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1 mai 2022

Made in France III #1

"Le cinéma français c'est de la merde !", "Les films de guerre sur l'Indochine ont vraiment existé ?"... Vous en avez marre d'entendre systématiquement les mêmes reproches envers le cinéma français ? Alors cette rubrique est faites pour vous. Après vingt-cinq épisodes de plus, il est temps de passer à un autre volume de Made in FranceLes films français de qualité ne manquent pas, qu'ils soient des 90's ou des 2010's. L'occasion d'évoquer des films français ou réalisés par des français que j'aime à divers degrés ; ou même quelques curiosités qui mériteraient un peu plus de visibilité. En ces temps de chasse au muguet, voici trois films à (re) découvrir !

  • La 317ème section (Pierre Schoendoerffer, 1965)

317

Jacques Perrin nous a quitté la semaine dernière. Au fil des décennies, il avait multiplié les casquettes au point de ne plus être un simple acteur. Il était comédien, producteur et même réalisateur à ses heures perdues de documentaires animaliers. Depuis quelques années, il avait la spécialité d'incarner le passeur d'histoires, un vestige du temps perdu. Désormais, c'est à nous de raconter son histoire pour que sa carrière ne soit pas oubliée. Moins mise en avant par le cinéma que la Guerre d'Algérie, la Guerre d'Indochine a pourtant son lot de représentations. La preuve avec ce bien connu film de Pierre Schoendoerffer. Le réalisateur qui officie également en voix-off a participé à cette guerre, intégrant le service cinématographique de l'armée et a même été fait prisonnier. Une fois de retour en France, il réalise plusieurs fictions avant de s'atteler à La 317ème section qui lui permet d'obtenir le Prix du scénario à Cannes.

Cremer

Une expérience de tournage à la militaire avec prises de vue au Cambodge, ravitaillements par hélicoptères et pellicules envoyées à Paris de la même manière. Un sentiment de réalisme qui se confirme avec des acteurs qui semblent savoir ce qu'ils font et l'utilisation régulière de la caméra à l'épaule. Le fait d'avoir participer à la guerre dans des conditions similaires rend la vision de Schoendoerffer encore plus évidente, à l'image d'Oliver Stone des années plus tard. Le film se déroule en mai 1954 lorsque la guerre arrive presque à sa fin. Ce qui ne veut pas dire fin du conflit. La 317ème section doit partir pour atteindre le camp de Dien Bien Phu. Malheureusement pour eux, le camp est décimé avant même leur arrivée et le carnage ne fait que de commencer. Le spectateur se familiarise facilement avec la plupart des soldats, que ce soit les français (rares) ou les laotiens (beaucoup plus nombreux), rendant la violence à venir d'autant plus terrible.

Perrin

Y compris lorsque le réalisateur se contente de dire que l'un des rares survivants de la section est finalement décédé durant la Guerre d'Algérie. Le pessimisme ambiant ne cesse de s'accroître avec de moins en moins d'hommes, une typographie où le Français n'est pas en terrain connu (ou pense l'être) et où il n'est jamais en pleine possession de ses moyens. Quand bien même Schoendoerffer montre des soldats efficaces, ils ne sont jamais à l'abri d'un malheur. La preuve avec l'officier incarné par Jacques Perrin, combattif jusqu'au bout. Sans compter ses relations avec le personnage de Bruno Cremer, "malgré lui" durant la Seconde Guerre Mondiale et soldat plus expérimenté synonyme de bons conseils en temps de crise.

Guerre

C'est d'ailleurs lui qui obtient la meilleure réplique du film. Une réplique valable pour toutes les guerres au passage : "Qu'est-ce que ça veut dire dégueulasse ? C'est la guerre.". Le réalisateur montre le bourbier indochinois avec simplicité dans ce qui reste l'un des meilleurs films de guerre français. On dit parfois que les français ne savent pas évoquer les guerres qu'ils ont fait ou qu'il faudrait qu'ils y reviennent systématiquement au fil des décennies. On a bien la preuve ici que cela est faux et que parfois un film suffit amplement (qu'il date de 1965 ou de 2021).

  • Max et les ferrailleurs (Claude Sautet, 1971)

Max

Après Les choses de la vie (1970), Michel Piccoli et Romy Schneider retrouvaient Claude Sautet pour un film policier et ce bien que le réalisateur envisageait d'autres noms. Ici pas d'accident de voiture, mais un "braquage par accident". Par accident car si le braquage a lieu, c'est parce qu'il est fomenté par un policier souhaitant avoir un flagrant délit (Piccoli). Qu'importe que les braqueurs soient des petites frappes sans envergure, voire de simples marginaux. Si bien que le spectateur aura bien plus de sympathie pour ces personnages que pour celui de Piccoli, manipulateur de la pire espèce. Le Policier n'est clairement pas le héros de l'histoire, prêt à se servir d'innocents pour avoir un vulgaire fait de gloire.

