Même l'Espace ne veut pas de Roger Moore
James Bond compte bien empêcher la mégalomanie de Hugo Drax, milliardaire voulant faire vivre l'Humanité dans l'Espace après l'avoir anéanti sur Terre...
Après trois épisodes corrects malgré de nombreux défauts, voici la dégringolade pour la saga James Bond. Alors que Rien que pour vos yeux devait succéder à L'espion qui m'aimait, ce sera finalement Moonraker qui prendra sa place. Pour la simple et mauvaise raison que les producteurs, constatant que Star Wars cassait la baraque, ont décidé de partir aussi sur la ressource science-fictionnelle. Lewis Gilbert reprend les rênes mais certainement pas avec les mêmes qualités que L'espion qui m'aimait, mais alors pas du tout. On tient là le pire du pire des aventures de 007. Franchement, on en reviendrait même à aimer Octopussy ou Le monde ne suffit pas. Inévitablement, on retrouve ce goinfré de Roger Moore, Bernard Lee, Lois Maxwell, Desmond Llewelyn et Richard Kiel; ainsi que Lois Chiles, Michael Lonsdale (il a avoué s'être bien amusé lors du tournage, peut être bien le seul!), Blanche Ravalec, Jean Pierre Castaldi (en pilote d'avion, regardez bien) et Patrick Floersheim (voix de Michael Douglas ou Kurt Russell).
Déjà rien qu'avec un scénario pareil, on pouvait s'attendre au pire. Bond s'en prend à un milliardaire voulant détruire l'Humanité pour créer une nouvelle race dans l'Espace. Du grand n'importe quoi en d'autres termes. Encore mieux, le méchant vole ses propres navettes! Dans son rôle, Lonsdale cabotine comme pas deux. Certes c'est un grand acteur, mais là il est complètement à côté de ses pompes. Un peu comme Mathieu Amalric dans Quantum of solace, on n'y croit pas une seconde. Par contre pour être ridicule, il n'y a qu'un pas. Même les péripéties sont inintéressantes. Bond va à Venise qui n'est autre que la France (admirez l'ironie!), semble s'amuser, se bastonne avec des méchants et se retrouve sur un cercueil sur une soi-disante place de la ville italienne. Sinon Requin, au lieu de combattre l'agent britannique, drague avec une petite blonde à lunettes (et vous savez comme moi le dicton "femme à lunettes, femme à...", enfin vous connaissez la chanson) qu'il emmenera même dans l'Espace avec ce fou de Drax.
Et là, le clou du spectacle. La chose tant attendue, soit les séquences spatiales, se révèlent d'une nanardise à toute épreuve. Certes le film date de 1979, mais ça n'excuse rien, surtout quand on regarde les effets de Star Wars avec deux ans d'avance. Lonsdale explose; Requin se montre gentil car amoureux de sa blonde; Moore sauve les meubles mais pas trop (faut pas trop le brusquer le gaillard), balance Lonsdale dans l'Espace intersidéral tel Sigourney Weaver et son Alien (!) et lui et Maxwell font l'amour en lévitation devant la caméra voyeuse du MI6. On a trouvé les véritables cochons dans l'Espace (certains admirateurs d'une grenouille et d'un ours célèbres comprendront la référence). En bref, ne cherchait même plus à vous divertir, ce n'est plus la peine. Un épisode d'un ridicule incroyable qui se fout en l'air (c'est le cas de le dire) rien qu'avec sa baston finale avec des cosmonautes se tirant au pistolaser tels des Han Solo du pauvre. Et le plus amusant, c'est que malgré la gravité, les bonhommes font du surplace.
La qualité de ce Bond est clairement ailleurs. Certainement le pire 007 à ce jour.