26 ans après, ils ressortent de l'Enfer
Un groupe de personnes se retrouvent dans un centre commercial, suite à une invasion de zombies. Ils vont essayer d'y survivre...
Les années 2000 pourrait se résumer en un mot: remake. Un phénomène venant essentiellement d'Hollywood, avide de fric facile, sans inspiration et permettant de refaire des franchises. Ainsi, on a eu droit à tout et surtout n'importe quoi, en partie dans le cinéma d'horreur. L'espagnol Rec aura droit à En quarantaine et sa suite (qui serait encore pire d'après Mad Movies), Freddy Krueger reviendra faire peur aux teenagers dans une suite au remake de l'année dernière (je sais, faut suivre)... A vrai dire, en dehors de minimes exceptions, la plupart sont de qualité médiocre, se résumant souvent de parfait copié collé ou de bouses infâmes et inutiles. L'armée des morts de Zack Snyder, sortit en 2004, est une incroyable surprise.
Pour son premier film, l'ami Snyder s'attaque au Zombie de Romero, probablement le chef d'oeuvre du cinéaste devant La nuit des morts vivants. Un pari très risqué. Le plus étonnant c'est qu'Universal ait donné autant de moyens à un premier film, même si remake et zombies sont souvent synonymes de lucratif. Il s'offre également un casting solide: Sarah Polley, Ving Rhames, Jack Weber, Mekhi Phifer, Ty Burrell et Michael Kelly. Malgré une mention Rated ou interdit aux moins de 16 ans chez nous; le film fera un tabac aux States et sensation au Festival de Cannes, où il était présenté hors compétition. Le mythe Snyder était né, bientôt engagé par la Warner.
L'armée des morts a le mérite d'être clair dès les premières minutes: ce n'est pas un remake à proprement parlé de Zombie. Il ne reprend que le décor du centre commercial, ce qui permet une certaine originalité. De ce fait, Snyder évite de nous refourguer la même soupe. On y voit une femme, dont le mari s'est fait mordre par la gamine d'en face. Devenu un zombie, il s'attaque à sa femme, qui ne tardera pas à sortir de sa maison. Une fois dehors, elle découvre un monde ravagé. L'expression "quand il n'y a plus de place en Enfer, les morts reviennent sur Terre" prend tout son sens, tant le chaos est présent, avec des maisons enflammées et des zombies courants partout.
On retiendra également cette scène caméra embarquée sur la voiture. Différents personnages se rajoutent: un gay, des pecnos, des agents de sécurité, un flic et 2 couples. Leurs nerfs vont être mis à rudes épreuves, surtout que l'invasion zombiesque est toujours plus envahissante jour après jour. Certains montrent même des signes de paranoÏa, notamment le trafiquant de drogue voulant à tout prix faire accoucher sa femme morte (donc zombie). Si Snyder n'utilise pas de ralentis, ni de critique sociale, il donne au film un ton fun comme c'est pas permis. Très amusante la scène, où les protagonistes font une séance de tirs sur des zombies.
Ainsi, Burt Reynolds se fera dégommé. ^^ Le dernier quart d'heure donne également son lot de bonnes choses, avec des zombies affamés. Les maquillages sont d'ailleurs très bien faits. Par ailleurs, alors que la fin nous laissait un petit espoir de survie, le générique de fin en camescope nous montre une toute autre image. Comme Danny Boyle 2 ans plus tôt, Snyder montre des zombies sprintant tel Ussain Bolt (Borat connaît l'athlétisme quand même, pas totalement ignare). Les acteurs ne sont pas sensationnels, juste bons, ce qui est quand même dommage.
Un remake étonnant et très prenant.
La critique d'Alice In Oliver:
L'armée des Morts est le remake de Zombie, second film de la Trilogie des Morts, réalisée par George A. Romero.
Evidemment, un tel remake s'annonce difficile. L'oeuvre originale reste un film culte, et probablement le meilleur ouvrage de Romero, après la Nuit des Morts Vivants. Certes, encore une fois, faute d'imagination et de créativité, la machine Hollywood se tourne vers le remake, mais les producteurs ont l'intelligence de faire appel à Zach Snyder.
Le piège est alors de sombrer dans la redite ou dans la mauvaise séquelle. Toutefois, Zach Snyder propose un film bien différent de la version originale.
Pour cela, le cinéaste choisit de montrer un monde apocalyptique, plongeant peu à peu dans la guerre, le chaos et l'incompréhension.
Attention, SPOILERS !
Ana (Sarah Polley) mène une existence paisible avec son mari et sa fille. Mais une étrange contamination transforme sa petite famille en monstres sanguinaires et assoiffés de chair humaine. Sarah échappe de peu au massacre.
Mais très vite, c'est la ville toute entière qui est infestée de zombies. Avec l'aide d'un policier et d'autres citoyens, Ana se réfugie dans un centre commercial.
Malheureusement, ce nouvel abri est bientôt envahi par des morts vivants.
A partir de ce scénario simpliste, Zach Snyder exploite son décor à merveille, proposant quelques séquences d'anthologie.
On retiendra notamment la fuite de nos protagonistes dans deux camions blindés, et attaqués par une véritable armée de zombies.
Pour Zach Snyder, c'est aussi l'occasion de montrer son savoir-faire. Sur ce sujet, pas de souci, le film délivre largement la marchandise.
Au moins, on ne s'ennuie jamais, le rythme du film étant assez soutenu. Ensuite, L'Armée des Morts a également le mérite de se concentrer sur ses protagonistes. Il règne dans ce remake une vraie ambiance de fin du monde.
Pour nos héros, il s'agit de trouver le nouvel Eden, un endroit où ils pourront vivre en paix, et donc, à l'abri des zombies.
Toutefois, malgré d'indéniables qualités, L'Armée des Morts n'est pas exempt de défauts. La critique sociale est étrangement absente.
Zach Snyder oublie (volontairement ?) toute dénonciation de la société de consommation. Visiblement, le but est avant tout de proposer un film gore et bourré d'action. Pour le reste, ce remake pourra revoir sa copie.
En effet, certaines séquences d'action sont un peu inutiles et/ou soporifiques. Par exemple, la scène du bébé zombie, défendu par son paternel, est assez quelconque et ne sert en rien l'intrigue du film.
Mais ne boudons pas notre plaisir, L'Armée des Morts reste un remake efficace. Par exemple, la fin est vraiment réussie.