Réunion

Il pense qu'avec un braquage arrêté, le crime sera stoppé. C'est uniquement lorsqu'il s’aperçoit de son erreur qu'il retrouve un semblant d'humanité... mais pas trop longtemps quand même. La première scène anticipe un peu trop les événements, mais elle a le mérite de ne pas trop en révéler (elle évoque juste un moment de bascule pour le personnage de Piccoli). L'acteur signe une prestation particulièrement froide et radicale, explosant d'autant plus dans une conclusion saignante. Face à lui, une Romy Schneider aussi fragile que sexy en prostituée se faisant autant avoir que ses comparses. Le regard qu'elle lance à Piccoli dans le café vaut autant que ceux que Brigitte Bardot donne au même acteur dans Le mépris (Jean-Luc Godard, 1963). Pas besoin de flingue avec Romy Schneider, les yeux ont tiré les premiers.

ROmy

Claude Sautet signe un film noir, sans espoir, où l'humanité vient plus de gens pris de l'autre côté de la loi et non de la figure de la justice. Une violence sociale qui tient à la fois de la malchance et de la manipulation la plus crasseuse et dont personne ne sort indemne.

  • L'as des as (Gérard Oury, 1982)

As

Quand le film de Gérard Oury sort en octobre 1982, il est au cœur d'une polémique aussi absurde que stupide. Projeté le même jour qu'Une chambre en ville et avec un succès plus conséquent (5,4 millions d'entrées contre 231 624), des critiques s'insurgent dans Télérama de la couverture médiatique de L'as des as, faisant ainsi du tord au film de Jacques Demy. Il l'aurait ainsi empêcher de toucher un public plus populaire. Le réalisateur de Peau d'âne remercie les critiques pour avoir défendu son film, mais tempère la situation en disant que L'as des as n'est pas responsable de l'échec commercial de son film. La vedette du Oury Jean-Paul Belmondo se révèle beaucoup moins gentil envers les critiques :

  • "Gérard Oury doit rougir de honte d’avoir 'préconçu son film pour le succès'. Jacques Demy a-t-il préconçu le sien pour l’échec ? Lorsqu’en 1974 j’ai produit Stavisky d’Alain Resnais et que le film n’a fait que 375 000 entrées, je n’ai pas pleurniché en accusant James Bond de m’avoir volé mes spectateurs. (…) Oublions donc cette agitation stérile et gardons seulement en mémoire cette phrase de Bernanos : 'Attention, les ratés ne vous rateront pas !".

Un débat stérile qui n'est pas sans en rappeler tant d'autres depuis l'avènement des réseaux sociaux. L'as des as conclue à sa manière la trilogie de comédies historiques réalisées par Gérard Oury. Après l'Occupation en France avec La grande vadrouille (1966) et l'Espagne du XVIIème siècle pour La folie des grandeurs (1971), c'est au tour des Jeux Olympiques de 1936 d'être le terrain de jeu du réalisateur. L'aventure est toujours de mise, non sans une certaine tension. L'as des as évoque les dérives nazies avec l'antisémitisme omniprésent, une famille fuyant l'Allemagne par tous les moyens en compagnie d'un Bebel pas très fan du Moustachu. Dès lors, Oury nous balade de territoire en territoire avec un certain suspense, les nazis étant partout pour trouver la famille avant qu'elle ne passe la frontière autrichienne.

Ours

 

Le réalisateur y va même d'un climax génialement improbable où la famille se retrouve dans la gueule du loup, avec l'ami Belmondo essayant de sauver les meubles malgré lui. Puis L'as des as réserve son beau lot de scènes d'aventures avec des poursuites amusantes (dont celle où Rachid Ferrache a réellement piloté la voiture le temps de quelques secondes, à la grande frayeur de Belmondo et Rémy Julienne), des bagarres musclées, un saut en parachute et un prologue réussi en plein no man's land. Oury signe un pur film d'aventure historique, proposant à Bebel de sortir un petit peu de ses rôles habituels de flic même s'il reste dans le domaine de l'action (un vétéran devenu entraîneur de l'équipe française de boxe). Un plaisir auquel se rajoutent les excellents Marie-France Pisier, Frank Hoffman et Günter Meisner (dans un double-rôle bien trouvé) sur une musique entraînante de Vladimir Cosma.

H

Par la suite, Gérard Oury aura bien du mal à rebondir avec des bides (Le schpountz ou Fantôme avec chauffeur) ou des films clairement pas à la hauteur (La soif de l'or ou La vengeance du serpent à plume). L'as des as signe donc la fin de règne pour un roi du film populaire à la française.

Avion

A la prochaine ! 

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