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12 mai 2012

Les hommes sont devenus les esclaves des singes !

POTA

genre: science fiction 
Année: 1968
durée: 1h50

l'histoire: Egaré dans l'espace-temps, un engin spatial américain s'écrase sur une planète inconnue. Les astronautes Taylor, Landon et Dodge découvrent que les hommes primitifs de cette planète sont placés sous le joug de singes très évolués.

la critique d'Alice In Oliver:

La Planète des Singes, réalisée par Franklin J. Schaffner en 1968, fait partie des classiques de la science fiction.
Il s'agit également de l'adaptation d'un roman homonyme de Pierre Boule. Mais la Planètes des Singes trouve aussi son inspiration dans un épisode de la série la Quatrième Dimension, La Flèche dans le Ciel.

En effet, cet épisode raconte l'histoire de trois astronautes qui atterrissent sur un astéroïde désertique. Sur place, nos héros découvrent un endroit terriblement austère. Pour survivre, le personnage principal tue ses camarades et vole leur ration d'eau. L'astronaute sombre peu à peu dans la folie.
A la fin de l'épisode, il découvre l'effroyable vérité: sa navette ne s'est pas posée sur un astéroïde, mais sur la Terre.

 

POTA 3

C'est donc cette histoire qui va inspirer le scénario de la Planète des Singes, qui reprend peu ou prou les mêmes éléments.
Attention, SPOILERS ! Trois astronautes traversent l'espace/temps et atterrissent sur une planète inconnue.
Dès leur arrivée, ils sont attaqués par des primates et découvrent que l'homme est un être primitif, destiné à devenir l'esclave de singes très évolués.

Seul Taylor (Charlton Heston) survit, mais l'astronaute se montre différent de ses semblables. Contrairement à ses congénères, il fait preuve d'intelligence. Il sait parler et écrire. Ce qui ne manque pas d'interroger quelques primates scientifiques, curieux de connaître leurs origines profondes.
C'est d'ailleurs la trame de l'histoire.

A partir de ces différents éléments, Franklin J. Schaffner signe un film de science fiction profondément pessimiste.
Rappelons que le film a été réalisé en 1968, dans un contexte de menace nucléaire. Ici, l'homme est décrit comme une bête sauvage, tout juste bon à se détruire lui-même. De ce fait, il est redevenu un être primitif, incapable de communiquer.

La Planète des singes : Photo

Cette version de 1968 a une vraie dimension religieuse. Ici, la croyance est utilisée comme un outil de propagande politique, fermé face au savoir, à la science et à la vérité. Taylor devra sans cesse s'expliquer sur ses origines.
Pour les singes, un homme ne peut être intelligent. En un sens, Taylor symbolise une peur profondément ancrée dans le passé lointain des primates.
Pour Schaffner, c'est une façon comme une autre de critiquer notre société moderne, qui vit sans cesse dans la paranoïa et la peur de ce qui est différent.

Schaffner engage le spectateur à prendre fait et cause pour le combat de son héros principal, donc, Taylor, un personnage à la fois attachant et macho. C'est aussi un héros en quête de découverte.
En un sens, ce saut temporel apparaît ici comme un voyage initiatique, au bout duquel Taylor finira par découvrir l'horrible vérité.
En résulte un classique de la science fiction, un véritable bijou du genre, qui engendrera de nombreuses suites (quatre au total), sans compter une série, un remake foireux et un préquelle sorti en 2011.

La critique de Borat

Au début des 60's, le cinéma de science-fiction est peu estimé par la presse, voire ridiculisé. Montrée comme une exutoire pour les spectateurs plus que comme des oeuvres pouvant les questionner, la science-fiction va commencer à s'imposer par des oeuvres sortant du lot jusqu'au point que nous connaissons. A l'origine de La Planète des singes, il y a Pierre Boulle auteur français à l'origine du Pont de la rivière Kwai (1952). Un héros de guerre devenu écrivain et s'aidant de ses multiples voyages à travers le monde pour écrire (le roman suscité se base sur son expérience durant la Seconde Guerre Mondiale). A la suite d'un voyage en France, le producteur Arthur P Jacobs désire un film à la King Kong et se voit proposer le roman La Planète des singes alors qu'il n'était pas encore publié (1963). A partir de là, le producteur fera tout pour lancer un projet d'adaptation au grand étonnement de Pierre Boulle, cherchant divers studios sans succès avant que la Fox daigne répondre à sa requête. Boulle participe à une première version sans succès et c'est avant tout Rod Serling (le créateur de La quatrième dimension) et Michael Wilson (alors blacklisté à cause du Maccarthysme) qui se chargent du scénario.

POTA 1

L'orientation du projet est de faire une adaptation libre, tout en gardant des éléments communs (des astronautes débarquent sur "la planète des singes", les humains ne parlent plus, les Hommes esclaves des Singes, Zira, Nova, Zaïus et Cornélius). J Lee Thompson (Les canons de Navarone, Les nerfs à vif) doit réaliser le film dans un premier temps, mais se retire quand le projet commence à patiner. Le réalisateur prendra sa revanche en signant les deux derniers volets de la franchise initiale (La Conquête... et La Bataille de la Planète des singes, 1972-73). Blake Edwards ne restera pas longtemps non plus et c'est Franklin J Schaffner qui héritera du bébé. Un réalisateur encore assez méconnu à l'époque qui signera par la suite Patton (1970) et Papillon (1973). Le projet avance particulièrement bien quand Charlton Heston devient le rôle principal. Une aubaine car il a déjà été dirigé par Schaffner dans Le seigneur de la guerre (1965). Le film peut également compter sur le maquilleur John Chambers (oscarisé pour l'occasion et immortalisé sous les traits de John Goodman dans Argo), dont les maquillages des singes resteront dans les mémoires. 

