Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Cine Borat
Archives
Cine Borat
  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Derniers commentaires
21 février 2014

Et la Belle rencontra la Bête...

belle et b

Genre: fantastique
Année: 1946
durée: 1h35

L'histoire: Pour l'offrir à sa fille, le père de la Belle cueille, sans le savoir, une rose appartenant au jardin de la Bête, qui s'en offense. Afin de sauver son père, la Belle accepte de partir vivre au château de la Bête.  

La critique d'Alice In Oliver:

A l'origine, La Belle et la Bête, réalisé par Jean Cocteau en 1946, est l'adaptation d'un conte de fées écrit par Madame Le Prince de Beaumont. A la fin de la Seconde Guerre Mondiale, Jean Marais propose un film à Jean Cocteau qui s'inspirerait de ce même conte.
L'écriture du script se met en place, en sachant que Cocteau s'inspire également d'une pièce de théâtre d'Alexandre Arnoux. En dehors de Jean Marais, le long-métrage réunit Josette Day, Michel Auclair, Mila Parély, Nane Germon et Marcel André.

A la base, pour interpréter la Bête, Jean Marais voulait revêtir la tête d'un cerf mais l'idée sera finalement rejetée. Pour l'anecdote, c'est le chien de l'acteur qui servira de modèle pour la confection du visage du monstre. Il fallait environ trois heures pour fixer le masque de la Bête, et une heure pour disposer chaque griffe. Les dents du monstre étaient accrochées à celles de l'acteur par de petits crochets, ce qui n'était pas très pratique pour manger.
Au moment de sa sortie, le film remportera un immense succès et sera très bien accueilli par le public.

belle-et-bete

Mieux encore, La Belle et la Bête peut se targuer d'appartenir aujourd'hui aux grands classiques du cinéma français. Attention, SPOILERS ! A la campagne vit un marchand au bord de la faillite avec ses quatre enfants : un fils, Ludovic, et trois filles, Félicie, Adélaïde et Belle.
Deux de ces filles sont égoïstes et ont un mauvais caractère. Elles traitent leur sœur, Belle, comme une domestique.
Un jour, le père part en voyage d'affaires. Avant de s'en aller, il promet à ses filles de leur rapporter des cadeaux.

Pour Félicie et Adélaïde un perroquet et un singe, ainsi que des bijoux, et pour Belle une jolie rose. En route, il s'égare dans une forêt où il trouve un château étrange. Après y avoir passé la nuit, il y remarque une rose qu'il décide de prendre pour Belle.
C'est au moment où il la cueille qu'apparaît le propriétaire du château, un monstre doté de pouvoirs magiques. La Bête condamne le marchand à mort, à moins que ce dernier ne lui donne une de ses filles. Belle accepte de se sacrifier et s'en va vers le château.

la-belle-et-la-bete-1946-8238-1310736113

Au niveau du scénario, le film n'est pas sans évoquer non plus le conte de Cendrillon. Ici, la Bête doit vaincre une terrible malédiction. Cocteau insiste notamment sur la puissance des regards. Indéniablement, La Belle et la Bête reste un film atypique dans le cinéma français.
Les décors du film sont vraiment sublimes. Le spectateur est plongé dans un conte à la fois étrange, sombre, gothique et onirique. Nul doute que ce long-métrage a inspiré plusieurs générations de cinéastes, entre autres, David Lynch ou encore Tim Burton.

L'air de rien, le film a une forte connotation sexuelle. La Bête est une métaphore de l'instinct sexuel dans toute sa virilité. L'homme est donc un animal impulsif qui doit apprivoiser son instinct primal face à la beauté et à la féminité, ici incarnées par Josette Day.
Impossible de ne pas y voir non plus une variation de Docteur Jekyll et Mister Hyde, Avenant et la Bête représentant eux aussi les deux faces d'une même nature. La seule différence, c'est que Avenant a apprivoisé ses démons intérieurs.
En ce sens, la Bête représente bel et bien la laideur. Pourtant, le monstre sera appelé à évoluer et à devenir un animal social. Comment ne pas y voir ici une métaphore de l'homme moderne ? Bref, un tel film mériterait sans doute un plus grand niveau d'analyse. Mais ne l'oubliez pas, vous êtes sur Ciné Borat !

