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16 octobre 2013

La vie de Clémentine

1994, Nord de la France. Alors qu'elle est encore une adolescente en pleine recherche sexuelle, Clémentine croise le chemin d'Emma, une fille plus âgée qu'elle aux cheveux bleues. Dès lors, ces deux-là ne se sépareront plus et ce malgré les épreuves de la vie...

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Depuis sa présentation à Cannes et surtout la Palme d'or, on n'arrête pas de nous souler (pour ne pas dire le mot commençant par E et finissant par DER) avec La vie d'Adèle. Une lobotomie à la bonne franquette puisque dès qu'il a du succès, le Français se sent obligé de le crier partout et ce pendant quatre mois non stop dans la presse, le net et la télé. J'ai même eu droit à l'affiche placardée partout dans mon campus! Des infos sur le film? En général non, si ce n'est de faire des interviews successives qui vont tourner aux réglements de compte bien vendeurs. En gros et en vulgarisant un peu, cela donne "Léa Seydoux est une sale bourgeoise" dans Télérama et "il s'est excité à me filmer en train de vomir car c'était artistique!" dans Première. Pour avoir lu un grand nombre d'articles dessus, les questions sont tellement rôdées que les intervenants ne peuvent ne pas y aller franco. Au point qu'on oublie qu'au début il y avait une histoire qui n'en demandait pas tant et certainement pas un tel déferlement médiatique qui tâche. Cette histoire c'est Le bleu est une couleur chaude, roman-graphique de Julie Maroh datant de 2010. Une histoire qu'Abdelatif Kechiche a "librement adapté" dixit la couverture du livre et l'auteure dira notamment n'avoir pas été réellement impliqué dans la production du film. Déjà et ce n'est en rien un reproche envers le livre, on se demande comment on peut passer de 155 pages à un film de près de 3h?

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Qu'un pavé comme Watchmen puisse avoir une adaptation aussi longue est légitime, mais là cela relève de la bonne blague. On comprend alors très bien le libellé "librement adapté" surtout que ce n'est pas La vie d'Adèle mais celle de Clémentine. Vraisemblablement c'était trop long comme titre ou alors c'était pour faire bien avec le prénom de son actrice principal. Mais oublions dorénavant cette Palme d'or tellement bruyante pour nous concentrer sur la bande-dessinée rééditée récemment (à l'image du Transperceneige dont l'adaptation sort dans quelques semaines). L'auteure nous embarque dans l'intimité de son héroïne une jeune adolescente de quinze ans que l'on va voir grandir au fil des pages que ce soit dans sa maturité, ses épreuves et surtout ses amours. Clémentine a sa bande de copains, vit son adolescence comme beaucoup, mais personne ne lui tourne autour en dehors d'un certain Thomas avec qui elle finira par perdre sa virginité sans grand effort. Maroh suit son héroïne par un journal intime où elle exprime ses pensées, ses douleurs et surtout son amour fusionnel avec Emma, jeune fille aux Beaux-arts. L'auteure se veut souvent très juste et notamment en ce qui concerne la sexualité de son héroïne.

De plus, la majorité de l'oeuvre se situant durant l'adolescence de Clémentine, les questions quant à l'identité sexuelle s'avèrent légitime, surtout dans cette période où le sexe est plus libéré et notamment via la gay pride que l'on peut voir à un moment. Maroh pointe néanmoins du doigt un certain conservatisme quant à l'homosexualité. Si les parents d'Emma laissent leur fille assumer pleinement sa sexualité, ce n'est certainement pas le cas de ceux de Clémentine. Alors certes une grande partie du roman-graphique se situe dans la fin des années 90, mais ce genre de réactions frontales de parents envers leurs enfants homosexuels existe toujours autant. Nous l'avons vu encore avec les manifestations pour ou contre le mariage pour tous, certains parlant de l'homosexualité comme d'une maladie qu'il faut guérir, sans compter les paroles récentes d'un grand acteur qui commence sérieusement à tituber au niveau de la cafetière. Cela existe malheureusement toujours et en cela, le roman-graphique datant de 2010 est d'une cruelle actualité. Mais outre le fait que ce sont deux filles qui couchent ensemble, c'est surtout un amour fusionel que nous présente Julie Marloh. Un amour qui ne peut se faire sans le consentement réel des deux protagonistes.

Ainsi, dans un premier temps, Clémentine ne se sent pas lesbienne, tout du moins elle ne jure que par cette phrase "une femme ça va avec un homme". Sauf que l'attirance sera mutuelle. L'auteure présente petit à petit l'acceptation de son héroïne quant à sa sexualité. Cela passe par des peines de coeur, des tromperies et parfois par des moyens plus troubles. (attention spoilers) Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la BD nous met tout de suite dans une ambiance pessimiste, à l'image d'American Beauty de Sam Mendes: Clémentine est morte. De quoi? On ne le saura pas avant les dernières pages. L'auteure nous présente donc Emma avec le journal intime de son ex, qui plus est chez les parents. Si la mère se veut beaucoup plus tolérante qu'à la grande époque, le père se veut encore plus cynique. Le desespoir de sa fille ne l'a pas concerné des masses durant la période où elle était au plus mal et n'a finalement rien d'autre à faire que de dénigrer l'amante de sa fille. Que ce soit à cause de son homosexualité et surtout par sa présence qu'il juge néfaste. (fin des spoilers) Pour ce qui est du dessin, il apparaît souvent comme de la pure peinture et est donc un pur bonheur pour les yeux.

Une première oeuvre avec une histoire d'amour forte et posant un portrait d'une adolescente en pleine quête d'elle-même. Pas sûr qu'un film de 3h soit aussi grandiose.

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