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Cine Borat
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14 octobre 2013

Seriez-vous prêts à tout pour retrouver votre enfant?

Deux enfants disparaissent, une caravane est dans le coin, l'enquête n'avance pas, les recherches n'aboutissent à rien et un père risque d'aller beaucoup trop loin dans sa quête de vérité...

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Avec un casting réunissant Hugh Jackman, Jake Gyllenhaal, Maria Bello, Terrence Howard, Viola Davis, Paul Dano et Melissa Leo; Prisoners (Denis Villeneuve, 2013) avait déjà de gros atouts pour convaincre. Mais ce n'est rien à côté du produit final qui dépasse largement le petit thriller sympa et assez bien construit pour tenir jusqu'au bout. Prisoners renvoie à une race de thrillers qui tapent littéralement là où ça fait mal. Dans un sens, il rappelle les ambiances des deux meilleurs crus des années 90 (et jamais dépassés jusqu'à maintenant), à savoir Le silence des agneaux (Jonathan Demme, 1991) et Seven (David Fincher, 1995). Alors certes Prisoners n'est pas aussi puissant que ses aînés mais dans sa tonalité, le film de Villeneuve n'en est pas tellement loin. Déjà et c'est une chose assez rare de nos jours, les différentes bandes-annonces ne montrent qu'une petite partie du film. Le film accumule les rebondissements de manière spectaculaire, prenant à revers plus d'une fois le spectateur, habitué à découvrir les réponses à mi-parcours. Plus qu'une histoire banale d'enlèvement, Villeneuve nous emmène dans un énorme labyrinthe où la plupart des personnages ne vont cesser de s'y perdre. La palme revient au père (Jackman) qui ne va pas cesser de tomber plus bas dans la déchéance.

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(attention spoilers) Dès les premières secondes, on sait le personnage de Jackman profondément croyant, priant avant la chasse, fêtant avec délicatesse Thanksgiving et écoute la radio sainte. Par la suite, avant de s'en prendre au suspect numéro 1 (Dano), il priera en vue d'expier les péchés qu'il compte effectuer. Le retour de sa fille constitue une sorte de croisade où il faudra dézinguer le suspect numéro 1 de manières psychologique et physique afin de lui soutirer des informations. Cela passe par les coups (quand Viola Davis enlève le drap couvrant sa tête, il y a de quoi voir toute l'horreur de l'Homme face à ses pulsions) à la torture sous l'eau chaude. Mais surtout, sa croisade finira par le mener nulle part, le suspect n'étant qu'un suspect parmi tant d'autres. La morale du père va alors lui sauter à la figure, au point que son acte n'a plus rien de logique et il est toujours difficile d'avouer ses erreurs. A vrai dire, l'affaire d'enlèvement présente rappelle à notre subconscient que l'on peut être quelqu'un de totalement normal et qu'une fois qu'un événement dramatique survient, devenir le pire de tous les hommes. 

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Par ailleurs, pour nous francophones, ce genre d'affaires nous ramène à celle du petit Gregory, où un simple élément (la libération du suspect numéro un) avait déclenché une folie furieuse (le père l'avait tué à coup de fusil). Une affaire comme une autre pour démontrer que l'histoire de ce film peut être totalement réaliste. A cela on peut rajouter une atmosphère poisseuse où Le silence des agneaux (le passage dans le sous-sol du prêtre fait froid dans le dos, comme la simple vision d'un trou augurant du suspence comme de la peur au spectateur) et Seven (mystère complet autour du tueur avant les dernières minutes, une enquête qui piétine et surtout cette neige abondante remplace la pluie du film de Fincher) se côtoient. Le portrait du policier incarné par Gyllenhaal est également d'une puissance implacable. Face à une hiérarchie gangrénée par le manque de moyen (la sortie du suspect numéro un en est la preuve la plus probante) et à un manque de preuves pour le moins gênant, il va être confronté à une affaire qui va petit à petit le dépasser. Au point lui aussi de ressortir une violence physique de plus en plus virulente. Au contraire du père, il ne nous est pas montré comme sympathique, Villeneuve dévoile un personnage pour le moins cynique (cf sa discussion avec la serveuse) et très peu coopératif (ses réactions vis à vis de Jackman le prouvent).

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Mais petit à petit, Villeneuve va inverser les rôles au point de rendre les deux personnages aussi faillibles l'un que l'autre. Le premier dans sa volonté de croire que celui qu'il a face à lui est le kidnappeur de sa fille, l'autre dans sa violence refoulée atteignant son paroxisme dans un suicide rappelant celui de l'ouverture de The Pledge (Sean Penn, 2001). L'un est devenu aussi sombre que le kidnappeur qu'il pourchasse (cf les revendications de ce dernier), l'autre devenant un héros alors qu'il n'y croit pas lui-même. Pas besoin de réalisation qui en fait des tonnes avec notamment des jump scares quand on est proche d'un élément dégueulasse, l'horreur qui germe dans les personnages étant suffisante. Au point d'interroger le spectateur sur ce qu'il ferait s'il était confronté à une histoire aussi extrême. "L'Homme est un loup pour l'Homme" ne l'oublions pas. (fin des spoilers) De plus, le réalisateur peut également compter sur un casting irréprochable. Jackman signe une performance que l'on attendait au moins depuis The fountain (Darren Aronofsky, 2006). Sur le plan de l'émotion, c'est son rôle le plus chargé et complexe depuis le film d'Aronofsky et tant mieux. Quant à Gyllenhaal, il s'avère impeccable et signe une prestation assez inhabituelle, lui qui a l'habitude de jouer les héros ou personnages quelque peu gentillets. Preuve en est dans la scène d'interrogatoire où il pète littéralement un cable avec une furiosité rare. Signalons tout de même que Villeneuve signe une des poursuites les plus tortureuses de ces dernières années, à l'image de celle de La nuit nous appartient (James Gray, 2007), où le handicap d'un des personnages crée un suspense redoutable. 

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Un thriller qui mène le spectateur comme ses personnages dans leurs derniers retranchements, avec un sens du détail absolument monstrueux.

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Commentaires
S
Excellent thriller en effet, cela faisait bien longtemps qu'on avait pas eu un tel niveau dans le genre... 16/20
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B
Plusieurs films m'ont tapé dans l'oeil mais les trois là réellement en particulier. En revanche juste derrière il y a Cloud Atlas.
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A
dans ton top 3? Ah oui, quand même...
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2
Dommage que le dernier acte soit un peu moins intense que le reste (excepté la fameuse poursuite en voiture magnifiquement éclairé par Roger Deakins), car on tenait là un beau chef d'oeuvre.
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A
il m'a l'air passionnant celui là. En tout cas, à la lecture de ta chronique, on peut presque parler d'un coup de coeur
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