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Cine Borat
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25 mai 2020

Made in France #16

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Le cinéma français ne repose que sur des acteurs morts"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Les films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 2000's ou de 70's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. Pour cette édition, il sera question d'évoquer Michel Piccoli qui nous a quitté ces derniers jours. Voici trois films à (re) découvrir avec un des plus grands acteurs du cinéma français. 

  • Sept hommes sur ordonnance (Jacques Rouffio, 1975)

Sept

A la base du film de Jacques Rouffio, il y a deux faits-divers survenus entre 1952 et 1969 à Reims. Les personnes impliquées n'avaient aucun lien familial et ne se connaissaient pas. En revanche, les maris étaient chirurgiens et avaient subi une campagne calomnieuse venant de leurs concurrents. Des pressions qui les avaient mené à tuer femme et enfants, avant de passer au suicide. Rouffio et son scénariste Georges Conchon ont fait pas mal de recherches et le résultat est très ressemblant des faits, bien que le film soit une pure fiction. La première histoire est racontée par flashbacks et petit à petit, le spectateur comprend que les deux affaires se rejoignent. Mêmes comportements (deux chirurgiens indépendants et droits, mais avec des défauts qui pèsent comme des problèmes cardiaques et de jeu), mêmes adversaires (la famille de Charles Vanel), mêmes magouilles pour les discréditer.

Sept 2

Qu'importe le travail bien fait, les défauts finissent toujours par être une arme de poids pour la concurrence. Elle pourra toujours être inférieure aux autres, c'est elle qui restera à la fin grâce à sa main-mise sur le système. Sept morts sur ordonnance est un film pessimiste par excellence et même particulièrement radical. Le réalisateur n'épargne rien au spectateur, provoquant le choc à travers les scènes de suicide. La première apparaît même en début de film sans contexte, suscitant d'office le malaise par sa violence soudaine et radicale. Le duo Michel Piccoli / Gérard Depardieu (qui avait joué ensemble dans Vincent, François, Paul... et les autres en 1974) est impeccable face à un Charles Vanel impitoyable. Cette fois, David a perdu face à Goliath.

  • La passante du Sans-Souci (Jacques Rouffio, 1982)

La passante

La production du film de Jacques Rouffio ne fut pas chose facile. Lancé par Romy Schneider (qui s'était passionnée pour le roman de Joseph Kessel), le projet est repoussé plusieurs fois notamment à cause d'une blessure au pied de l'actrice lors de sa cure annuelle à Quiberon (cf le film Trois jours à Quiberon d'Emily Atef, 2018). Alors que le tournage s'apprête à débuter en mai 1981, Schneider passe sur le billard pour l'ablation d'un rein. Les assureurs refusent alors de couvrir l'actrice en cas d'autres pépins. Si le reste du tournage se déroule sans encombre, un autre drame frappe l'actrice en juillet 1981 : son fils David meurt. L'actrice le suivra en mai 1982, soit quelques semaines après la sortie de La passante du Sans Souci, qui sera donc le dernier film dans lequel elle a joué. De la même manière que Miracle à Santa Anna (Spike Lee, 2008), le film débute sur l'assassinat d'un homme.

La passante 2

A partir de là, il sera question d'évoquer le passé et les raisons de cet assassinat. Rouffio alterne donc scènes dans le présent avec Michel Piccoli et sa femme jouée par Schneider et flashbacks où le personnage de Piccoli est incarné par Wendelin Werner. Schneider joue également la femme qui s'est occupée de lui durant ses jeunes années. C'est cette dame qu'il a vengé des années plus tard. Prendre la même actrice pour ces deux rôles confirme l'affection du personnage pour les deux femmes de sa vie (deux femmes au même visage). On suit alors l'histoire d'un jeune juif en Allemagne Nazie recueilli par un couple après la mort de son père, tué devant ses yeux. Au vue de l'actualité, la fuite est inévitable que ce soit pour le petit ou son père d'adoption, éditeur dénonçant le Troisième Reich (Helmut Griem). Si le petit ira en France, ce ne sera pas le cas du mari de Schneider.

La passante 3

Dès lors, Rouffio montre Paris sous l'Occupation, les petits boulots pour survivre et les relations entre le petit et la dame, lui devenant précocement un adulte, elle une maman d'infortune. Autour d'eux gravitent deux personnages amoureux de Schneider : Gérard Klein en français naïf, croyant que tout va aller pour le mieux et Mathieu Carrière en nazi prêt à tout pour l'avoir avec lui. Une tension qui s'accentuera dans les dernières minutes, comme un prélude à ce qui va arriver dans le présent. La résolution apparaît comme un faux-happy end comme en témoigne le texte qui défile en bas de l'écran, sentence de plus dans un film qui n'en manque pas. Michel Piccoli est superbe, le jeune Werner et Helmut Griem aussi, mais celle qui irradie tout c'est bien évidemment Schneider. Un superbe baroud d'honneur pour une actrice partie bien trop tôt.

