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14 juillet 2015

Cuvée sous toile

Alors qu'Ant Man (Peyton Reed, 2015) sort en salle aujourd'hui et que Spider-man compte bien revenir sous un nouveau visage (celui de Tom Holland pour une version où le tisseur aura une quinzaine d'années et apparaîtra dès le début de la phase 3 du Marvel Cinematic Universe), l'occasion était trop bonne pour la Cave de Borat de parler avec nostalgie de super-héros à l'écran. En ce même 14 juillet sortait Spider-man 2 il y a onze ans. Votre cher Borat va donc revenir aujourd'hui sur la trilogie de Sam Raimi, pièce fondatrice au même titre que X Men (Bryan Singer, 2000) d'une certaine place du super-héros dans le cinéma hollywoodien du XXIème siècle. Avant cela, l'ami Spidey a eu bien des vies. D'abord par des séries animées (celle des années 60, sans compter l'excellente série des 90's, ternie par deux autres plus que médiocres), puis une série live-action américaine (dont certains épisodes ont été compilé pour sortir au cinéma par chez nous) et une autre japonaise (exhumée par le Joueur du grenier, avec tout le folklore habituel de méchants sortant de sentaï); un projet d'Alain Resnais (ami de Stan Lee) et un autre de la Cannon qui ne s'est heureusement pas fait. Enfin, Menahem Golan s'est quand même payé Captain America (réalisé par Albert Pyun en 1990), dont son réalisateur a totalement remonté le film, mais c'est une autre histoire.

Storyboard pour le projet "James Cameron's Spider-man".

Les projets de James Cameron et David Fincher étaient bien plus particuliers. Les deux réalisateurs voulaient jouer sur le côté adulte du personnage (Cameron sur l'aspect possiblement sexuel, Fincher sur un héros conscient d'être un monstre). Le premier voulait faire intervenir Electro et l'Homme sable (déjà); et Fincher résumait les origines du personnage dans un générique (soit bien avant Watchmen de Zack Snyder) tout en faisant tuer Gwen Stacy. Cameron avait même un casting quasiment fait: Leonardo Dicaprio en Peter Parker; Michael Biehn (un temps pressenti pour Spidey) en Electro; Lance Henriksen en Homme Sable; Nikki Cox en Mary Jane; et Maggie Smith en Tante May. Deux projets plus adultes, mais surtout très alléchants qui ne se sont pas fait soit pour des problèmes de studios et de droits (pour le Cameron, on y reviendra un de ces jours dans la Cave de Borat), soit par désintérêt (Fincher a fini par aller sur Panic Room également produit par Columbia). Le tout laissant le champ libre pour Sony d'embaucher un Sam Raimi qui ne demandait que ça. Allez c'est parti (attention spoilers).

  • Spider-man (2002) : L'école est finie

sm

Sam Raimi se l'est toujours vanté: il est un grand fan de Spider-man. C'est donc en véritable fanboy comme Bryan Singer sur X Men qu'il accepte de se lancer dans l'aventure. Il s'agit également de sa première grosse production, ses films précédents à commencer par la trilogie Evil Dead (1981-1992) ayant toujours été des budgets modestes, y compris Darkman (1990) pour Universal (déjà un super-héros mais créé de toute pièce, ce qui le rend encore plus novateur) et Mort ou vif pour Columbia (1995). La vision de Sam Raimi est simple et finalement logique: Peter Parker (Tobey Maguire) sortira progressivement du lycée (contrairement aux The amazing Spider-man qui devaient initialement le mettre en scène au lycée, avant de faire n'importe quoi dès le début du second opus; et au reboot à venir) et entrera petit à petit vers l'âge adulte. Celui de l'emploi, mais aussi celui de l'Homme dans le monde qui l'entoure, en même temps qu'il découvrira ses pouvoirs. La voix-off de Parker nous aide à nous insérer, mais la narration est suffisante pour pouvoir s'en passer assez rapidement. Peter nous est présenté rapidement: l'oncle Ben est au chômage (Cliff Robertson), la tante May (Rosemary Harris), son amour secret Mary Jane Watson (Kirsten Dunst) n'est autre que sa voisine, son meilleur ami le fortuné Harry Osborn (James Franco) et bien sûr le père de ce dernier Norman à la tête d'Oscorp (Willem Dafoe). En moins de dix minutes, Raimi a présenté tous les principaux intervenants du métrage et peut ainsi enchaîner sur la morsure.

"Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités."

La morsure donne subitement un changement: le gringalet devient subitement musclé, comme le signe d'une croissance soudaine et d'une puberté évanouie. Quant à la toile sortant naturellement, certains comme Olivier Delcroix dans Les super-héros au cinéma (2012) ont fait le rapprochement avec le sperme. Une conclusion pas si hâtive étant donné que le personnage découvre son corps lors de la séquence du réveil et par la même occasion ses pouvoirs. La puberté est abordée ici de manière crédible, qui plus est dans un blockbuster à grand spectacle. En contrepoint, Raimi présente peu à peu la némésis de Parker qui n'est autre que le père de son meilleur ami. Un scientifique raté et lâché par ses investisseurs qui va découvrir un sérum le rendant plus violent. La première victime sera son assistant, la première d'une longue liste que Parker va devoir arrêter progressivement. Norman Osborn est montré suite à cela comme un personnage schizophrène, sa personnalité diabolique prenant peu à peu le pouvoir sur un homme bafoué mais impuissant, incapable de préserver sa société. Le Bouffon Vert va l'aider à se venger mais un imprévu arrive: Parker. Peter prend possession rapidement de ses pouvoirs: alors que quelques mois auparavant il aurait dû se faire rétamer, il finit par battre Flash Thompson (Joe Manganiello) au corps à corps. De même avec le catcheur qu'il affronte pour se faire de l'argent.

Un héros qui change physiquement et approche ses pouvoirs.

L'occasion pour Raimi d'expérimenter dans des séquences où les sens du héros sont montrés dans les moindres détails, que ce soit une mouche qui vole, un crachat ou un poing arrivant derrière lui. La seule mauvaise action que Peter fera dans ce film se répercutera directement sur son oncle: il a refusé d'arrêter un criminel, ce criminel a tué son oncle. On ne peut pas faire plus fataliste, mais voilà la grande leçon qu'apprend Peter dans ce premier opus: s'il avait arrêté ce criminel, il n'y aurait rien eu. Raimi questionne son héros, d'autant qu'en même temps il a son diplôme et entre dans la vie adulte avec l'université, les photos pour Jonah Jameson (un personnage haut en couleur auquel JK Simmons donne son meilleur) et son alter-ego l'Araignée. Peter devient un héros car il le veut et aussi parce que son oncle est mort à cause de lui, pour éviter que d'autres Oncles Ben ne meurent dans des circonstances identiques. L'âge adulte se dévoile autrement par les personnages d'Harry et Mary Jane. Harry est aussi amoureux de MJ, mais a plus d'assurrance au détriment du savoir. S'il a reçu son diplôme c'est en partie grâce à Peter. De plus, il a une confiance aveugle envers son père, l'empêchant de voir à quel point il tombe bas. Mary Jane est le cas typique de la jeune fille qui n'a pas de chance: c'est l'horreur à la maison, elle veut devenir actrice, mais en attendant elle doit être vendeuse de burger.

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Mary Jane la fille de ses rêves (et des nôtres aussi).

