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Cine Borat
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29 décembre 2013

Prenez votre téléphone et travaillez!

Dans les années 90, Jordan Belfort est devenu un cador de la bourse, alignant culot et avarice à un tel niveau que sa chute n'en a été que plus grande...

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Ce qu'il y a d'incroyable avec ce bon vieux Marty c'est que même là où on ne l'attend pas, il finit par toucher au génie. Il l'avait fait sur son précédent film en transformant un banal film pour enfants en apparence en une ôde à un cinéma révolu mais nécessaire. Avec The wolf of Wall Street il touche à la grâce. Pour être honnête, c'est probablement son meilleur film depuis Casino et ce malgré la bonne tenue de sa filmographie. Il retrouve Leonardo Dicaprio pour la cinquième fois (qui signalons-le retrouve enfin la voix de Damien Witecka en VF ce qui est franchement un bonheur pour les oreilles) et fait appel à Margot Robbie, Jonah Hill, Kyle Chandler, Rob Reiner, Jon Bernthal, Jon Favreau, Matthew McConaughey, Cristin Milioti, Joanna Lumley, Jean Dujardin, Ethan Suplee, PJ Byrne et Shea Whigham. Un casting quatre étoiles pour un film qui se révèle être le plus beau cru de l'année. Le loup de Wall Street aurait pu ressembler à Wall Street d'Oliver Stone, il n'en est rien. Là où Stone montrait le parcours noirci d'un trader trop gourmant tout en restant sérieux, le Scorsese est une immense récréation qui tape avec un cynisme absolument jouissif.

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On se fend clairement la poire devant les exactions de Jordan Belfort (véritable courtier devenu très très riche avant la chute libre) autant que l'on puisse en avoir peur tant ses excès sont monstrueux. Marty réalise un portrait acide de toute une institution gangrénée par la corruption allant des pots de vin aux transactions personnelles, la drogue (la plupart des cocos travaillant pour Jordan, tout comme lui-même, est cocaïnée jusqu'au bout des narines), le sexe (autant dire que Marty ne se gêne pas pour filmer ses actrices et notamment la sublime Margot Robbie dans le plus simple appareil dans de nombreuses séquences débridées à caractère sexuel) et la parlote. Car il faut bien le dire, le scénariste Terence Winter (showrunner de Boardwalk empire, brillante série produite par Marty lui-même) délivre un lot de répliques virulantes avec un cynisme qui relève du grandiose. Cela attaque fort dès le dialogue de sours entre McConaughey et un autre trader rappelant Les infiltrès, puis lors du dîner entre le surfeur renaissant et Dicaprio: "La règle du jeu: prendre l'argent de la poche de ton client pour le mettre dans la tienne!", "La finance c'est du baratin, du bluff, de la poudre aux yeux"

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A cela rajoutez une scène totalement improvisée et hilarante où McConaughey (il est vraiment génial le temps de quelques minutes, au point de se demander réellement comment il a pu passer à côté de sa carrière pendant des années) tape sur son coeur avant de faire un bruit de singe. Ce singe c'est celui qui achète les actions, celui qui écoute un peu trop le baratin des traders avant de demander à sa femme s'il faut sortir le chéquier. Et le pire dans tout cela c'est que cela pourrait être vous le fameux singe. Cela peut commencer par un banal appel et finir avec une méchante banqueroute pour l'actionnaire. Pendant ce temps, un trader sera en pleine coucherie avec une prostituée fraîchement payée entre des rails de coke et du champagne lui dégoulinant sur la gueule! Mais le pire c'est que tout ce film est basé sur des faits réels eux-mêmes dévoilés par le principal intéressé susnommé, ce qui renforce non seulement l'authenticité absurde mais confère aussi  au film une légitimité que n'a pas le film de Stone (aussi bon soit-il). Gordon Gecko est d'ailleurs cité une fois dans le film, comme pour montrer que Jordan est le symbole de toute une époque qui n'est d'ailleurs même pas révolue comme le prouve la crise actuelle. 

