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23 septembre 2012

La chute du box office avant le triomphe

Réalisé en 2010, Waking Sleeping Beauty (plus ou moins traduit par "la vieille beauté endormie", référence volontaire à La belle au bois dormant) est un documentaire réalisé par Don Hahn, grand collaborateur des studios Disney. Il travailla notamment sur Qui veut la peau de Roger Rabbit? (Robert Zemeckis, 1988), La belle et la bête (Wise, Trousdale, 1991), Le roi lion (Minkoff, Allers, 1994) ou Le bossu de Notre Dame (Wise, Trousdale, 1996). Ayant vu les différentes difficultés du studio depuis son entrée, il s'est dit que de le montrer au monde n'était pas une si mauvaise chose étant bien placé pour le faire. Le film débute de la fin des années 70 au succès du Roi Lion. Malheureusement, Hahn n'a pas évoqué la réelle période noire de Disney à savoir celle des 2000's. De l'avis de votre interlocuteur et malgré que les années 80 n'ont pas eu droit au box-office idéal, elles n'ont pas été aussi dramatique que la période depuis la fin des années 90 jusqu'à 2009. Si le changement des 80's a engendré des problèmes financiers, au niveau de la créativité c'était tout autre chose. En revanche les 2000's ont accumulé les mauvais films (Kuzco, La ferme se rebelle, Chicken Little, La Planète au trésor, sans compter les suites au rabais sorties au cinéma ou en DVD), les films dispensables (Volt, Dinosaure) ou des flops malheureux (La princesse et la grenouille, Atlantide l'empire perdu). Au point que la filière Pixar a complètement dégommé l'empire aux grandes oreilles (jusqu'à atteindre désormais les plus hautes sphères du studio d'animation).

Waking Sleeping Beauty : affiche

A la limite, une suite à ce documentaire plébiscité ne serait pas de trop. "Du triomphe à la décadence" serait un bon titre, en sachant qu'un film documentaire avait déjà évoqué la réalisation chaotique de Kuzco sans jamais dépasser le cadre de la projection exceptionnelle (The Sweatbox, Styler, Davidson, 2002). Mais bon, revenons à nos moutons. Le plus étonnant derrière ce documentaire c'est que malgré le dézingage ambiant, la déprime montrée des équipes et les échecs successifs de la compagnie; il est diffusé par Disney! La preuve avec le DVD français édité par la firme. Comme pour une sorte de mea culpa. Dans les visages connus qui apparaissent, on reconnaîtra Michael Eisner grand manitou du studio pendant des années; Jeffrey Katzemberg sous-fifre d'Eisner quand il était à la Paramount, directeur de l'animation et futur créateur de Dreamworks Animation; Roy Disney neveu de Walt; John Lasseter futur créateur de Pixar; feu Joe Ranft futur scénariste de Pixar; Don Bluth futur réalisateur du Petit dinosaure et la vallée des merveilles (1988); Tim Burton; feu Howard Ashman compositeur de La petite sirène (1989) et La belle et la bête; le compositeur Alan Menken; Elton John compositeur des chansons du Roi Lion; ainsi que les réalisateurs phares de cette période Ron Clements, John Musker (Basil détective privé, Aladdin), Rob Minkoff (Le roi lion), Gary Trousdale et Kirk Wise (La belle et la bête).

Waking Sleeping Beauty : photo Don Hahn, Jeffrey Katzenberg, Peter Schneider (II), Roy Edward Disney 

Une époque souriante? Pas si sûr...

Hahn nous présente le problème comme ceci: le départ de plusieurs collaborateurs de Don Bluth et de lui-même a créé un problème à Disney. Les vieux animateurs allaient partir en retraite et passer le relais à de jeunes fraîchement diplomés de la CalArt. Mais sans l'ami Bluth, vieux briscard très apprécié parti car le studio manquait d'originalité, la fracture risque d'être dur à cicatriser. Rox et Rouky (Berman, Rich, Stevens, 1981) sera le film du lancement de la seconde génération, ceux qui étaient censés mettre en place le deuxième âge d'or de Disney commencé par Les aventures de Bernard et Bianca (Wolfgang Reitherman, 1977) . Un projet qui a longtemps piétiné à cause de ce changement de génération. Autant dire que le studio se prendra une douche froide avec ce film mitigé même si le pire était à venir. Katzemberg, fraîchement débarqué dans l'affaire, se voit posté sur le rang animation du studio et prend donc en charge Taram et le chaudron magique (Berman, Rich, 1985). Il fera couper un bon paquet de scènes aujourd'hui impossibles à retrouver. Aucune idée si elles renforçaient la qualité du film ou intensifier le côté sombre de ce Disney à part. Le commentaire qu'il offre est qu'il s'agissait d'un film trop violent, trop sombre, ce qu'il est toujours. S'il ne parle pas de ce film mais d'Oliver et compagnie (George Scribner, 1988), Joe Ranft dévoilera le temps d'une séquence des tonnes de dessins tout simplement déchirés ou voués à la poubelle, car n'étant pas dans la vision de Katzemberg. Ce fut notamment le cas de la quasi-totalité des travaux de Tim Burton sur Taram et une des raisons pour laquelle il a arrêté l'animation.

