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Cine Borat
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23 avril 2020

Made in France #8

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Un bon film français t'as vu ça où ?"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 60's ou des 2010's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de confinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • L'emmerdeur (Edouard Molinaro, 1973)

L'emmerdeur

Francis Veber vient d'essuyer un échec cuisant avec l'adaptation de sa pièce L'enlèvement (1968), renommée Appelez-moi Mathilde pour l'occasion (Pierre Mondy, 1969). Il laisse alors de côté le scénario du Contrat pour en faire une pièce. Si les acteurs Jean Le Poulain et Raymond Gérôme ne s'entendent pas du tout, la pièce est en revanche un succès. De plus, Veber commence à devenir un scénariste en vogue avec Il était une fois un flic (1971), film qui lui permet de rencontrer Lino Ventura. L'acteur ne tournera pas dans le film de Georges Lautner, mais le scénario du Contrat l'intéresse et c'est ainsi qu'est lancé la production de L'emmerdeur. Soit le premier film narrant les aventures de François Pignon (ici campé par Jacques Brel), personnage sympathique souvent trop gentil, mais particulièrement maladroit.

L'emmerdeur 2

Un personnage dont les aventures suivantes seront toutes réalisées par Veber, en faisant un personnage récurrent de sa filmographie, même si les films en question ne se suivent pas et que les incarnations (comme les interprètes) sont très différentes. L'emmerdeur du titre est bien évidemment Pignon, homme plaqué par sa femme (Caroline Cellier) qui rate son suicide. L'emmerdeur de qui ? Celui de Milan, tueur à gages en charge d'une cible qui en sait beaucoup trop. Le nettoyeur par excellence et dont on voit les exploits dès les présentations. Molinaro et Veber ont trouvé un duo parfait avec Ventura et Brel, le premier étant une armoire à glace prête à exploser à tout moment ; le second le gars gentil mais un peu collant, au point de rendre les gens autour de lui complètement fous (un peu comme Quentin dans Tais toi).

L'emmerdeur 3

 

D'autant que le personnage a tendance à faire des gaffes sans le faire exprès, habitude qui reviendra régulièrement dans les autres films avec Pignon (la palme avec Le dîner de cons). Ce qui le rend aussi sympathique qu'à mourir de rire, à l'image de cette scène où il dit qu'il n'a bientôt plus d'essence et continue son chemin, alors qu'il passe devant plusieurs stations-essence. L'emmerdeur est d'ailleurs un exemple intéressant de comédie, car il débute comme un pur polar avec un attentat et des morts pour ensuite partir sur un grand nombre de quiproquos comiques après le suicide de Pignon. Ce qui n'empêche jamais Milan d'essayer de finir sa mission, permettant au film d'être également une course contre la montre amusante, rythmée par au moins deux courses-poursuites jubilatoires.

L'emmerdeur 4

L'emmerdeur est donc une franche réussite que son auteur essayera de refaire des décennies plus tard. Mais l'accueil de ce remake (2008) sera désastreux, enterrant la carrière de Veber réalisateur. Autant dire que la comédie française y a beaucoup perdu...

  • La chèvre (Francis Veber, 1981)

La chèvre 2

Francis Veber toujours, mais autre époque. Le scénariste a signé un premier long-métrage intéressant (Le jouet, 1976), mais les chiffres du box-office sont loin d'être dingues (un peu plus d'1 million d'entrées). Après avoir écrit divers films (dont les mémorables La cage aux folles et Coup de tête), il revient avec La chèvre, premier film qui réunit le duo Pierre Richard / Gérard Depardieu. Un duo que le réalisateur va exploiter deux fois par la suite avec Les compères (1983) et Les fugitifs (1986), mais dont le meilleur cru reste le premier. Ironiquement, aucun des deux ne devait jouer dans le film, puisque les premiers choix étaient Lino Ventura et Jacques Villeret. Sauf que Ventura ne voulait pas tourner avec Villeret. Ni l'un, ni l'autre ne sera finalement dans le film. En sachant que Depardieu voulait initialement jouer Perrin, ce qui paraît bien improbable quand on y repense. 

