Perdus dans le temps et dans la nullité.
Godefroy de Montmirail a beau être revenu dans son temps, Jacquouille est resté dans le présent et a volé les joyaux de la courone. Pour sauver son beau-père, Godefroy repart avec Jacquart en 1993 pour retrouver les joyaux...
En 1993, Les Visiteurs cassait la baraque avec plus de 13 millions de spectateurs au compteur, signant le grand retour de Jean-Marie Poiré après quelques déconvenues. Un peu comme l'avait fait Retour vers le futur de Robert Zemeckis (qui ironiquement a le même thème du paradoxe temporel), Poiré et Clavier avaient signé une fin ouverte annonçant une possible suite. Pourtant, la suite mit quatre ans à sortir. Entretemps, le duo s'est planté artistiquement (mais pas commercialement) avec Les anges-gardiens, beauferie où notre Gégé national était en totale roue-libre (ce qui peut être un atout comme un inconvénient) et Clavier était surexcité au possible. Valérie Lemercier n'a pas voulu reprendre le rôle de la miss au "poncho" et ce avant même un premier jet. Poiré fera ce qu'il a à faire, mais Lemercier ne reviendra jamais. Elle sera finalement remplacée in extremis par Muriel Robin (aie!), faisant retourner plusieurs scènes pour la séquence post-générique de début faisant un résumé de l'intrigue du premier. Evidemment, la plupart du casting est de retour y compris certains second-rôles. En février 1998, Les couloirs du temps- Les Visiteurs apparaît plus encore que le premier film comme un véritable blockbuster à la française, le genre qui va tout casser au box-office.
Cela passe par une grosse campagne marketing avec même jouets à l'appui (je peux en témoigner). Pourtant, le film est bien moins accueilli que le premier et évidemment marche moins bien, effet de surprise en moins aidant (8 millions de spectateurs tout de même). Peut être que le film était moins attendu que ce que ses instigateurs le pensait. Il n'en reste pas moins que cette suite directe reste tout de même un mauvais film. On a souvent l'impression de revoir le même film et surtout que les situations au sein même du film sont répétitives. Pour preuve, à quoi sert le passage du mari dentiste de Béatrice au Moyen-Age, si ce n'est rééditer Jacquard dans le même genre de situation quelques minutes plus tôt? Un passage d'autant plus inutile que si le personnage est sympathique (le genre parfait beauf bourgeois qui s'ignore), il n'en reste pas moins un second-rôle mineur. De plus, il ne sert àç rien dans cette péripétie. Par la même occasion, une sous-intrigue s'installe avec le fameux cousin Hubert évoqué dans le premier et dont la famille fait son apparition. On aura donc droit à un mariage où Godefroy fera le père amenant la fille à l'autel. Une sous-intrigue juste là pour en rajouter une louche à un film au combien répétitif.
On retrouve peu ou prou les mêmes gags que dans le premier, à l'image du facteur se retrouvant encore face "aux malades" ou Jacquouille faisant le con avec le téléphone. Sans compter que les personnages ne sont pas mieux développés, au contraire d'un film comme Les bronzès font du ski (scénarisé par le même Clavier mais dix-huit ans plus tôt) qui enfonçait le clou avec ses personnages truculents. Une formule qui marche une fois oui, mais la deuxième fois il vaut mieux renouveller. Ce n'est jamais le cas ici, le film reprenant constamment ses racines aux mêmes endroits. Par ailleurs, la fin ouverte permet de sauver les meubles, rajoutant un ultime quiproquo qui attendra quand même dix-sept ans pour avoir une suite (ce qui n'a rien de rassurant). On peut également remarquer que le montage s'avère parfois étrange. On a parfois l'impression que le rythme s'accélère brutalement au cours d'une scène , les plans s'alignent à une vitesse folle d'autant plus sans réelle utilité. Sans compter que les effets-spéciaux et incrustations sont plus d'une fois dégueulasses. Cela se confirme avec cet arrosoir fou et terriblement artificiel qui gigote dans le vide devant un Clavier se demandant où il doit regarder. Un effet malheureux qui confirme en soi une production pleine de fric, mais n'ayant paradoxalement pas le matériel adéquate de ses ambitions. Quant aux acteurs, on tutoie le cabotinage de la pire espèce (Clavier first!) et la catastrophe totale (Muriel Robin est affreuse du début à la fin essayant de singer le jeu de Lemercier).
Une suite ratée qui répète les mêmes situations sans jamais atteindre son but.