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Cine Borat
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  • Sur ce blog, je vous parlerais de cinéma (plus de 2500 films cultes comme navets abominables, ainsi que son actualité), de séries, de bandes dessinés (mangas, comics ou franco-belge), de jeux vidéo et de rock!
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19 mai 2020

Made in France #14

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Les français ne savent faire que des films sociaux inintéressants"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou de 70's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de déconfinement, voici trois films à (re) découvrir ! 

  • Les violons du bal (Michel Drach, 1974)

Les violons

Quand Michel Drach parvient à concrétiser Les violons du bal, il s'est passé au moins 20 ans. 20 ans à tourner divers métrages, dont Elise ou la vraie vie (1970) qui n'a pas plu à tout le monde (la Guerre d'Algérie tout ça, tout ça). 20 ans à chercher un producteur. Il va mettre tout cela à l'intérieur des Violons du bal : une mise en abyme de Drach essayant de faire un film sur son enfance durant l'Occupation et son départ vers Vichy avec sa mère (changez ici par la Suisse). Le réalisateur apparaît même durant un temps, avant d'être remplacé par Jean-Louis Trintignant car plus bankable. Drach évoque petit à petit ce qu'on a pu lui dire par le passé à propos de son projet.

Les violons 2

Un enfant pour héros ? Non. L'histoire d'un enfant juif en pleine guerre ? Encore moins. Pas de sexe, ni de morts ? Hors de question ! A travers ces passages, le réalisateur montre toute la bassesse du milieu de l'époque, avide de violence, de sexe et en soi plein d'ignorance. Pourtant à bien y regarder, le cinéma français n'a pas manqué de films mettant en scène des héros enfants en 20 ans (cf Jeux interdits de René Clément, 1952). L'ironie veut que contrairement à ce que beaucoup de réalisateurs font en général, c'est les parties dans le présent qui sont filmées en noir et blanc. Ici la couleur est réservée à l'enfance fantasmée ou pas du réalisateur. Un portrait de famille où il évoque sa grand-mère, ses parents, sa sœur et son frère et qui se transforme en expérience familiale, puisque le réalisateur est incarné enfant par son propre fils et sa femme Marie-José Nat joue le rôle de sa mère.

Les violons 3

A travers deux récits qui s'imbriquent, Drach montre des combats pas si éloignés : celui de survivre face à l'oppression et celui d'imposer ses idées face à une autre forme d'oppression. Comme une même chose qui se répète encore et encore et qui se confirme également par l'aide de Drach, enfin de Trintignant, envers un jeune homme en fuite (Christian Rist). Ce qui paraît comme un cheminement logique, lui-même ayant été aidé dans sa fuite (même si c'étaient des crapules si l'on se fit au film). Michel Drach signe un superbe film sur le travail de mémoire et la création, où Marie-José Nat apparaît fantastique (Prix d'interprétation à Cannes plus que mérité). Un des producteurs dit durant le film que le film ne marchera pas. Il fera 1,4 million d'entrées.

  • Une époque formidable... (Gérard Jugnot, 1991)

Une époque

Présent dans le cinéma français depuis les 70's, Gérard Jugnot a commencé à réaliser des films à la même époque que son ami Michel Blanc. Réalisateur de comédies dans un premier temps (notamment Pinot simple flic en 1984), Jugnot va vite changer de registre à partir d'Une époque formidable... avec des films aux sujets plus sérieux (cf Monsieur Batignole, 2002). Il aborde le sujet du chômage et des SDF dans ce film de 1991. Il montre la lente agonie d'un homme marié chômeur essayant de trouver du travail et finissant par partir du domicile conjugal à force de mensonges et de honte. On voit les entretiens d'embauche à la limite de l'interrogatoire de police, au point de ne pas être loin de certaines scènes de L'argent des autres (Christian de Chalonge, 1978). On voit les excès pour essayer de sauver la situation. Puis la chute, le point de non-retour.

Une époque 2

A partir de là, le réalisateur montre une réalité triste et dramatique, faites de petites choses, de rencontres et de débrouilles. Pour trouver à manger, pour dormir ou tout simplement survivre. Une époque formidable... apparaît rapidement comme un film terriblement humain, reposant sur un groupe de personnages attachants : l'ancien roi du matelas (Jugnot), le SDF avec les jambes défoncées (feu Ticky Holgado), le grand dadais jamais loin de retomber dans ses démons (Chick Ortega) et le médecin (Richard Bohringer). On les suit dans leurs aventures, quelques fois drôles, parfois sinistres. Le film délivre son lot de portraits, tout en montrant le regard des autres, fait de mépris, d'intérêt (le passage avec Zabou Breitman en journaliste en est la preuve) ou de compassion.