La chèvre 3

La chèvre est un film où le symbole de la poisse en cherche un autre. Après avoir été un grand blond avec une chaussure noire, un jouet pour enfants ou un homme accusé à tord d'un viol, François Perrin devient cette fameuse boussole au manque de bol frappadingue sous les traits de Richard. Le spectateur est un peu comme Depardieu durant tout le film. Au début, on se dit que ce n'est pas possible, que c'est juste un manque de bol qui fonctionne une ou deux fois. Plus le temps passe, plus l'improbable devient réalité, rendant le film absolument jubilatoire. Regarder Depardieu avec les yeux écarquillés et la bouche ouverte, l'air totalement sidéré par ce qu'il voit est un running-gag monumental que Veber utilise avec saveur jusqu'au dernier plan de l'acteur.

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La chèvre est une rigolade de tous les instants dont Perrin est le grand chef. Il lui arrive tout, de la guêpe ravageuse à la plateforme qui se détache, en passant par la prostituée qui l'arnaque et la porte automatique qui ne s'ouvre pas. Quand on pense que la spirale infernale va s'arrêter, il y a toujours un autre truc qui arrive et le spectateur n'a jamais le temps de s'ennuyer. Le film peut compter sur son duo de choc, chacun étant impeccable de bout en bout. La chèvre est donc une comédie désopilante qui permettra à Veber d'asseoir sa réputation de réalisateur, avec plus de 7 millions d'entrées à la clé. En sachant que comme beaucoup de films de Veber, La chèvre a eu droit à son remake (Danger public de Nadia Tass, 1991), avec Martin Short et Danny Glover à place de Richard et Depardieu. 

  • IP5, l'île aux pachydermes(Jean-Jacques Beineix, 1992)

IP5

Comme Terry Gilliam, Jean-Jacques Beineix a perdu son acteur principal en plein tournage. A la différence qu'Yves Montand est décédé des suites du tournage d'une scène de film, plus précisément une où il plongeait dans un lac glacé avec une combinaison de plongée. Après le tournage, l'acteur avait fait un malaise et il est mort d'un infarctus du myocarde en novembre 1991. Des retouches de scénario ont dû être faites pour terminer le tournage et une doublure a été engagé pour tourner des scènes manquantes du personnage de Montand. Des prises de vue réalisées de dos, aidées par le fait que le personnage portait un imperméable durant le film. IP5 a probablement subi ce tragique événement au niveau de l'écriture, mais il tient la route. Mieux, contrairement à 37 2 le matin (1986) ou Diva (1981), le film a une durée adéquate d'1h59.

IP5 2

 

Montand signe une belle dernière prestation, un baroud d'honneur qui n'en devient que plus évident au fil du film. Il joue un vieux vagabond cherchant à retrouver la femme qu'il a aimé et sentant sa fin approcher. Face à lui, deux jeunes cherchant une vie meilleure et trouvant en cet homme un compagnon de route improbable. Montand apparaît tardivement, le film mettant avant tout en scène Olivier Martinez (encore loin de faire des avances de 100 millions de dollars) et Sekkou Sall dans un road trip. Les personnages apparaissent rapidement comme attachants, ce qui permet de suivre leur périple sans déplaisir. Il n'y a rien de dingue dans leurs aventures, mais un côté touchant s'en dégage tout comme c'était déjà le cas dans 37 2 le matinIP5 est une belle odyssée reposant sur des personnages sympathiques et bien joués.

IP5 3

Après ce film qui n'a réuni que 855 136 entrées, Beineix aura bien du mal à se refaire, refusant des projets venant de l'étranger (dont l'adaptation de Chapeau melon et bottes de cuir) quand il n'arrivait pas à les concrétiser en France après le bide de Mortel transfert (2001). Du coup, il s'est reconverti dans le documentaire, la bande-dessinée et le théâtre. Peut-être qu'un jour Beineix pourra revenir à la fiction cinématographique comme un autre "réalisateur du look" Leos Carax. Un jour...

IP5

A la prochaine !

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Commentaires
B
Je n'ai jamais osé le voir, au vue des avis que j'avais lu à l'époque. Pour le coup je préfère La chèvre, mais L'emmerdeur est déjà phénoménal.
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A
perso une petite préférence pour l'emmerdeur. Le duo Ventura/Brel fait des étincelles. Par contre, pour le remake qui sortira beaucoup plus tard, au secours !
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