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5 octobre 2014

Cuvée Fincher

La Cave de Borat a déjà ouvert ses portes au monde du clip et notamment pour une cuvée spéciale Spike Jonze. A l'heure où Gone Girl est attendu pour mercredi, il était temps de revenir sur les talents de clippeur de l'ami David Fincher. Pas sur toute sa vidéographie, mais le principal sera là. On l'oublie souvent mais Fincher fut un clippeur phare des 80's-90's, le genre qui a réussi à trouver des propositions de long-métrages grâce à ses travaux (à l'image d'Anton Corbijn même s'il s'est mis au long bien plus tard). Je vous avais d'ailleurs montré son clip Who is it pour Michael Jackson en juin dernier, voici donc un petit panel des clips de l'un des meilleurs réalisateurs de la fin du XXème siècle. Fincher a commencé dans le cinéma comme petit génie des effets-spéciaux chez ILM pour le bonheur de George Lucas (les effets de la scène du pont d'Indiana Jones et le temple maudit c'est lui), mais dès 1984 il se lance dans le clip-vidéo alors en tout début d'expansion (voire en pleine découverte artistique comme le confirme le clip de Money for nothing) avant l'explosion MTV. Avec notamment Dominic Sena (futur tâcheron d'Opération espadon ou Le dernier des templiers), il formait la dream-team de Propaganda Films, une boîte de production misant sur le fameux clip.  La première fois que j'ai vu les talents de Fincher en tant que clippeur ce fut avec Freedom '90 (George Michael, 1990). Invisible du clip (c'était une des volontés de l'artiste), le chanteur laisse la place aux plus beaux mannequins féminins du début des années 90. 

Imaginez un peu: Naomi Campbell encore peu sauvage, Cindy Crawford et sa verrue, Linda Evangelista et son regard foudroyant, Tatjana Palitz et son chemisier panthère et Christy Turlington et ses yeux ravissants dans un clip mettant en scène une chanson d'un des sex-symbols de la musique des 80's. De quoi ravir totalement les yeux et les oreilles, Freedom '90 est un bonheur de coolitude. Un déluge d'images sexy avec Naomi en mini jupe très courte et haut transparant, Linda allant sous son pull ou Cindy se séchant les cheveux de manière surnaturelle (la forme est trouble et on a du mal à voir Crawford en dessous). A cela rajoutez les mannequins masculins dont un ayant un look très similaire à Michael (banane notamment) et des éléments liés à Michael qui explosent (que ce soit le blouson, le jukebox ou la guitare présents dans le clip Faith). Il n'est donc pas étonnant quee ce clip reste le plus célèbre de Fincher comme celui qui suit, car il y a un vrai statut culte et une complexité pour la direction d'acteurs. Filmer des mannequins n'a rien de très facile, car ils sont beaucoup moins patients et surtout il faut les rendre charismatiques. Réunir les cinq gros mannequins féminins de l'époque (il ne manque que Claudia Schiffer) dans une même vidéo relevait du fantasme, Fincher l'a fait. S'il y a une collaboration qui a duré chez Fincher, c'est bien celle avec Madonna. La même année que Freedom '90, il lui signait un des plus grands clips de la Ciccone avec Vogue, ôde au magazine de mode et filmé en noir et blanc.

