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27 novembre 2014

Cuvée Rocky class hero

Dans la Cave de Borat, on aime bien certains acteurs. Il y a quelques temps, je faisais honneur au plus grand des barbares, le plus criminel des cyborgs, le dernier action hero, le chasseur de Predator... ce bon vieux Arnold Schwarzenegger dit Schwarzy pour les intimes. A l'aube de la sortie d'Expendables 3, j'aurais très bien pu me fader d'un hommage virulant envers une bande qui sent un peu trop la naphtaline (désolé pour certains que j'aime bien comme les amis Dolphie, Harrison, Melou, Wesley et autres Transporteurs, mais le film là ce n'était pas possible). Et puis fut venu l'éclair de génie. Quoi de mieux pour évoquer ce bon vieux Sylvester Stallone qu'en en faisant un portrait en repensant à Rocky, ce personnage qu'il a crée? Ce héros parti de rien et devenant le héros de l'Amérique avant de redevenir le working class hero qu'il a toujours été. Cet acteur que tout le monde pensait mort à la fin des 90's et au début des 2000's et revenu d'entre les vieux débris pour redevenir un des vieux briscards les plus populaires chez les jeunes. Plus que Rambo, son autre personnage phare, Rocky reste son alter-ego pur et dur au point de parfois se confondre. Revenons donc sur le parcours simultané de deux héros du cinéma d'action qui sont à deux la même personne.


 

1976: Naissance de Rocky/Sylvester Stallone

Rocky : Photo John G. Avildsen, Sylvester Stallone

Sylvester Stallone n'est à cette époque qu'un petit figurant dans quelques films (on pense notamment à Bananas), y compris dans un film érotique dont son producteur se fera des couilles en or après la sortie du succès de 1976 et venait d'avoir un beau rôle dans la production Corman La course à la mort de l'an 2000. Il n'en reste pas moins que Stallone est tout petit et qu'il a du mal à s'imposer. Rocky sera sa voix de sortie. Pourtant, United Artists ne veut pas de lui comme acteur, se gardant de le garder scénaristique, la réalisation revenant à John G Avildsen. Au final, il n'en sera rien car une chose est claire: Rocky c'est Stallone tout craché. Jugez plutôt: un petit jeunôt italo-américain qui essaye de se faire un chemin dans le milieu qu'il convoite (Rocky la boxe, Stallone le cinéma) jusqu'à atteindre le sommet. Car si Rocky (désolé pour le spoil mais vous en aurez durant toute cette cuvée) ne gagne pas, Stallone lui oui. Il devient une étoile montante, rafle l'Oscar du meilleur scénario devant ceux qui n'ont pas voulu de lui et a trouvé un héros qui lui correspond. Une étoile est née comme disait le film.


 

1979: Retour sur le même ring

Rocky II : Photo Carl Weathers, Sylvester Stallone

Sylvester Stallone a beau avoir cassé la baraque, la suite est un peu rude. Il ne trouve qu'un seul rôle dans un film qu'il ne scénarise pas à savoir Fist (pour le syndicat, pas la pratique sexuelle bande de gredins) et La taverne de l'enfer lui permet surtout de se faire la main à la réalisation, étant très mal reçu à sa sortie. Il lui faut donc revenir et quoi de mieux qu'un nouveau Rocky, qui plus est avec lui à la réalisation? Après tout, ce héros lui ressemble tant et à vrai dire un peu trop. La première partie montrant un Rocky fortuné et connaissant désormais la gloire n'est pas sans évoquer son interprète lui-même ovationné mais sur un seul coup. Il doit encore faire ses preuves dans l'industrie. Les chiffres de Rocky II: La revanche confirmeront cela. Pour l'instant, Stallone n'est la star que d'un seul film et devra persévérer pour s'imposer. Surtout qu'un certain Arnold commence à tourner.


1982: L'oeil du box-office

Rocky III : Affiche

Plus que sur Rocky II: La revanche, les choses changent radicalement sur Rocky III: L'oeil du tigre. Stallone commence à s'imposer sur le marché enchaînant un duel avec Rutger Hauer (Les faucons de la nuit) et a fait le con en jouant au football dans A nous la victoire. Même si les films ne sont pas des cartons, Stallone continue à creuser son sillon et c'est tout naturellement qu'un troisième Rocky se dévoile. Avec Rocky III, Stallone s'embourgeoise, a plus de fric et veut le montrer. Son héros devient un golden-boy patraque faisant le con avec Hulk Hogan le temps d'une scène ridicule. L'heure n'est plus au petit working class hero, maintenant Rocky/Stallone veut en mettre plein la vue, y compris en faisant du marketing avec le tube Eye of the tiger) et quoi de mieux qu'un affrontement avec un méchant qui lui envoie autant de punchlines que de coups pour le réveiller? Il fallait bien un Mr T hargneux et d'une rare virulance orale pour réveiller l'oeil du tigre qui sommeillait sous le costard cravate trop propre de Rocky/ Stallone. Y compris en pactisant avec son ancien ennemi aka Apollo Creed (Hollywood qui ne voulait pas de lui, maintenant à ses pieds?), même lors d'une séquence plus que douteuse à la mer! Avec Rocky III, Stallone devient une star indéboulonable, un peu comme son héros. Un statut qui va souvent le mettre en facheuse posture par la suite.