Une époque 3

Même le final apparaît doux-amer : certains s'en sortiront, d'autres pas et chacun continuera son propre chemin en espérant des jours meilleurs. Il n'y a pas de miracle. Une époque formidable... est au passage riche d'un excellent casting, allant de Jugnot à Bohringer, en passant par Holgado.

  • Le goût des autres (Agnès Jaoui, 2000)

Le goût

Agnès Jaoui s'est imposée au fil des 90's comme une scénariste phare, travaillant pour Alain Resnais ou Cédric Klapisch. Des projets chapeautés avec son compagnon de l'époque Jean-Pierre Bacri et qui leur ont permis d'obtenir trois Césars du meilleur scénario (plus un César du meilleur second-rôle chacun pour On connaît la chanson). De fil en aiguille, Jaoui commence à travailler sur un premier film en tant que réalisatrice. Bacri et elle se lancent d'abord dans un projet de film policier qui ne mène à rien et dont ils ne gardent qu'un chauffeur, un garde du corps et une dealeuse. Des rôles qui seront incarnés par Alain Chabat, Gérard Lanvin et Jaoui elle-même dans Le goût des autres. Un premier film qui a récolté 3,8 millions d'entrées, 4 Césars et a même été candidat à l'Oscar du meilleur film étranger (gagné par Tigre et dragon d'Ang Lee).

Le goût 2

Souvent classé dans les comédies, Le goût des autres ne l'est pas tellement ou alors par petites touches. En fait il se rapproche plus du drame choral avec un lot de personnages ayant des liens entre eux (famille, employés, amis, amants) et avec pour thème le titre du film. Car chacun a ses propres goûts, certains différents d'autres personnes sur un même sujet et parfois au sein même d'un couple ou d'une même famille. On le voit rapidement lorsque le personnage de Jean-Pierre Bacri aime une pièce mais pas sa femme (Christiane Millet), ou que cette dernière entre en conflit avec sa belle-soeur (Brigitte Catillon) à propos d'un simple papier-peint. Cela marche également avec les idéaux, à l'image du passage où Millet et Chabat parlent du monde, avec une réponse cinglante de ce dernier ("Ben faut vivre à Disneyland alors...").

Le goût 3

Le film confronte également des êtres potentiellement opposés avec Bacri caractérisé comme quelqu'un de beauf et Anne Alvaro une comédienne qui paraît plus sophistiquée, rassemblés à travers un même élément (le théâtre). Idem pour Lanvin et Jaoui (il est ancien flic, elle dealeuse). L'ironie veut que du côté des premiers le fossé culturel devient de moins en moins grand au fil de leurs rencontres, là où les seconds vont s'éloigner au fur et à mesure suite à leurs divergences. Le spectateur regarde tous ces chocs des cultures et parvient à voir l'évolution des personnages et notamment celle de leur goût. A l'image de Bacri qui va découvrir ce qui lui plaît, quitte à piquer une crise auprès de sa femme car elle n'accepte pas de mettre une peinture qu'il aime dans la maison. Ou alors ce moment où il dézingue Alvaro en lui disant qu'il est capable d'aimer un artiste et pas forcément parce qu'elle le lui a présenté.

Le goût 4

Jaoui montre les points de vue de chacun de ses personnages, mais ne pose pas de jugement. Le spectateur pourra en avoir un, mais la réalisatrice ne lui impose rien, d'autant que certains personnages sont particulièrement attachants. Monsieur Castella est un véritable phénomène et même s'il accumule les conneries (le passage sur les gays est incroyable), il garde un côté sympathique et l'interprétation de Bacri en mode Droopy fonctionne du tonnerre. De même, le reste du casting assure, que ce soit Lanvin en mec qui ne sait pas finir les choses ou Chabat qui apprend la flûte au départ par intérêt et finit par y trouver une passion. D'où un film passionnant, bien écrit et joué.

Le goût 5

A la prochaine ! 

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Commentaires
A
je n'ai vu que les deux derniers films mentionnés mais pas le premier. Mon coup de coeur va pour une époque formidable, sans doute le meilleur film de et avec Gérard Jugnot
Répondre
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