Par ailleurs, le clip aura du mal à passer sur MTV à cause des plans montrant la chanteuse avec une blouse transparante (à partir de 1'09). Tant pis pour MTV, la chanteuse leur cloua le bec. Le clip commence comme un défilé de mode ou montre des possibles photos de mode en plein mouvement, pendant que Madonna est dans un costume digne de Marilyn Monroe, puis avec des danseurs prenant la pose de différentes façons. Tout tient sur la pose et le cadre (d'ailleurs dans la chorégraphie de Madonna, elle mime sans cesse le cadre avec ses doigts pour évoquer l'appareil photo). Par ailleurs le temps d'un plan, le soutien-gorge aux pics ravageurs de Jean Paul Gaultier refait son apparition.  Mais avant cela, il avait signé pour elle le clip Express yourself en 1989. Troisième clip le plus cher de tous les temps, Express yourself s'inspire largement de Metropolis (Fritz Lang, 1927) avec Madonna dévoilée comme le fameux robot doré du film allemand, à savoir un élément perturbateur avec les riches (habillés chiquement et aux physiques ingrats) et les ouvriers (taillés comme des gravures de mode et torse nu). De plus, le clip s'avère assez sexy (Madonna danse en nuisette et porte-jaretelle, avant le final où elle s'offre nue sous une couverture à un ouvrier) et Fincher s'amuse aux ombres chinoises quand il n'éclaire pas la Ciccone assez fort pour que l'on ne puisse plus distinguer les traits de son visage en dehors des yeux et de la bouche. L'influence de Lang va jusqu'au monocle de Madonna, objet que portait le réalisateur. Le décor principal est évidemment l'usine avec ses rouages quand les plans larges ne dévoilent pas une ville remplie de tours. Fincher s'est fait plaisir ici en rendant hommage au plus grand cinéaste allemand.

Puis vient Oh Father toujours en 1989. Une petite fille joue dans la neige, un prêtre la suit des yeux, sa mère est en train de mourir. Pour la chanteuse, c'est un moyen d'évoquer la mort de sa propre mère, le noir et blanc jouant sur le côté dramatique et mélancolique de la situation. Le clip est plutôt bien réalisé, le noir et blanc donnant une atmosphère terriblement froide et évoquant indubitablement la mort. On regrette néanmoins le passage des perles en CGI plutôt dégueulasses. Leur dernière collaboration se fait plus ou moins dans la douleur, puisque le réalisateur ne succombera pas aux caprices de Madonna. Après Bad Girl (1992), elle ne voudra plus travailler avec Fincher, travaillant avec Chris Cunningham ou Luc Besson pour ne citer qu'eux. Ambiance de polar malgré la musique, Christopher Walken haut perché et dansant dans un rôle d'ange gardien, Madonna au lit et femme fatale (elle n'est pas sans rappeler Lauren Bacall avec son bonnet) et cette fois-ci de la couleur! Une ambiance dépressive qui n'est pas sans rappeler que Fincher vient de réaliser Alien 3 en catastrophe, retrouvant ainsi des moyens plus convenables pour lui et en passe d'enchaîner avec Seven deux ans plus tard. La transition vers New York est toute tracée. 

En 1989, Fincher signait le clip de Janie's got a gun pour Aerosmith, pas la meilleure des chansons du groupe à cette époque mais plutôt sympathique. Le clip commence comme un polar avec la banderole de police, puis on passe au groupe sur scène quasiment dans le noir complet.  Une tradition pour le groupe comme peuvent le montrer les clips de Crazy (1993) ou Angel (1987). Puis une fille en bikini sur une pelouse! On voit une femme, son mari et probablement sa fille; de nouveau la police avec un enquêteur cherchant une jeune fille. Tout se tasse avant les coups de feu en accord avec le solo du guitariste. En dehors de la scène de la pelouse, la plupart des scènes sont toutes ancrées dans le noir, donnant un ton terriblement sinistre à l'ensemble. A cela rajoutez l'inceste, le meurtre ou alors ce plan ressortant de l'éclat de balle présent dans le bide du père. Puis vint l'épisode Billy Idol, tout d'abord avec Cradle of love (1990). Un mec ressemblant comme deux gouttes d'eau au regretté Harold Ramis, sa voisine très jeune et sexy qui se déhanche devant un écran géant avec Billy Idol qui chante (mais pas montré au dessus de la taille car Billy Idol ressortait d'un accident). C'est terriblement coquin et Fincher joue même avec les CGI avec Billy Idol s'incrustant dans le pop art de Marilyn. On pourrait même voir un hommage à Body Double (Brian de Palma, 1984) dans la scène où l'homme observe la fille depuis des volets. Le final est par ailleurs grandiose en son genre!

