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26 mai 2017

Falling, falling...

La ville de Twin Peaks est surprise par un drame: la lycéenne Laura Palmer est retrouvée assassinée. Son meurtre sera le début d'une longue odyssée dans une ville pas si tranquille qu'elle n'en a l'air...

Twin_Peaks[1]

Durant longtemps, certains cinéastes se sont formés à la télévision tout comme des scénaristes (Joss Whedon comme Steven Spielberg). Mais des cinéastes s'intéressant à la télévision c'était plus rare avant que l'ami Spielberg ne produise Histoires fantastiques (1985-87). On y retrouvait une pléiade de réalisateurs comme Robert Zemeckis, Kevin Reynolds, Joe Dante ou Clint Eastwood. Fin des années 80, David Lynch fera de même avec Twin Peaks (1990-) en association avec Mark Frost. A cette époque, Lynch est quelque peu mal en point et ce malgré le succès de Blue Velvet (1986). Déjà conscient que l'industrie hollywoodienne risque de lui tourner le dos très rapidement (elle s'en était donné à coeur joie avec Dune), il se lance dans ce projet télévisuel qui dura deux saisons et un film à l'époque. A l'époque, le câble n'étant qu'à ses balbutiements (HBO ne commencera à parler d'elle qu'avec Les contes de la crypte), les chaînes networks osaient encore et engager le réalisateur d'Elephant man relève du coup marketing en or. Si la première saison sera très courte (le pilote et sept autres épisodes) et paraît événementielle, la seconde de vingt-deux épisodes sera non seulement jugée trop longue (la série s'est prolongée alors que l'élément déclencheur était conclu) et sera mal accueillie par la presse et même les acteurs. 

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La chaîne ABC clôtura la série, suite à la baisse d'audience progressive de la deuxième partie de saison. En cause Lynch qui n'était pas totalement impliqué en raison du tournage de Sailor et Lula (1990), laissant Frost un peu tout seul ce qui n'avait pas vraiment plu à la vedette Kyle MacLachlan. Twin Peaks renaîtra une nouvelle fois avec la prequelle Fire walk with me (1992), mais une nouvelle fois l'accueil sera mitigé. Pendant longtemps non-diffusée sur les chaînes françaises (elle le fut à l'origine sur La cinq, morte et enterrée depuis bien longtemps), la série est finalement sortie en DVD et depuis BR grâce à TF1 Vidéo, à cause de longs problèmes de droits. Puis après de longues négociations (il fut un temps où Lynch a failli partir à cause de différents artistiques), voilà Twin Peaks de retour sur Showtime (le câble donc, désormais signe de plus grande indépendance) à partir de cette semaine. Une bonne partie de son casting est revenue (rares sont ceux qui n'ont pas voulu revenir), Lynch est à la réalisation de chaque épisode en compagnie de Mark Frost à la plume et Angelo Badalamenti à la musique. L'occasion de revenir sur cette série indispensable à tout fans de séries ou même de cinéma (on parle de David Lynch, un des réalisateurs les plus appréciés de notre temps), tant elle parvient à être une oeuvre unique en son genre.

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On ne compte même plus les séries qui se sont inspirées de cette série, que ce soit X Files (1993-), Lost (2004-2010), True Detective (2014-2015) ou diverses séries feuilletonnantes. (attention spoilers) Le long des deux saisons, Lynch et Frost ne cesseront de s'emparer du soap opera, ces séries feuilletonantes artificielles qui ne racontent pas grand chose mais qui durent longtemps (Les feux de l'amour par exemple), en vue de déglinguer tous ses codes et fonctionnements. Au final, le meurtre de Laura Palmer (Sheryl Lee) n'est qu'un vulgaire fil conducteur qui mène dans plusieurs directions. Malgré que l'enquête se perpétue du tout début de la première saison jusqu'aux premiers épisodes de la saison 2, la série va bien plus loin et multiplie les sous-intrigues variées. Les deux larrons sont les plus insisifs sur l'aspect romantique, jouant beaucoup sur les relations amoureuses des divers protagonistes de la série, si possible avec une pointe d'étrangeté ou de malaise. Laura Palmer avait de drôles de moeurs, point évoqué largement avant la préquelle qui n'en devient que plus vaine. Le garagiste (Everett McGill) est tiraillé entre sa femme (Wendy Robie) et une des serveuses du coin (Peggy Lipton). L'un des ex de Palmer (Dana Ashbrook) est avec une autre serveuse (Mädchen Amick) marié à un fou furieux qui ne cesse de la battre (Eric Da Re).