Rox et Rouky : affiche Taram et le chaudron magique : affiche 

En attendant, Taram se fera dérouillé à tort par la critique et le public et encore maintenant il est considéré comme le vilain petit canard de Disney. Tout est donc à refaire et le virage heroic fantasy de déguerpir pour celui du film policier. Ainsi, Clements et Musker entre en scène pour réaliser Basil, détective privé (1986) en compagnie de Burny Mattinson et David Michener. Le succès reviendra mais Disney se fera voler la vedette par Don Bluth et son Fievel et le nouveau monde. Le revers de la médaille en d'autres termes. Les ateliers Disney changeront de décors mais Oliver et compagnie fera encore moins bien, peinant à s'imposer face à The land before time (Don Bluth, 1988). Le film suivant sera beaucoup plus désisif. En adaptant le conte d'Andersen La petite sirène (1837) Disney revient à un genre qu'ils avaient délaissé depuis La belle au bois dormant (Clyde Geronimi, 1959): l'adaptation de conte avec princesse. Pour la musique, Howard Ashman est engagé et son travail sera déterminant pour le reste du projet. Hahn n'hésite pas à montrer que Katzemberg voulait supprimer la chanson Partir là bas, soit la chanson phare du film, trouvant qu'elle ne marchait pas durant des projections-test. Une décision vivement critiquée et qui sera vite laissé de côté. La petite sirène sera un immense succès, le premier d'une nouvelle lignée de grands succès successifs. Si la suite des aventures de Bernard et Bianca fait un four malheureux (Gabriel, Butoy, 1990), elle permet d'installer les premières techniques par ordinateur dans les studios. La belle et la bête remettra les pendules à l'heure.

 

Alors qu'il vient d'être sacré aux Golden Globes pour La petite sirène, Ashman apprend à Menken qu'il est atteint du sida. Il finira les chansons mais n'aura qu'ébaucher celles d'Aladdin. Il meurt en plein succès le 14 mars 1991 et obtiendra un Oscar et un Golden Globe post-thume pour la chanson La belle et la bête. Contre toute-attente, le film obtient un succès encore plus grand que celui de La petite sirène et obtient même le Golden Globe du meilleur film musical ou comique, ainsi que la nomination aux Oscars dans la catégorie meilleur film. Une première pour le cinéma d'animation qui reviendra bien plus tard pour Toy Story 3 (Lee Unkrich, 2010), qui n'obtiendra pas non plus la récompense. Rebelote une nouvelle fois avec Aladdin mais étrangement, Hahn ne parle jamais des problèmes avec Robin Williams, bien que l'on peut voir des images de lui en train de jouer le Génie. Rappelons que l'acteur avait été très déçu que sa part du contrat stipulant que son personnage ne soit pas un argument promotionel n'avait pas été respecté. L'étrange noël de Mr Jack (Henry Selick, 1993) est légèrement évoqué tout comme certaines productions Disney et notamment celles de la branche Touchstone. Puis c'est l'heure du réhaussement définitif: Le Roi Lion. Pour ce film, Katzemberg s'investit beaucoup plus que d'habitude, voire peut être trop au vue de ses supérieurs. Des lions sont même montrés aux dessinateurs pour prendre la pose à l'image des faons à l'époque de Bambi (David Hand, 1942).

La Petite Sirène : affiche 

Au départ, les animateurs ne sont pas vraiment emballé par le film, préférant travailler sur Pocahontas (Gabriel, Goldberg, 1995) pensant que ce dernier aurait plus de succès. Rajoutez à cela des chansons signées Elton John et Tim Rice et vous obtiendrez le dernier plus gros carton du studio, que ce soit sur son territoire ou dans le monde avant... 2013. Le film s'arrête sur ce triomphe qui confirmait la rapide renaissance au box-office de la firme créative de Walt Disney. Après cela, on nous précise que Katzemberg est parti du studio, conscient qu'il n'avait plus sa place et faisant une entourloupe au studio, à l'image de Don Bluth en créant son propre studio. Ce qui a provoqué la colère de Michael Eisner qui a fait remonter la pente de Disney, avant de foutre en l'air le studio dans des conditions déplorables. Ce qui fait la richesse de ce documentaire c'est que même au niveau des interviews des protagonistes ou des archives, tout est dit sans langue de bois. C'est pour cela qu'il est à voir absolument, les coulisses de l'intérieur montrées par Hahn étant tout simplement fascinantes. Une sorte de tragédie shakespearienne tant on sent la créativité et le pouvoir dans les faits montrés.

Aladdin : affiche Le Roi Lion : affiche

Un documentaire indispensable pour les fans de Disney et montrant les dessous d'une remontée spectaculaire dans les cimes du succès.

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Commentaires
B
On le voit encore ici. Malheureusement, cela ira bien plus mal par la suite. Quand je vois la décennie 2000-2010 olala!
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2
Comme quoi, c'est toujours mieux de garder des gens d'expérience pour former les nouvelles recrues.
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