La jolie fille qui ne demande qu'à vivre ses rêves. Sans compter qu'un baiser devient subitement un questionnement impayable entre deux jeunes gens venant de sortir de l'adolescence, la fille comprenant subitement que le héros et son ami sont une seule et même personne. La subtilité des sentiments par Sam Raimi. Outre le portrait de ses personnages plutôt bien troussé, le film de Sam Raimi apparaît comme novateur en 2002. Désormais il n'est pas question d'avoir un costume ridicule, celui que portera Tobey Maguire sera saillant. De plus, les déplacements de Spidey dans les airs se feront par la Spider cam, système de câblages permettant à une caméra de se déplacer dans l'espace, en l'occurrence ici entre les buildings de New York. Seulement ensuite l'ami Spider-man apparaîtra par doublure numérique ou grâce à un fond vert. Visuellement, on peut très facilement distinguer le vrai du faux désormais. Le plus évident restant la scène où Peter met son masque pour pourchasser le tueur de son oncle. On ne croit pas une seconde que c'est Tobey Maguire qui fait les gestes! Pourtant on ne pouvait pas trop faire autrement. L'air de rien, Spider-man réussit encore parfaitement son coup d'un point de vue visuel, sachant jouer suffisament bien avec les cgi pour donner lieu à un spectacle impressionnant. Se dire aussi que grâce à Spider-man d'autres défis plus complexes furent réalisables, comme faire voler Superman de manière crédible ou dans une moindre mesure montrer le Ghost Rider ou Hulk au cinéma.

Peter Parker un héros qui souffre.

Spider-man peut désormais se faufiler entre les buildings sans enconbre et en étant crédible à l'écran. Ce que l'on demandait aux films de super-héros et en particulier les plus proches du fantastique comme Spidey. Pour ce qui est des acteurs, Tobey Maguire fut peut être trop vieux déjà en 2002 (26 ans à l'époque du tournage), engendrant ainsi un côté cocasse en le voyant au lycée. Un peu le cas aussi avec la plupart des acteurs, en dehors de Kirsten Dunst qui avait seulement vingt ans à l'époque (et mignonne comme tout). Willem Dafoe est parfait en Bouffon Vert, pas trop dans le cabotinage excessif. L'air de rien, le film se révèle assez sombre, Spidey se prenant beaucoup de coups, son assurance ne l'empêchant pas de souffrir. Preuve en est le final où il se prend une sérieuse dérouillée par le Bouffon Vert. On ne demande pas tant d'un super-héros dans un blockbuster: montrer un héros vulnérable et avec des failles.

  • Spider-man 2 (2004) : Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités

Succès du film oblige, nous revoilà deux ans plus tard en plein été à découvrir les nouvelles aventures de Spider-man. Deux ans semblent avoir aussi passer dans la chronologie des films, comme le confirme Tante May quand elle évoque la mort d'Oncle Ben. Les choses semblent avoir changées et Sam Raimi compte bien mettre à rude épreuve son héros principal. En quelques minutes, on apprend le statut actuel de Peter: il perd son job à cause de Spider-man (un sauvetage pour des pizzas non-payées), il n'est pas en cours à cause de Spider-man, il habite un appartement miteux où son loueur lui demande sans cesse le loyer (même aux toilettes, Raimi ayant un certain sens du gag ne l'oublions pas) et Jonah Jameson ne cesse de le virer, réengager, virer... Curieusement, les pouvoirs de Peter semblent s'étioler en même temps que son existence devient déprimante. Alors que Mary Jane est en plein succès (elle est enfin devenue actrice), Harry perd de l'argent avec l'accident du Docteur Octavius (Alfred Molina). Le point de non-retour se fait en une scène. Raimi dézingue tellement Peter Parker que le personnage en vient à se remettre en question: celle qu'il aime va se marier avec un autre, qui plus est le fils de son patron ("Appelle le traiteur, dis lui de ne pas ouvrir le caviar.") et son meilleur ami le ridiculise en public, car il est "ami" avec Spider-man.

La décadence d'un héros résumée en une séquence, pas besoin de plus. Il suffit de voir la réaction quand Peter voit Mary Jane dévaler les escaliers pour voir un homme bouffé par les remords, ne pouvant dire à ses amis et sa seule famille qu'est Tante May qu'il est un super-héros adulé des new-yorkais. Raimi renvoie également Peter à ses responsabilités: avouer ce qui s'est passé lorsque Ben est mort. Une séquence où la musique de Danny Elfman se coupe nette, laissant place aux paroles de Tobey Maguire à Rosemary Harris, la réalisation se veut simple jouant sur les champs-contrechamps. Pas besoin d'une musique qui aurait fait dans le pathos (même si Elfman ne l'a jamais fait sur Spider-man). Lorsque Peter reprend sa vie normale hors de Spider-man, Raimi en vient même à se la jouer Butch Cassidy et le Kid en mettant volontairement la chanson Raindrops keep fallin' on my head (BJ Thomas, 1969). Dans le film de George Roy Hill (1969), elle était utilisée pour un moment de tranquillité où les hors-la-loi se retrouvaient à faire du vélo. Ici c'est un peu pareil, Parker retrouvant une vie qu'il n'avait plus. Au point même de laisser un homme se faire tabasser à mort en arrière-plan. Un plan glauque car met à l'épreuve Peter: doit-il faire justice ou faire comme tout le monde et laisser cet appel à l'aide dans le vent? Malheureusement la seconde option s'impose. 

