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Cine Borat
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17 avril 2020

Made in France #6

"Le cinéma français c'est de la merde !", "J'ai vu machin avec truc, c'était à chier comme tout film français"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 40's ou des 90's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de confinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Le Magnifique (Philippe de Broca, 1973)

18771038

Philippe de Broca et Jean Paul Belmondo c'est une grande histoire d'amour. Ils ont collaboré six fois ensemble, allant du tintinesque Homme de Rio (1964) au bide retentissant que fut Amazone (2000). Le Magnifique est certainement le meilleur film du duo et pourtant son écriture ne fut pas de tout repos. En effet, à la base, le film était écrit par Francis Veber. Sauf que Philippe de Broca trouvait que le personnage féminin joué par Jacqueline Bisset avait besoin de plus d'écriture, ce que ne voulait pas l'auteur du Dîner de con. Les deux en seraient venus à ne plus avoir de contact, suite à l'engagement de Daniel Boulanger (fidèle collaborateur du réalisateur). Veber se serait senti évincé et il n'aurait pas voulu être crédité au générique. Jean-Paul Rappeneau aurait également officié en tant que script-doctor pour étoffer le personnage de Bisset, ce qui se serait avéré concluant. 

Le magnifique (2)

Avec Le Magnifique, Bebel parodiait son image d'homme d'action qu'il commençait à devenir à travers le personnage de Bob Saint Clar, espion over the top et héros créé par l'auteur François Merlin (lui aussi joué par l'acteur). La mise en abyme est évidente et se révèle absolument jouissive, entre excès délirants (les morts pleuvent et le sang gicle, ce qui a amené la censure belge à faire couper plusieurs scènes) et inspirations diverses (la voisine dont il est amoureux devient une espionne également désirée par Saint Clar et son éditeur est le grand méchant). Le Magnifique s'amuse de tout, sans tomber dans le ridicule. Les excès sont voulus et le spectateur y prend rapidement goût. Bebel montre ici ses deux facettes : un homme d'action au top et un grand comédien sachant faire dans l'autodérision.

Le magnifique (3)

Le film analyse également la pression des auteurs dans le monde de l'édition, devant sans cesse faire face aux demandes des éditeurs, quand ce n'est pas le manque d'inspiration qui se présente. Un beau délire qui servira d'inspiration à la version originale de l'excellent Dr Wai (Ching Siu Tung, 1996), autre film où un auteur s'aide de son quotidien pour écrire les aventures d'un aventurier fougueux et amoureux. Bebel laissait alors sa place à Jet Li et Rosamund Kwan incarnait l'équivalent de Jacqueline Bisset. Sachant qu'il existe également un remake officiel sous forme de téléfilm avec Antoine De Caunes et Clotilde Coureau (Bob le Magnifique de Marc Angelo, 1999). 

  • Garde à vue (Claude Miller, 1981)

Garde à vue (3)

Avant de lui faire vivre une mortelle randonnée aux côtés d'Isabelle Adjani, Claude Miller avait mis Michel Serrault en garde à vue en compagnie de Lino Ventura et Guy Marchand. Un film en huis clos se déroulant principalement dans un commissariat, en dehors de courts flashbacks se déroulant dans la maison de Serrault et où l'on peut voir notamment la chanteuse Elsa Lunghini. Un projet qui arrive à point nommé pour le réalisateur, dont tous les projets avaient échoué depuis l'échec commercial de Dites-lui que je l'aime (1977). Costa Gavras et Yves Boisset avaient refusé de réaliser le film et le producteur Georges Dancigers s'était alors rabattu sur le réalisateur de La meilleure façon de marcher. Le film repose en grande partie sur les dialogues signés par un Michel Audiard beaucoup plus sérieux qu'à son habitude (un peu moins de punchlines et un contexte qui ne permet pas trop cela non plus).

Garde à vue (1)

 

Des dialogues où l'on ressent une tension de plus en plus flagrante à mesure que la garde à vue se prolonge, qu'elle vienne de l'inspecteur Marchand ou du suspect Serrault.  A cela se rajoute le témoignage troublant d'une Romy Schneider qui trouvait un de ses derniers rôles marquants. Des coups de théâtre qui fonctionnent et perdent le spectateur tout comme le personnage de Ventura. Claude Miller perd tout le monde dans un dernier élan, montrant toute l'imprévisibilité du métrage. (attention spoilers) Les révélations finales mettent à mal toute la perception que pouvait avoir le spectateur de ce qui a été dit avant. Si Serrault ne s'est pas attaqué à cette victime, est-ce que ce que dit sa femme est totalement faux ? Rappelons au passage qu'il s'est reconnu coupable d'un crime. Ce qui rend le final encore plus déstabilisant et mémorable. (fin des spoilers

Garde à vue (2)

En sachant qu'il existe une autre adaptation du roman Brainwash (John Wainwright, 1979) réalisée par Stephen Hopkins (2002), avec Gene Hackman, Morgan Freeman, Monica Bellucci et Thomas Jane en lieu et place de Serrault, Ventura, Schneider et Marchand.