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Au final, rien n'a changé depuis le film d'Oliver Stone et le film a le mérite de passer de la fin des années 80 au début des années 2000, prouvant ce constat. Marty et Winter se font également plaisir en mettant en scène le plus possible Dicaprio en plein radotage face caméra, comme dans une sorte de téléréalité: "L'année de mes vingt-six ans, je me suis fait 46 millions de $. Ce qui m'a carrément fait chier c'est qu'à trois prêts, cela aurait donner un million par semaine.", "Je me faisais tellement de fric que je ne savais plus quoi en faire", "Ceci était-il légal? Absolument pas!". Une arrogance verbale de tous les instants et d'une jouissivité à tout épreuve. D'autant que Marty revient à ses récits de gangsters avec narration du personnage principal, d'autant que le récit fait plusieurs fois référence aux Affranchis et à Casino. La scène où Dica est tellement drogué qu'il n'arrive plus à conduire normalement et sa peur affreuse du coup de fil du FBI qui pourrait repérer son manège (séquence délirante qui plus est dans deux versions, une imagée, l'autre bien réelle); et le passage en prison finalement encore plus terrible (on se croirait limite face à une parodie tellement c'est grotesque) rappelent beaucoup Les affranchis.

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Quant au mariage qui finit par tourner au vinaigre, la descente en flèche d'un businessman et même une veste rose de Dica rappelant celle qu'avait Robert De Niro rappelent les grandes heures de Casino. D'ailleurs, Marty ose même les insertions de pubs pour mettre en scène Jordan, notamment l'introduction énorme spot de publicité pour l'entreprise; un extrait de La vie de famille pour montrer l'effet de la drogue; un extrait de Popeye pour une allégorie de l'effet de la coke sur Jordan lors d'un moment crucial; ou encore une spot de pub totalement raccoleur (et donc terriblement drôle) tournant au vinaigre. Outre Dicaprio (vénéneux à souer et anti-héros que l'on aime autant qu'on le déteste), Marty fait également la part belle à un Jonah Hill déchaîné à tel point que ses prestations chez Judd Apatow paraissent fort gentillettes. Il n'y a qu'à le voir sous l'effet de la coke, complètement ravagé de la cafetière et encore mieux, la première fois que Robbie fait son apparition il sort l'ami Popaul en pleine fiesta pour une scène d'anthologie. De plus, ses dents blanches sidèrent au point que l'expression "il raye le parquet" prend tout son sens.

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On lui doit également de belles répliques à l'image de "Vous gagnez combien? 72 000 $ le mois dernier je crois. -Si vous me montrez une fiche de paye avec les 72 000 dessus, je quitte mon job illico et je bosse pour vous. -Tenez!" ou "On bosse pas pour toi mec! -T'as mon fric scotché sur les nibards alors techniquement si". L'ami Dujardin est loin de démériter et contrairement à ce qu'il a pu dire, il apparaît probablement autant que McConaughey et ses passages s'avèrent franchement amusants. Il n'y a qu'à entendre ce dialogue pensée entre Dicaprio et Dujardin pour s'en rendre compte: "Je voudrais surtout savoir si ce putain de suisse ne va pas me baiser. -J'ai très bien compris sale amerloke de merde!". Pour celui qui singeait De Niro il y a quelques années, ce n'est pas rien de tourner chez Marty et on voit qu'il y prend plaisir. La révélation du film est bien évidemment Margot Robbie, véritable femme à poigne qui sait manipuler l'homme en dessous de la ceinture. Très vénéneuse et impitoyable pour notre plus grand plaisir. Par ailleurs, une scène est réalisée avec beaucoup d'effets-spéciaux et c'est probablement l'une des scènes les plus jouissives avec une tempête donnant lieu à un lot de péripéties pour le moins délirantes ("je ne veux pas mourir sobre!")

Dix-huit ans après Casino, Martin Scorsese revient avec fracas sur le capitalisme, dézinguant tout un système avec ce qui fait son beurre: le cynisme. 

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Commentaires
B
Sauf en France!lol
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2
Effectivement, je viens de vérifier sur Imdb, et Universal s'occupe uniquement de l'exploitation à l'international (Royaume Uni, Autriche, Suisse, Allemagne,...).
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B
Euh non uniquement Paramount et un petit studio indépendant Red Dynamite.
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2
L'exception qui confirme la règle on va dire ;)<br /> <br /> Sachant qu'aux Etats-Unis, c'est Paramount et Universal qui sont derrières. Une vraie salade ces histoires d'exploitation, de production et d'édition.
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B
Le plus ironique c'est que Metropolitan est une filiale de Warner France dorénavant. ;) Mais Django était produit par Sony et c'était quand même le mauvais doubleur.
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