succès présente une famille qui pourrait être la vôtre et c'est ce qui rend le film incroyablement attachant. Le film parle d'amour entre les parents et leurs enfants et de ces petites choses qui amènent à cela (le fait que Youssef met des fautes dans ses livres pour que son père les corrige).

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Mais aussi des non-dits comme l'impossibilité de faire son coming-out, le fait de mentir pour ne pas blesser ceux qu'on aime et le sentiment d'être mis à l'écart (cf le frère qui ne comprend pas pourquoi Youssef l'a zappé de son livre). Baya Kasmi parle à tout le monde et c'est ce qui fait l'immense réussite du film. Le spectateur pourra se reconnaître dans Youssef (Ramzy Bedia) et ses parents, qu'il soit musulman ou pas du tout. Le film interroge aussi sur l'inspiration, avec un personnage qui ne trouve son intérêt dans la littérature qu'en évoquant son propre vécu. Ce qui passe aussi par des observations notées ici et là dans un carnet. Baya Kasmi lui avait déjà offert un rôle convaincant dans son précédent film, mais elle donne certainement le meilleur rôle de la carrière de Ramzy Bedia. Un rôle émouvant qui le change totalement de ses habituelles comédies, ce qui ne l'empêche pas d'avoir de beaux moments drôles dans le film.

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Terminons cette année 2023 avec les différents coups de coeur et on se donne rendez-vous l'année prochaine pour de nouvelles aventures ! 

  • Les Rascals (Jimmy Laporal-Trésor, 2022)
  • Mayday (Jean-François Richet)
  • Pathaan (Siddharth Anand)
  • La Montagne (Thomas Salvador, 2022)
  • The Fabelmans (Steven Spielberg, 2022)
  • Les petites victoires (Mélanie Auffret)
  • Mon crime (François Ozon)
  • Bonne conduite (Jonathan Barré)
  • Suzume (Makoto Shinkaï, 2022)
  • Donjons et dragons : L'honneur des voleurs (Daley, Goldstein)
  • Misanthrope (Damian Szifron)
  • Beau is afraid (Ari Aster)
  • Les Gardiens de la galaxie volume 3 (James Gunn)
  • Indiana Jones et le cadran de la destiné (James Mangold)
  • Elémentaire (Peter Sohn)
  • Anatomie d'une chute (Justine Triet)
  • Le Procès Goldman (Cédric Kahn)
  • L'Enlèvement (Marco Bellocchio)
  • Mars Express (Jérémie Périn)
  • Le temps d'aimer (Katell Quillévéré)
  • Love life (Kôji Fukada, 2022)
  • Farang (Xavier Gens)
  • Mission Impossible : Dead Reckoning (Christopher McQuarrie)
  • Oppenheimer (Christopher Nolan)
  • Jawan (Atlee Kumar)
  • Sentinelle (Benamozig, Caviglioli)
  • Gueules noires (Mathieu Turi)
  • Napoléon (Ridley Scott)
  • Chicken Run : La menace nuggets (Sam Fell)
  • Vermines (Sébastien Vanicek)
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Commentaires
T
Mème si je ne suis pas d'accord avec tout dans ton bilan (j'ai détesté la première partie des Trois Mousquetaires et j'ai aimé Evil Dead Rise), je te souhaite tout de mème une bonne et heureuse année 2024.
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I
Un court passage afin de te souhaiter une excellente année 2024. Que tous tes projets se réalisent, quelques soient leurs domaines ;)
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