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Sur ce dernier point, Lynch et Frost vont même assez loin dans l'intrigue policière sordide, puisque la brute devient handicapé et les deux amants se servent de lui pour toucher des subventions. Une intrigue qui n'aurait pas déplu à l'inspecteur Columbo. Le montage abuse merveilleusement de la musique d'Angelo Badalamenti (compositeur notable des films de Lynch) et Julee Cruise avec la bonne vieille balade au bon moment pour soutenir la romance. Sauf que l'aspect cul-cul est tellement bien amené que cela finit par en être jouissif, un gimmick comique ou vraiment romantique qui fonctionne. Par soap, il y a également la multiplication des coups de théâtre, notamment le final de la première saison qui donne envie de prendre la galette du coffret de la deuxième saison (on n'imagine même pas les réactions à l'époque). La série est également bourrée de personnages plus ou moins barjos, preuve en est avec le père de Laura Palmer (Ray Wise) qui perd complètement les pédales (au point d'en avoir les cheveux blancs); la femme du garagiste perdant la mémoire et tombant amoureuse d'un jeune athlète... Et évidemment le chouchou de votre ami Borat, le gérant de l'hôtel mais également d'un beau bar à prostituées au Canada (Richard Beymer) et son associé qui n'est autre que le célèbre David Patrick Kelly ("Tu te souviens Sully je t'avais dit que je te tuerais le dernier. J'ai menti!") ! 

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Accessoirement, le père manquera de coucher avec sa propre fille (Sherilyn Fenn), engagée afin de trouver des liens dans ses affaires troubles. Heureusement qu'il y avait un masque! Le genre de type sans scrupule avec le cigare dans la bouche. D'autant que comme à son habitude, Lynch en fait un personnage extravagant comme sortant d'un mauvais cartoon avec toujours un petit sourire carnassier. Pour ce qui est des policiers, on en a aussi pour son argent. Si le shérif (Michael Ontkean) est tout ce qu'il y a de plus normal, le reste est pour le moins éclectique. MacLachlan incarne un personnage atypique parlant systématiquement à son magnétophone Diane, laissant planer comme un sentiment d'étrangeté dans les apparitions de l'agent Dale Cooper. Il est aussi spécial à cause de ses visions qui lui permettent d'élucider des crimes et le plus amusant c'est que ça marche. Par ailleurs, on ne le saura que dans la deuxième saison, mais il s'agit aussi un être meurtri par la mort de sa bien-aimée, traquant sans relâche le fameux Bob (Frank Silva), y compris dans la ville où il devient finalement un habitant comme un autre. Il perdra beaucoup en restant à Twin Peaks (tragique terminus pour Heather Graham), jusqu'à un dernier plan de la série (ce que l'on pensait à l'époque) à la fois étrange et terriblement triste.

TW

 

Il y a aussi tout un quiproquo amoureux entre le gentil flic (Harry Goaz), la réceptionniste (Kimmy Robertson) et le possible père du bébé qu'elle a dans le ventre, ce qui donnera des situations merveilleuses. Puis il y a les guests incarnés par le regretté Miguel Ferrer (il effectuera sa dernière prestation dans la troisième saison) et David Duchovny alimentant l'excentricité globale de la série. Enfin, il y a le rôle que s'octroie David Lynch, un autre agent du FBI particulièrement sourd et qui gueule beaucoup en conséquence. Ce qui donne des situations absolument comiques et notamment face au shérif qui n'est pas très enchanté, au contraire des serveuses qu'il entend très bien. Un vrai romantique ce David. Mais ce qui marque considérablement le show, c'est le ton absolument lynchien du programme et même quand il ne fut pas à la barre (ce qui se ressent beaucoup dans la seconde saison, la première étant tout simplement parfaite), la série reste toujours ovniesque dans le paysage télévisuel. C'est du pur David Lynch entre réalisme et folie furieuse (les scènes sanglantes), voire d'une hystérie totale (les apparitions de Bob), le tout saupoudré par Mark Frost ayant combler plus d'un trou dans la série. On retient également un grand nombre de séquences délirantes, à l'image des scènes dans la chambre rouge entraînant souvent le malaise et où le temps semble s'arrêter (y compris le langage).

