Plus le temps passe, plus la chute sera rude
XVIIIème siècle, Irlande. Redmond Barry, fou d'amour pour sa cousine, tue en duel celui qu'elle devait épouser. Contraint à l'exil, il s'enrole dans l'armée britannique avant de rencontrer la comtesse de Lyndon...
A l'origine, Stanley Kubrick a toujours voulu réaliser un film sur ce bon vieux Napoléon Bonaparte. Il avait fait des recherches, avait un scénario mais une seule étincelle fera chuter ce rêve du cinéaste: le bide impressionnant de Waterloo de SergueÏ Bondartchouk. Dès lors et après le scandale d'Orange Mécanique, Kubrick s'attaque à l'adaptation de Barry Lyndon. C'est peut être le film le plus personnel du cinéaste, compte tenu de sa déception au vue des chiffres du box office. Le film se fera incendié par beaucoup à cause de son côté contemplatif et loin des films de batailles. Néanmoins, il trouvera son public dans certains pays dont la France (plus de 3 millions de spectateurs). Clairement ne croyez pas que Barry Lyndon est un film de bataille. Certes on en voit, mais ça n'en fait pas un film de ce genre et ce n'est pas ce dont veux parler le réalisateur. C'est un peu l'antithèse de ce que voulait faire Kubrick avec son Napoléon.
Durant tout le film, nous suivons le périple de Redmond Barry (Ryan O'Neal), un sentimentaliste aimant sa cousine. Vu l'époque (XVIIIème siècle), ne voyez donc rien d'incestueux. Il est doux, amoureux et sans le sou. Suite à un duel, il tue un aristocrate et est obligé de fuir. Là il se voit enrollé dans l'armée britannique (il est irlandais) et se retrouve dans la Guerre de sept ans. Il survit au combat et fini en héros de guerre. Dès lors, l'ami Barry rencontre la belle Comptesse de Lyndon (Marisa Berenson). En l'épousant, Barry devient riche, hérite du patronyme, devient un véritable homme d'affaire et l'ennemi de son beau-fils. Kubrick signe ici une parfaite vision de la tragédie. Barry était un homme sain et sage et en devenant Lyndon, il est devenu arrogant, vaniteux et égoÏste. Le parfait contraire. Sauf que dans sa quête de fric, Lyndon va s'y perdre, au point d'aligner les ennemis et les dettes. Bien que Barry Lyndon se situe au XVIIIème, le propos est toujours aussi actuel.
Nous sommes face à un homme se déshumanisant petit à petit au profit de l'argent. On peut y voir une certaine vision de ces chers traders jouant avec l'argent avant de se casser la gueule en beauté. Dans ce rôle changeant, O'Neal se révèle mémorable, trouvant indéniablement son meilleur rôle. En même temps, pas très dur pour cet acteur en grande partie connu pour Love Story (pas vu mais vous devez comprendre pourquoi au vue de certaines de mes critiques) et The Driver de Walter Hill (une des inspirations de Drive). Il arrive à donner une réelle ambiguité à son personnage. Pour lui faire face, on retrouve Leon Vitali (un des grands collaborateurs du cinéaste qui le suivra jusqu'après sa mort, vu qu'il s'est occupé des BR et autres remasterisations de ses films), parfait en beau-fils révolté. Quant à Berenson, elle est superbe. Le film dure 3h07, ce qui peut paraître très long en apparence. Or c'est tout le contraire ici vu que Barry Lyndon est passionnant de bout en bout.
Magnifique film en costume avec un héros changeant cruellement de personnalité.