 

1985: Stallone/Rocky patriote

Rocky IV : Photo Sylvester Stallone

Stallone n'est plus la star montante, désormais c'est la plus grosse star du marché du film d'action, emboîtant le pas avec son concurrent à deux francs (je dis cela car leur concurrence fut aussi crédible que celle entre Sharon Stone et Demi Moore durant les 90's pour être la plus vulgaire!) Arnold Schwarzenegger. Il crée un nouveau héros la même année que Rocky III avec Rambo, cet ancien combattant au Vietnam traîté comme un moins que rien. Désormais, Stallone devient le symbole du vétéran revenant au pays, toujours une sorte de working class hero, en peut être plus tragique. Avec Rambo, il revenait à une humanité digne de celle de Rocky. Pourtant dès le film suivant, retour au bourrinage pur et dur, plus de sentiments et nanar merveilleux à mettre dans son lecteur cassette alors balbutiant. A cela rajoutez son expérience dans la comédie-musicale avec Staying Alive, sequelle improbable de La fièvre du samedi soir qu'il réalise! Une bonne blague comme ce cher Rocky IV qu'il tourne la même année que First Blood 2. L'ironie veut que ses deux héros soient parasités dans des voies reganiennes à se bidonner tant elles naviguent le patriotisme pompeux et délirant.

Stallone tout comme Rocky (et en soi Rambo) deviennent des symboles de l'Amérique pure et dure, défonçant la gueule des vilains soviétiques qui se dopent et leur scandant des chansons à se rouler par terre telles le Living in America de James Brown aussi rythmiquement fun que diaboliquement écoeurant dans son texte. Stallone et Rocky en rajoutent une couche dans un discours final dont le public se serait bien passé et assurant l'hilarité la plus totale des spectateurs désormais plus dupes de la propagande qu'ils avalent.


 

1990: La chute d'une étoile

Après Rocky IV, Sylvester Stallone continue sur sa lancée, accumulant les projets. Il collabore avec la Cannon sur les très bourrins Over the top et Cobra; joue les prisonniers rageux dans le très nanar Haute sécurité; forme un duo assez pauvre avec Kurt Russell, autre grand homme d'action des 80's, au détour de Tango et Cash; et son colonel Trautman fait des vannes anales dans le bien lamentable Rambo III. La carrière de Stallone prend un virage bourrin qui lui fera terriblement défaut et Rocky V ne fera que confirmer cela. Son héros n'est plus qu'un banal entraîneur qui corrige son ancien apprenti le temps d'une risque de rue. Plus de noblesse, plus d'envie, plus d'intérêt. Son héros de toujours, son homologue est en soi mort dans l'oeuf. En voulant le remettre face à ses origines, Stallone s'est foutu une épine dans le pied, parvenant difficilement à se relever un probable échec. Et les échecs qui vont suivre feront aussi mal que ce Rocky V qui annoncera la déroute 90's avec une violence inouïe. Le public n'y croît plus et ne s'y prendra pas à deux fois pour bouder ce cinquième volet. Un signal que Stallone mettra seize ans à comprendre.


 

2006: Résurrection d'un champion

Rocky Balboa : Photo Antonio Tarver, Sylvester Stallone

Durant les 90's, Stallone se plonge la tête la première dans des productions pas possibles: un remake d'Oscar (!), un film où un tunnel s'effondre et où il débarque en sauveur de la dernière chance (Daylight), l'adaptation impayable de Judge Dredd, Arrête où ma mère va tirer (tout est dans le titre), un thriller avec Sharon Stone (L'expert) ou un réglement de compte foireux avec Antonio Banderas (Assassins). On ne retiendra réellement que Copland (où il s'est énormément investi) et Cliffhanger (son film d'action phare des 90's et un des meilleurs films de son réalisateur). Quant aux 2000's jusqu'en 2006, il n'a cessé d'accumuler les casseroles, ne réussissant jamais à revenir sur le devant de la selle. Son remake de La loi du milieu? On oublie. Son film ringard sur la F-3 qu'il a porté avec Renny Harlin? On oublie. Son auto-parodie digne des Guignols chez Robert Rodriguez? On oublie. Son apparition dans le troisième volet d'une franchise française bien connue? On oublie. Que des films qui se viandent ou alors ne le mettent jamais en valeur, fruit de choix désastreux. Alors que reste-t-il? Les anciens héros? Bien mais est-ce que les gens attendent un nouveau Rocky ou un nouveau Rambo