  • Le Prix du danger (Yves Boisset, 1983)

Le prix

L'existence même du film d'Yves Boisset est un énorme bordel qu'il est bon de résumer. A l'origine, il y a une nouvelle de Robert Sheckley publiée en 1958. Stephen King écrit un roman au sujet similaire au début des 70's (Running Man), mais ne le publie que la décennie suivante sous le pseudonyme de Richard Bachman. En 1983, Yves Boisset adapte la nouvelle de Sheckley et une adaptation du roman de King finit par sortir en 1987 avec Arnold Schwarzenegger. Trouvant qu'il y avait beaucoup de ressemblances entre les deux films, Boisset et son équipe portent plainte contre celle de Paul Michael Glaser. Starsky aura beau se justifier qu'il s'est inspiré principalement du roman de King (qui ne sera visiblement jamais inquiété dans l'histoire, bien qu'il se soit inspiré de la nouvelle pour son roman), Running Man est considéré comme un plagiat du film de Boisset en première instance.

Running

 

Les américains font appel et gagnent, avant de perdre à nouveau en cassation. Au final, les français perdront plus de plumes qu'autre chose, les frais d'avocats et la longue procédure ayant mené à beaucoup de dépenses. En effet, les deux films ont des sujets très similaires (une émission de chasse à l'homme où des candidats doivent se sauver d'assaillants armés et prêts à tout pour les liquider) et on comprend rapidement la plainte du réalisateur. La différence vient avant tout du traitement. Running Man est un film bourrin comme Schwarzy en faisait déjà à la pelle dans les 80's, avec son lot de punchlines et de scènes aussi grotesques que fun. Le Prix du danger en est très loin et se présente comme plus sombre, subversif, voire visionnaire vu comment la télévision a curieusement repris au premier degré certains des codes télévisuels exposés dans le film.

Le prix 2

Feu Marie-France Pisier fait d'ailleurs un discours très révélateur devant un public déjà acquis à la cause :

"C'est vous qui exigez le spectacle comme Le Prix du danger. La CTV est à votre service. Nous vous donnons les spectacles que vous voulez. Je sais que vous aimez les beaux spectacles. Je sais que vous voulez encore plus de sang, plus de violence, plus de carnage. Hé bien nous vous en donnerons ! "

Après tout, si le public demande du sexe et de la violence, pourquoi ne pas lui en donner ? D'autant qu'au cours du film, on apprend que certains politiques laissent faire car la chaîne leur graisse la patte. Ce qui renforce la supériorité de la CTV, ayant un droit de vie et de mort sur ses candidats et plus longtemps ils restent à l'antenne, plus l'audience monte. Le candidat incarné par Gérard Lanvin est différent, car contrairement aux autres, il ne se laisse pas faire et même s'il ne le fait pas exprès, il va se retrouver avec les cadavres de plusieurs de ses poursuivants sur son chemin. Mais là encore, la chaîne tient toutes les ficelles et se chargera de lui en temps voulu. Ce qui rend Le Prix du danger d'autant plus vicieux et impressionnant. En 1983, la téléréalité n'existait pas, mais la télévision s'est vite mise au sensationnalisme, n'hésitant pas à mettre ses cameramen au centre d'événements dangereux ou à vouloir tout montrer quitte à choquer.

Le prix 3

Dans le cas du film de Boisset, on nous montre les prémices de la téléréalité avec les moments croustillants remontrés plusieurs fois, des scénarios montés de toutes pièces pour créer des personnages télévisuels, de la violence montrée en long, en large et en travers, tout en précisant que ce n'est pas bien ; et un présentateur montré comme un père LaMorale, alors qu'il est aussi douteux que ses patrons. Comme demander au cameraman de ne pas rater le crash d'un des candidats. Ou en paradant tout sourire avec la femme d'un candidat mort, arborant un chèque comme si cela allait remplacer son mari. Michel Piccoli est absolument monumental, incarnant un personnage cynique au possible et qui anticipe un très grand nombre de présentateurs qui joueront sur les mêmes atouts. La différence est que ce ne sera plus du cinéma ce coup-ci.

Le prix 4

Les autres acteurs s'avèrent tout aussi convaincants, de Pisier à Lanvin, en passant par Bruno Cremer patron de chaîne aux justifications odieuses, mais terriblement logiques. Le Prix du danger est un film important autant que polémique et s'il était un récit d'anticipation à l'époque, il se rapproche considérablement de la réalité désormais.

Le prix 5

A la prochaine ! 

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Commentaires
B
Très intéressant La grande bouffe. Un long calvaire pour les personnages et le spectateur qui les regarde s'en aller au fur et à mesure. Puis on sent vers la fin qu'ils n'ont plus envie et se force, ce qui rend le film d'autant plus mélodramatique.
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A
à borat : je veux bien un retour sur celui là...
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B
Que je compte regarder très rapidement. ;)
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A
merci pour ce bel hommage à Michel Piccoli. Un immense acteur. Je me souviens encore de sa performance dans La grande bouffe
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