Surhomme des années 70
Kal-El est le dernier survivant de Krypton et a été envoyé par ses parents sur la planète Terre. Une fois adulte, il va devoir lutter contre les plans machiavéliques de Lex Luthor...
Après la saga Star Trek, voici venu le temps de s'attaquer au mythe de Superman. En dehors du quatrième volet que je n'ai pu voir (NT1 n'a diffusé que les trois premiers volets récemment, laissant de côté le 4), tous seront abordés y compris Man of Steel. Commençons donc par le premier. Bien avant le film de 1978, Superman avait déjà été adapté pour la télévision avec la série de George Reeves. La série avait eu un succès colossale au point de dépasser totalement son acteur principal. La Warner a dans un premier temps en vue Steven Spielberg, jugé déjà trop cher alors qu'il est en train de tourner Les dents de la mer. Guy Hamilton, réalisateur du mythique Goldfinger, est d'abord présenti, mais ce sera Richard Donner qui récoltera les fruits. Au casting, on retrouve Christopher Reeve, Gene Hackman, Ned Beatty, Margot Kidder, Jackie Cooper, Glenn Ford, Phyllis Taxter et Marlon Brando (ce dernier étant l'acteur le mieux payé de tous les temps pour cinq minutes dans le métrage, montre en main). Un succès phénoménal, Superman peut devenir le premier film de super-héros populaire et original (par là, je veux dire non-adapté d'une série comme le Batman avec Adam West).
Pourtant il faut bien avouer que le film a grandement perdu de sa superbe. Alors certes on peut toujours sortir l'excuse "c'est un film des années 70, ils n'avaient pas les mêmes moyens qu'aujourd'hui". Sauf que le budget était un des plus chers de l'époque (55 millions de $) et qu'un an avant, Spielberg réalisait Rencontres du troisième type pour 19 millions de $ et lui, a très bien survécu. Par vieillissement, je veux bien évidemment parlé de l'ensemble des effets-spéciaux. On n'a pas longtemps à voir que ce sont des fonds derrière Christopher Reeve en train de voler. Mais à vrai dire, ce n'est pas tellement cela qui apparaît comme mauvais à l'intérieur du film. Déjà il y a un cruel manque de rythme qui nuit sévèrement au film. Ainsi toute la première heure concerne la destruction de Krypton juqu'à l'arrivée de Clark Kent au Daily Planet. Entretemps, le spectateur a le temps de bailler tant le film est lent, voire stérile. C'est le cas dans les séquences sur Krypton qui ressemble à du sous-2001 et le pire étant peut être l'enfermement du Général Zod d'un ridicule total.
D'autant qu'en plus, Brando se révèle peu convaincant et sort quinze tonnes de grandes phrases pour pas grand chose d'intéressant à dire. Ces séquences sont ensuite suivies par un très long générique orné du superbe thème de John Williams. Après on a droit à l'enfance de Clark Kent dans les grandes largeurs. Ainsi, on voit Clark en train de soulever une voiture ou alors de courser un train comme si de rien n'était (effet-spécial franchement lourd). Fort passionnant d'autant que cela ne nous apprend rien sur Clark. Le passage dans la Forteresse de solitude est d'ailleurs complètement expédié. En d'autres termes, le jeune Clark y va, Papa lui cause et hop on passe à Clark adulte débarquant au Daily Planet. Une ellipse temporelle totalement improbable et qui sera du pain bénit pour la série Smallville. Pour ce qui est du portrait du personnage, c'est franchement pas terrible. Christopher Reeve fait des sourires de partout, sans dégager un charme héroïque. Quand il arrive au bureau, il a l'air d'un gars sorti de l'université, complètement gauche et quand il est en Superman, il est plus dur à cuire tout en gardant le sourire émail diamant.
Au niveau des situations, on est plus dans le gag que dans l'épique. Superman sauve l'hélicoptère de Lois Lane, il lui accorde une soirée interview avec Lois Lane (moment monumental de ringardise) et il est gentil avec les méchants. On le tape un peu mais pas trop hein? C'est un film tout public les enfants. Sauf que quand on voit Man of Steel, ça fait plutôt rire. Après le film respecte les comics dans l'ensemble, on a les passages obligés (chute de Krypton, enfance, Daily Planet, Lois Lane, Lex Luthor, kryptonite) et cela se regarde tout de même sans mal en terme de divertissement. Mais clairement si vous voulez une vraie vision du personnage, vous pouvez repasser. Ensuite, il faut bien le dire: sans le cabotinnage fiévreux de Gene Hackman en Lex Luthor ou les conneries de Ned Beatty, il faut bien avouer que l'on aurait vite baillé au corneille. D'autant que le film dure tout de même 2h17. Reste que l'ensevelissement de Lois Lane est une séquence encore très spectaculaire, pareil pour celle du barage. C'est toujours cela de pris.
Un film moyen qui pourra plaire au grand public, à condition qu'il s'attend à peu d'action et qu'il a le temps.