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Une fois le meurtre de Laura élucidé, la série part parfois dans tous les sens, ce qui pourra laisser plus d'une fois le téléspectateur sceptique et notamment les non-connaisseurs de la filmographie de Lynch. Un détour dû en principe à la chaîne qui voulait à tout prix une conclusion au meurtre de Laura en milieu de saison, tout en continuant la saison à plus de vingt épisodes. Comme souvent, les histoires les plus courtes sont les meilleures et d'ailleurs, Lynch envisageait de continuer encore l'enquête bien après la troisième saison. Une preuve de plus que son intérêt n'était pas forcément porté sur Laura, mais sur la ville entière et ses protagonistes. La série bénéficie également d'un excellent casting, la palme à MacLachlan qui est d'un charme absolu en mangeur de tarte à la cerise et buveur de café. Le film Fire walk with me doit en revanche se voir après avoir vu la série ou alors pas du tout. Il a beau ressembler à du Lynch avec son lot de trips visuels (on pense au changement de tête du violeur), mais cette préquelle est franchement inutile au possible. Elle ne présente rien de plus que ce que l'on sait déjà et surtout elle dénature complètement les personnages. Certains y verront une occasion de prolonger le plaisir de la série, d'autres préféront définitivement s'en passer quitte à gagner du temps.

TP 2

Un film qui ne s'est pas fait sans heurt, plusieurs des acteurs n'ayant pas souhaité revenir suite à des désaccords vis à vis de la saison 2 (Lara Flynn Boyle ne reviendra jamais). Kyle MacLachlan a failli ne pas revenir et a demandé à avoir un petit temps de présence dans le film. Au final, on ne le voit qu'au début avec une des premières affaires et on n'en sait pas plus. C'est dire à quel point l'ambiance autour de la production de ce film sentait le roussi. Il faudra bien vingt-quatre ans pour réunir à nouveau les camarades Lynch et MacLachlan. Une éternité diront certains. (fin des spoilers) Quittons donc Twin Peaks, ses ruelles, ses habitants avec une certaine mélancolie sur le titre magnifique Falling qui orne le générique. Avant d'y revenir à nouveau...


Article initialement publié le 22 novembre 2013.

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Commentaires
B
Sans Frost elle serait morte bien avant. D'ailleurs le coco s'est vu assez inspiré pour tirer un livre avec des histoiures supplémentaires en plus de la saison 3.<br /> <br /> Je préfère davantage Mulholland drive au film Twin peaks. Et encore comme je le disais chez toi, Mulholland drive n'est pas pour moi un classique vénéré. Je préfère ses premiers films hors Dune.
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P
Excellente série dont tu rappelles à juste titre qu'elle n'est pas que l'œuvre de Lynch, mais que Mark Frost y tient une place très importante.<br /> <br /> En revanche, le film est une œuvre purement Lynchienne qui synthétise parfaitement les éléments les plus symptomatiques de la série (Lynch lui fait d'ailleurs un sort en fracassant d'entrée un poste de télé à la hache). Il s'agit là d'œuvre séminale qui annonce "lost Highway" et "Mulholland drive".
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2
J'ai regardé une fois le premier épisode. J'ai plutôt bien aimé, mais j'ai toujours beaucoup de mal à suivre avec assiduité les séries, donc je n'ai pas vu les épisodes suivants.
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T
Normal Vince que tu aies pas aimé le film, vu que tu ne connais pas la série.
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V
Je ne connais malheureusement pas la série. Par contre je n'ai pas du tout aimé le film et pourtant j'adore Lynch
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