planete_des_singes_planet_of_the_apes_1967_reference

C'est même l'une des prouesses de la première partie de la saga (et même du remake de Tim Burton dans un certain sens). Bien que l'on sait que ce sont des maquillages, les acteurs (dont Roddy McDowall et Kim Hunter) jouent si bien que l'on y croit et les maquillages tiennent vraiment la route encore aujourd'hui (même si ceux du film de Burton seront plus précis avec des moyens supérieurs). Outre les maquillages, le film peut s'imprégner d'une imagerie familière (l'Ouest des USA), tout en donnant lieu à un aspect futuriste assez singulier. Le roman montre une existence des Singes plus moderne avec des immeubles ou la société de consommation, là où le film se rapproche davantage des premiers temps de la civilisation avec d'un côté les Singes et de l'autre leurs esclaves qui sont les Hommes. Schaffner se permet une longue introduction (un peu plus de trente minutes), rendant le pot aux roses d'autant plus grand. Le spectateur apprend en même temps que Taylor (Heston) et ses comparses (Robert Gunner et Jeff Burton) que cette planète est dirigée par des singes et que les humains sont désormais muets et particulièrement primitifs. Des sortes d'hommes préhistoriques en fin de compte. 

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Dès lors, Schaffner offre un portrait assez ahurissant, mettant l'Homme au pilori face à un futur potentiel où il est confronté à son propre comportement. Si le Singe est ainsi avec l'Homme c'est aussi parce que ce dernier le maltraitait autrefois et qu'il en paye les conséquences. (attention spoilers) Schaffner va même plus loin que le roman (qui finit à peu près de la même manière que le film de Burton) en questionnant directement le spectateur sur le vif. Les Singes suggèrent plus ou moins durant tout le film que l'Homme s'est en soi tué lui-même, qu'ils ne sont que des sauvages voués à s'entretuer. Le dernier plan tend à le confirmer. C'est un des plans les plus iconiques du cinéma et tout le monde l'a déjà vu une fois sans même avoir vu le film. C'est bien sûr ce travelling montrant Taylor et Nova (Linda Harrison) face à une moitié de Statue de la liberté dans le sable. La cause potentielle ? Le nucléaire. Le discours de Taylor va dans ce sens : ils les ont fait sauter leurs bombes. Le film a été tourné en 1967 alors que la Guerre Froide était quasi-omniprésente et pourtant il a toujours une résonance actuelle. Non seulement car le film se situe en 3978, montrant que tout est possible, mais aussi parce la problématique nucléaire est toujours présente de nos jours. 

POTA 2

Ce qui fait de La Planète des singes un film merveilleusement intemporel. Schaffner ne laisse quasiment aucun espoir en fin de film et ce ne sont pas les autres films de la franchise qui manqueront de le confirmer (en dehors peut être de La Bataille...). Le réalisateur montre également que tout n'est pas idylique du côté des singes. Les Gorilles sont montrés comme des militaires bêtes à bouffer du foin et n'ont pour seul but de chasser l'humain. Les Chimpanzés sont les plus pacifiques mais n'arrivent pas à s'imposer. Ils sont également trop curieux comme on peut le constater avec Zira (Kim Hunter), Cornélius (McDowall) et Milo (Lou Wagner), vus d'un mauvais oeil par Zaïus (Maurice Evans). Il y a d'ailleurs une certaine ambiguité chez Zaïus. D'un côté, il se révèle très protecteur de ses semblables voulant leur éviter un destin funeste. De l'autre, sa surprotection engendre un effet dictatorial pesant qu'il convient de transgresser. D'autant que ce sont les orang-outans qui s'occupent de la politique. Taylor se retrouve donc un contexte politique finalement plus instable que ses instigateurs le pensent et qui risque fortement d'exploser tôt ou tard. Les Singes font finalement les mêmes erreurs que les Hommes, ce qui reviendra quotidiennement au cours de la franchise jusqu'au reboot. (fin des spoilers)

Si La Planète des singes marque encore les spectateurs, c'est en grande partie grâce à ses thématiques toujours aussi pertinentes de nos jours.


BANDE ANNONCE 1 LA PLANETE DES SINGES 1968 STEFGAMERS


 

Article mis à jour le 1er août 2017.

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Commentaires
A
oui, encore une fois, la fin est absolument géniale: un vrai uppercut en pleine poire !
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S
Autant un classique que culte, ce film en avance sur son temps (enfin surtout le livre !) est un vrai chef d'oeuvre... Et mon dieu cette fin !... 20/20
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B
Montrer ce qui arrive à Heston tout simplement.
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A
perso, je trouve la fin géniale. Je ne vois vraiment pas ce que le film aurait pu dire de plus
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B
Je pense que Fleischer aurait dû montrer l'aliénation de Heston puis qu'il aurait fini en soleil vert. Cela aurait été davantage violent. La fin de La Planète des singes montre au contraire que nous ne sommes pas sur une autre planète mais bel et bien sur Terre et que l'Homme est responsable de sa propre mort. Là le message est clair. Là j'ai l'impression que ça arrive comme un cheveu sur la soupe.
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