Déçu des derniers volets respectifs des deux sagas, le spectateur aura t-il envie de redonner du cachet à des héros qu'il a aimé dans les 80's, mais plus une fois adulte? Tel était le défi de Sylvester Stallone lorsqu'il réalise primordialement Rocky Balboa. Si ce film ne marche pas, il ne fera certainement pas de Rambo IV. Alors il mise tout en mission de la dernière chance. Montrer que comme Rocky, il en a revendre et qu'il a encore quelque chose à prouver. Montrer à Hollywood qu'il peut encore gagner et pas seulement dans des films à récompenses (on pense à Copland). Rocky redevient ce working class hero mais cette fois-ci vieillissant et terriblement seul. Plus d'Adrien pour le soutenir. Stallone comme Rocky est seul face à la pression d'un nouvel échec. Il n'en sera rien. Rocky Balboa symbolise à la fois le retour fracassant d'un héros de notre enfance ou adolescence et le come-back mérité et méritant d'une étoile qui s'était perdu. Même si tout n'est pas rose pour Sly, désormais l'affront sera moindre et il a imposé le respect au point que le come-back de son ancien rival Schwarzy s'est fait par quatre fois sous son égide (la trilogie Expendables et Evasion). 

Allez à la semaine prochaine!

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Commentaires
T
"Cliffhanger (son film d'action phare des 90's et un des meilleurs films de son réalisateur)." Désolé, mais, le meilleur film de Stallone des années 90 pour Sly reste Demolition Man. Quant à Harlin, son meilleur film reste Au revoir A Jamais, Cliffhanger est bien en dessous. Un copain m'a prêté la saga Rocky jusqu'au 5, je verrais ce qu'il en est, mais, article intéressant.
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G
On peut reprocher facilement le patriotisme exagere dans les series "Rambo " et "Rocky " : les yankee sont toujours les "bons " et les "gagnants " ! Heureusement qu'il y'a eu "Coming Home "avec Jane Fonda et "Apocalyse Now ' pour nous reveler la cruaute des soldats americains !
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2
Un bien bel article qui montre à quel point le parcours de Rocky est indissociable de celui de son interprète.
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P
Bel article revival sur une saga qui ne m'a jamais tellement emballé. J'aime le premier, mais sans plus (je lui trouve de gros défauts que j'ai exposé dans un article) et j'aime aussi le 5 comme objet de propagande (as-tu vu cet instructif docu diffusé sur Arte qui décrypte le film et le replace dans son contexte ?)
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V
J'avais un attachement particulier à cette série vu ma passion pour la boxe (qui a diminué quelque peu), ais je la trouve un peu trop marqué par le rêve américain aujourd'hui. <br /> <br /> Le premier lança le mythe en reprenant le combat Ali vs Wepner. le second était dans la redite. le 3 sombrait clairement dans le film d'action bourrin à tendance nanardeuse, mais il y'a avais des trucs intéressants. On voit clairement les références au combats majeurs poids lourds des seventies (Mr T étant un mix entre le jeune Cassius Clay et surtout George Foreman mais préfigure également Mike Tyson). Le combat de catch est d'ailleurs tiré d'un fait réel. Stallone s'est à nouveau inspiré de Chuck Wepner qui avait affronté le catcheur André le Géant. Quelque part Stallone montre ce que devient la boxe. <br /> <br /> Pour le 4, lui prêter un aspect propagandiste me paraît lui donner trop d'importance. C'est juste un film d'action qui joue sur les clichés. Combien de films l'ont fait et le font encore. Rient que sur les russes on peut évoquer les James Bond. <br /> <br /> Le 5 pouvait être intéressant dans le sens où il montrait un champion qui était condamné à vivre dans l'ombre d'un autre, mais c'est clairement un raté et Tommy Morrisson a perdu un an pour sa carrière.<br /> <br /> Le 6 reprend un peu le mythe du vieux George Foreman mais surfe sur la tendance du champion (éphémère d'ailleurs) Antonio Tarver interprétant Mason Dixon champion des lourds (alors qu'il n'était que Mi Lourd).<br /> <br /> Une saga intéressante mais clairement très américaine.
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