Le tueur qui pleure
Une femme se voit protégée par un tueur à gage ayant pour particuliarité de pleurer après chaque crime...
Au cours des années 90, le cinéma de genre français commence à se réveiller. Si les comédies cassent toujours la baraque (il n'y a qu'à voir les cartons des Visiteurs ou Le dîner de cons), le genre français va émerger de manière spectaculaire créativement parlant. On citera les noms de Jan Kounen (Dobermann), Albert Dupontel (Bernie), Christophe Gans, Gaspar Noé (Seul contre tous), Matthieu Kassovitz (La haîne), le duo Jean-Pierre Jeunet/Marc Caro (Delicatessen) et même Luc Besson (même si de ces films de cette période, je n'aime que Léon). A eux, nous rajouterons d'autres réalisateurs qui feront largement la gloire du genre français ressortant des années 90. Gans a commencé comme Nicolas Boukhrieff (réalisateur du Convoyeur) dans Starfix, magazine phare des années 80. Par la suite, il signera un segment de Necronomicon, film à sketchs fait dans la douleur et où il s'est beaucoup investi. Il prendra sa revanche en 1995 avec Crying Freeman, film tourné en anglais entre la France et le Canada et adapté du manga de Kazuo Koike et Ryoichi Ikegami. L'occasion pour lui de faire tourner Mark Dacascos, Tchéky Karyo, Julie Condra (qui deviendra la femme de Dacascos au détriment de devenir actrice) et Yoko Shimada.
Outre le manga, on sent très rapidement les influences asiatiques de Gans à l'image. On le sait, le réalisateur a fondé l'éditeur HK Vidéo au cours des années 90 permettant de promulguer les films de John Woo ou Tsui Hark. On retrouve beaucoup du réalisateur de The Killer dans Crying Freeman. Déjà dans ce dernier de par la dimension romantique qui lie le tueur (Dacascos/Chow Yun Fat) à la femme qu'il protège, même si la romance se veut plus sexuelle chez Gans. Un aspect qui ne plaira pas forcément à tout le monde, Gans faisant parfois dans le film à l'eau de rose sans intérêt. En plus, il n'est pas trop aidé par Condra qui n'est pas franchement convaincante. Ensuite et surtout par le nombre abondant de ralentis. A chaque scène d'action, Gans nous sort le bon vieux ralenti des familles. Esthétiquement ils sont bien faits mais l'utilisation peut vite devenir lassante. Un peu dommage car s'ils étaient moins présents, cela serait moins poussif. Plus que l'influence américaine (plus présente dans ses films suivants). D'autant que les scènes d'action s'avèrent assez efficaces, preuve en est avec celle de l'assassinat du parrain en pleine ville où Dacascos porte un masque. L'acteur, pas réputé pour être justement bon, s'avère ici impeccable.
Comme ce sera également le cas dans Le pacte des loups, l'acteur incarne un rôle ayant peu de dialogues et jouant beaucoup sur le physique. Il incarne le Freeman, ce tueur qui pleure après chaque victime. Gans précise le destin de son héros censé être symbolisé par son tatouage. Il s'agit en fait d'un potier qui a été kidnappé et drogué en vue de devenir un tueur dans une organisation. Mais comme il ne veut pas tuer le témoin qui l'a vu en pleine tuerie et se voit donc contraint de se lever contre ceux qui en ont fait un tueur. Une histoire classique mais suffisament efficace pour titiller l'intérêt. Evidemment, comme il est recherché, on envoie un beau coco venant d'interpol qui est joué par... Karyo bien évidemment. L'occasion pour l'acteur français de nous sortir sa petite gueulante mémorable. Même un peu plus sobre (ce n'est rien à côté de son jeu surexcité et frappadingue de Dobermann), il réussi toujours à faire rire à force de faire dans l'excès. Comme lorsqu'il se tape le grand manitou dans un placard! Une véritable rigolade involontaire et valant son pesant de cacahuètes. Mais bon, c'est ce qui fait aussi le charme de cet acteur.
Un premier film fort sympathique, soutenu par un Mark Dacascos meilleur qu'à son habitude, mais pas non plus une référence.