LA Woman (1990) continue le voyage de David Fincher et Billy Idol. Début fracassant avec une sorte de sosie de Marilyn (décidemment quelque chose qui revient souvent dans les clips de Fincher) crucifié à un poteau électrique! Puis Los Angeles au crépuscule, boîte de nuit, Billy en flamme puis vient la fameuse LA Woman en blanc et soutien-gorge apparent. Survient alors une série de rencontres avant de revoir cette fameuse LA Woman en belle lingerie. On s'étonne encore que l'ami Fincher n'a pas fait de pub pour Victoria's secret alors que son camarade Michael Bay s'en faisait déjà une spécialité. Très célèbre chanson, Englishman in New York (Sting, 1987) est aussi un clip de David Fincher. Retour au noir et blanc et à la ville qui pourrait être celle de Seven (même s'il n'évoque jamais la ville dans laquelle se situe l'action), un saxophoniste dans un immeuble, Sting avec un parapluie marchant dans la rue, une vieille dame que l'on retrouve partout, la neige. Ce n'est pas le plus grand clip de Fincher, mais il est particulièrement classe. Autre rencontre rock'n rollesque avec les Rolling Stones sur le clip Love is strong (1994). Une chanson qui ne dira peut être pas grand chose, mais le clip on s'en souvient plutôt bien. 

Pour cause, la plupart des protagonistes sont augmentés dans des lieux publics. Par exemple Keith Richards qui fait de la guitare contre le pont de Brooklyn. Des jeux de perspectives foudroyants et fonctionnant à merveille sur plusieurs plans notamment les contre-plongées, augmentant le décalage. On remarque également beaucoup de travellings pour filmer les rues de New York envahies par les pierres qui roulent et les figurants. Plutôt que de vous montrez Suit and tie (Justin Timberlake, 2013) où il n'y a pas de quoi sauter au plafond, je préfère vous emmener dans le monde de Nine Inch Nail avec le clip d'Only (2005). Une moindre chose quand on sait que le générique de Seven (1995) aussi morbide et grandiose soit-il ne serait rien sans l'apport musical du titre Closer (1994). Il s'agit également du début d'une collaboration qui s'étendra sur trois films dont The Social Network (2010) qui value à Reznor et Atticus Ross l'Oscar de la meilleure musique. Un clip massivement mis en scène à travers des particules rassemblant le visage de Trent Reznor. Un résultat plutôt pas mal et visuellement crédible. Enfin je terminerais les prouesses de clippeur de l'ami David par quelque chose d'unique. 

Ainsi, en 1987 Fincher réalisait le clip de Bamboleo, la chanson phare des Gipsy Kings! Peut être un besoin d'argents allez savoir, mais en tous cas voici l'ami Fincher qui filme les champs de blé avec nos acolytes gitans qui jouent et une petite histoire d'amour. Allez à la semaine prochaine!


Gipsy Kings - Bamboleo par chilavert

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Commentaires
P
Du tout bon pour ma culture clipesque ! Par contre, le pauvre Fincher s'est un peu entêté avec Madonna. Heureusement que Trent Reznor traînait dans le coin.
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A
l'air de rien Fincher a réalisé bcp de clips: qui pensait à l'époque qu'il ferait une telle carrière au cinéma ?
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B
Aie aie va falloir continuer la rétrospective et peut être revoir Benjamin Button avec un regard neuf. ;) Je ne sais pas pour les Gipsys mais à mon avis il avait besoin de fric. Ou alors le studio lui a demandé. Ce n'est pas forcèment pour les miss que j'adore Freedom mais aussi parce que Fincher fait un clip classe et non vulgaire. Par exemple Cindy Crawford est nue mais ses seins comme son sex n'apparaissent jamais.
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T
Raahahaha hâte de voir Gone Girl !! <br /> <br /> Je vais également regarder Seven et The Game (je les ai déjà vus mais je ne me rappelle de rien de chez rien) dans la semaine. <br /> <br /> J'ai vu la plupart de ses clips sans savoir que c'était lui qui les avait réalisés ! (le seul que je n'avais pas vu était Bamboleo... qu'est-ce qui lui est arrivé ce jour-là?). Personnellement, je trouve que son meilleur clip est Vogue, tellement culte ! (pourtant je n'aime pas trop Madonna).<br /> <br /> Aahaha pas étonnée que t'aimes le clip Freedom :D :D
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