Un aspect que l'on pouvait aussi retrouver dans le script de Cameron, puisqu'à un moment le héros n'avait pu sauver quelqu'un. Le questionnement de ce qu'est un héros et ses conséquences sont au centre de cet épisode. Est-ce qu'être un héros implique de se couper des gens qu'on aime pour les protéger? Est-ce que les protéger n'engendre pas des désillusions et des mensonges éternels? Est-ce que les responsabilités font l'Homme ou le Héros? Des questions qui auront des réponses dans un dernier tiers où le héros est face à deux beaux cliffhangers : son meilleur ami découvre sa réelle identité, annonciatrice d'un affrontement inévitable entre deux amis qui ne se comprennent plus; et Mary Jane devient une bonne fois pour toute l'amante de Peter, le laissant faire son travail de justicier masqué. Le dernier plan est d'ailleurs plutôt ambigu. La jeune femme en robe de mariée (comme un euphémisme: la mariée vient retrouver son âme-soeur le jour même de son mariage) contemple son amant partir aider les autorités au loin, mais le plan est étrange. Une ombre semble planer sur elle, comme pour dire que le plus dur reste à venir et qu'il va falloir accepter que son âme soeur parte la nuit pour sauver des vies (et pas forcément la sienne). Peter, Harry et Mary Jane ont changé: ils sont devenus adultes. Peter un justicier accompli; Mary Jane une actrice prête au sacrifice par amour; et Harry un homme d'affaires aigri par la mort de son père et les accidents de parcours.

Mary Jane contemplant un avenir loin d'être sans acrocs.

Et le méchant dans tout cela? Hé bien il n'en est pas tellement un. Otto Octavius est surtout un scientifique essayant malencontreusement de compléter ses recherches sur la fusion. Par deux fois, Sam Raimi revient à l'horreur avec ce personnage. La première fois avec la mort de Madame Octavius (Donna Murphy). Personnage sympathique entraperçu lors de la rencontre entre Peter et Otto, elle meurt lors de l'accident avec des éclats de verre. Pas de sang à l'horizon (alors que Raimi avait par exemple montré Peter ensanglanté lors de son affrontement avec Green Goblet dans le précédent film), mais bien un éclat de verre lui fonçant droit devant et faisant miroir. Les cris font le reste. Une manière comme une autre de rester dans le PG-13. Mais là où Raimi réussit mieux son coup c'est lors de la scène de l'hôpital. Les tentacules métalliques d'Octavius désormais greffées à sa colonne vertébrale prennent sa défense, voire un peu trop. La scène joue parfaitement de la suggestion, tout en alignant les plans le plus vite possible pour ne pas partir trop loin. Une interne est traînée jusqu'à faire craquer ses ongles sur le sol; un chirurgien finira électrocuté; plusieurs assommés directement à la tête (pour ne pas dire broyés); et enfin celui à la tronçonneuse (Ash mon ami !) aura droit au courroux des quatre. Le plus impressionnant étant que la plupart du temps, les tentacules sont animées mécaniquement, usant de peu d'effets-numériques.