  • Les amants du Pont-Neuf (Leos Carax, 1991)

Les amants (1)

Leos Carax s'est refait une réputation avec Holy motors (2012). Mais fut un temps, il était à la tête d'un gouffre financier qui a failli lui coûter sa carrière. Le making-of des Amants du Pont-NeufEnquête sur un film au dessus de tout soupçon (Olivier Guiton, 1991), s'avère être un sacré morceau, montrant une production absolument chaotique. A l'époque, Leos Carax est le réalisateur de Boy meets girl (1984) et de Mauvais sang (1986), films qui lui ont permis de rencontrer Denis Lavant et Juliette Binoche (qui deviendra la compagne de Carax). Des métrages qui n'ont pas forcément eu une large audience (131 042 et 504 803 entrées), mais qui ont été remarqué au point que Carax sera considéré (de manière positive ou négative) comme "un réalisateur du look", tout comme Jean-Jacques Beineix et Luc Besson.

Les amants (2)

Alors que Les amants du Pont-Neuf devait être un petit film à l'image de son premier long-métrage, le projet va prendre des proportions spectaculaires dès lors qu'il sera question de ne plus tourner à Paris. En effet, Lavant se blesse au pouce en réparant une chaussure, entraînant une suspension de tournage, puis l'arrêt des prises de vues à Paris, puisque la ville ne veut pas laisser continuer le tournage au delà des dates envisagées initialement. Il est donc prévu de tourner dans un décor reconstituant le Pont-Neuf et ce qu'il y a autour... aux alentours de Montpellier. Mais l'argent manque. Les producteurs se succèdent et partent en courant. Le décor reste en suspens en attente d'argent pour le construire définitivement. Une tempête finit par le détériorer.  Puis Christian Fechner vient sauver les meubles en payant les droits et les dettes récoltées par les anciens producteurs et en rajoutant ce qui manque.

Les amants (4)

Au final, trois ans de tournage, une rupture sentimentale, l'équivalent de 22 millions d'euros de budget et des entrées qui n'aident pas à couvrir les frais (867 197). On peut d'office se demander si mettre autant d'argent dans une histoire mettant en scène des sans-domicile-fixe n'est pas exagéré. De même, on voit le temps qui a passé entre les prises avec les coiffures des acteurs (Lavant commence le film chauve et le finit avec les cheveux courts, Binoche les cheveux longs puis courts). Mais le décor fonctionne pleinement et on ne remarque pas que la plupart des immeubles ne sont en fait que des façades. Idem pour ce qui est des lumières des voitures la nuit (qui sont en fait des ampoules allumées pour simuler le passage des voitures). On se doute également que tourner une partie du film sur un décor fixe fut bénéfique pour pouvoir l'utiliser à toute heure, sans problème de logistique (la circulation parisienne notamment).

Les amants (3)

Les amants du Pont-Neuf est un film qui sent la folie furieuse de partout. De par son gigantisme, sa forme électrique alimentée par David Bowie et un casting survolté, son récit qui s'étale sur plusieurs années et sur deux heures de métrage. Carax nous emmène dans un drame social où la tristesse côtoie la folie, comme la toxicité à l'image de la relation entre les personnages de Binoche et Lavant. En dehors peut-être de certaines scènes spectaculaires comme celle du jet-ski, le film ne montre que la banalité de la vie dehors et le sort que certains subissent entre oubli et désespoir (celui de Klaus Michael Grüber fait froid dans le dos). Puis il y a ce final sous la musique d'Arvo Pärt qui emporte tout sur son passage. Ce qui fait des Amants du Pont-Neuf un film profondément humain et assez exceptionnel dans le paysage français.

Les amants (5)

A la prochaine ! 

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Commentaires
T
Le Magnifique ne m'intéresse guère, pas plus que le film de Leos Carax. Comme Olivier, je ne choisit donc Garde A Vue qui est un excellent film.
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M
C’est toujours un plaisir de lire vos articles ! Je dois avouer que je n’ai pas vu tous les films mentionnés dans celui-ci, parce que je pensais aussi qu’ils n’en valaient pas la peine, mais vous m’avez fait changer d’avis !
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A
je choisis Garde à vue, ne serait ce que pour la confrontation (au sommet) entre Michel Serrault et Lino Ventura
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