La critique de Borat

Il est incroyable de voir à quel point le cinéma de genre français est devenu difficile à produire de nos jours. On en vient à regretter les grands maîtres comme Jean-Pierre Melville ou Philippe de Broca qui en faisait autant et avec un succès indéniable. Aujourd'hui dès que ça ne marche pas pour quelques films, on stoppe ce genre de choses. A l'heure où la version de Christophe Gans semble bien marcher (plus de 500 000 spectateurs c'est plus que bien surtout pour ce type de cinéma si dénigré en France), revenons sur La Belle et la Bête de Jean Cocteau, classique de l'après-guerre par excellence. L'idée vient initialement de Jean Marais qui a proposé à son compagnon d'adapter le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont (tout en s'inspirant davantage d'une pièce de théâtre s'inspirant du conte d'Alexandre Arnoux) ou La chatte blanche de Marie Catherine d'Aulnoy. De ce dernier, il a gardé le fait que les domestiques n'ont plus que leurs bras pour s'exprimer suite au sortilège de la fée (et non sorcière). Marcel Pagnol devait coréaliser le film mais a préféré partir vu que l'actrice principale Josette Day n'était autre que son ex-femme en devenir à l'époque. En ce qui concerne le visuel de la Bête, une tête de cerf a d'abord été évoqué mais Cocteau a préféré éviter le ridicule.

Néanmoins, le masque nécessita au moins trois heures de maquillage et une heure pour chaque griffe, sans compter que Jean Marais fit de l'eczéma à cause de son masque. Cocteau était aussi sujet à des problèmes de santé, manquant de mourir. Outre ces problèmes personnels, La Belle et la Bête a aussi subi les affres de l'après-guerre: pellicule rare, pannes d'électricité, difficultés de trouver différents tissus... Au final le film sera couronné de succès et en étant la première adaptation du conte, est devenu la référence des différentes adaptations et difficile de passer après. Des décennies après sa sortie, La Belle et la Bête s'impose toujours comme un pur chef d'oeuvre de féérie manquant cruellement au cinéma français depuis bien longtemps. Le générique est assez malin, nous montrant les différents noms annotés chronologiquement à la crait, ce qui change littéralement de tous ces livres qu'on ouvre face caméra (ce qui est le cas par exemple de la version de Gans). Nous voyons ensuite le portrait familial avec le père, son fils et ses filles. Contrairement à la version Disney, Belle n'est donc plus fille unique et son quotidien est ici différent. Elle subit les affres de ses soeurs aussi coquètes que pénibles et la prenant pour une moins que rien. Dans le Disney on peut voir que ces soeurs se sont métamorphosées en conquêtes de Gaston, quant au fils il est totalement inexistant.

Pour ce qui est du prétendant de Belle il est également incarné par Jean Marais, ce qui lui a permis de se sortir des oripeaux de la Bête. Un être prétentieux et jaloux, n'acceptant pas le nouvel amour de Belle, un prince condamné à la laideur par des fées. Evidemment, si la Bête se montre dans un premier temps très agressif avec la jeune femme, il finit par accepter sa présence et en tombe éperdument amoureux. Au contact de Belle, il commence à changer, acceptant sa condition pour elle. Cocteau impressionne par la beauté de son film qu'elle soit scénaristique ou visuelle. Le processus d'acceptation de la Bête est complexe, Belle voyant directement en lui une âme en peine se cachant derrière une agressivité d'homme aigri par le temps passé dans cette apparence. La Bête est franchement superbe et ce malgré les aléas du maquillage. Elle est vraiment superbe et provoque l'aura du freak, cet être rejeté cher à des réalisateurs comme Tim Burton. D'ailleurs, les autres versions live arriveront difficilement à faire aussi bien, y compris la dernière version avec Vincent Cassel. Indémodable tout simplement. De plus, la voix de Marais donne un charme unique à la Bête, lui donnant un air caverneux légitime compte tenu du fait que la créature est cloitrée depuis des années dans ce château.

Une adaptation sublime et véritable chef d'oeuvre du cinéma français de genre. 


BANDE ANNONCE LA BELLE ET LA BETE 1946 par STEFGAMERS

Publicité
Commentaires
S
Chef d'oeuvre absolu, Cocteau a su parfaitement mettre en image sa vision des choses, la vraie poésie du conte aux sens le plus merveilleux... 20/20
Répondre
V
Un classique incontournable.
Répondre
A
Un grand classique du cinéma français et du cinéma tout court !
Répondre
A
à borat: je confirme ce que dit Yvonne !
Répondre
P
« Ce visage de l’écriture étant somme toute mon vrai visage. L’autre une ombre qui s’efface. Vite que je construise mes traits d’encre pour remplacer ceux qui s’en vont » écrivait Cocteau au lendemain du tournage de « La Belle et la Bête ».
Répondre
Publicité