En 2004, ce genre de travaux était encore faisable. Désormais on utiliserait uniquement des cgi. Octavius est développé avant tout comme un scientique voulant finir son expérience et meurtri par la mort de sa femme. Il n'est pas réellement un méchant, malgré certains de ses actes, ce qui en fait avant tout un personnage mélancolique quelque peu schizophrène (les tentacules l'influencent plusieurs fois). Alfred Molina donne toute sa tendresse à ce personnage fragile. Raimi donne également lieu à une scène dingue sur un train où Spidey et Octavius s'affrontent. Une scène qui fonctionne encore parfaitement et où Peter Parker se dévoile sous son vrai jour aux yeux des new-yorkais: en héros.

  • Spider-man 3 (2007) : La chute brutale

Renié par son réalisateur (Sam Raimi le disait déjà à l'époque de Drag me to hell au magazine Première), plus ou moins saboté par le producteur Avi Arad et Sony (ils ont obligé Sam Raimi à intégrer Venom dans l'histoire, contrebalançant les plans du réalisateur) ... Spider-man 3 a beau être un immense succès, il fait sérieusement mal à la saga, alors même qu'elle était à son apogée avec le second opus. Film malade s'il en est, ce troisième opus accumule aussi bien de bonnes choses que de très mauvaises. La première partie laisse augurer de bonnes choses. Si l'on excepte le symbiote débarquant comme si de rien n'était prêt de Peter et Mary Jane (alors qu'il aurait été plus logique de parler de la navette du fils Jameson, pourtant ancien amant de MJ...), Raimi montre le trio Peter-Harry-MJ se déchirant dans un capharnaüm total. Harry veut assassiner Peter, car il a tué son père jusqu'à provoquer sa propre chute (d'abord son amnésie, puis une brûlure le défigurant). Peter découvre celui qui a vraiment tué son oncle et voit en Eddie Brock (Topher Grace) un adversaire comme photographe (mais là encore c'est fidèle aux comics, les deux se tirant dans les pattes au Daily Bugle). Il compte prendre pour épouse MJ alors qu'il est au sommet de sa gloire en Spidey (on lui offre les clés de la ville ni plus, ni moins). Quant à MJ, elle joue dans une pièce à Broadway... avant de se faire virer suite à de mauvaises critiques.

Un des rares très beaux plans du film.

Si pour Harry et MJ, le constat est bien abordé, Harry devenant même un héros dans le dernier tiers du film (permettant à James Franco de faire des merveilles), le cas de Peter laisse plus d'une fois à désirer. Le fait de faire de l'Homme Sable (Thomas Haden Church) celui qui a tué son oncle engendre un trauma artificiel auquel le spectateur ne croit pas. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? Le pire étant très certainement toute la partie où Spider-man devient noir suite à la possession du symbiote. A partir de là, laissez tomber la caractérisation si particulière de Raimi de son personnage et bienvenue dans le grand guignol. Quand Peter devient noir, il a une mèche sur le côté, est arrogant (il faut voir Tobey Maguire qui essaye de faire de l'humour en mode coquin pour voir que c'est raté) et surtout son show en pleine rue est une rigolade involontaire dont on se serait bien passé. L'aspect Venom n'est pas abordé en profondeur et pour cause Raimi ne voulait pas l'aborder. Le traitement sur Parker était déjà misérable en Venom, alors imaginez Eddie Brock. Bazardé en fin de film, le vrai Venom est d'un rare ridicule (même visuellement, le symbiote épousant les traits frêles de Topher Grace, alors que le personnage en général est une énorme masse de musculature supérieure physiquement à Spidey) et surtout un adversaire sans réel intérêt, puisque Eddie Brock n'a aucune profondeur.

Spider-Man 3 : photo Sam Raimi, Thomas Haden Church

Le constat est d'autant plus amer quand on revoit l'épisode Venom dans la série animée Spider-man des 90's. Bien malheureux. Le comble étant atteint lorsque Spidey débarque sur le drapeau américain, fanfare à l'appui de Christopher Young. On avait déjà eu droit un peu à ça avec le drapeau virevoltant derrière Spidey dans le premier opus, mais pas de cette manière. Là le plan est véritablement vomitif. Il n'y a plus qu'à chanter America Fuck Yeah ! Autre gros point noir: Gwen Stacy (Bryce Dallas Howard). Probablement introduit en vue d'un possible drame (ce qui sera fait dans The Amazing Spider-man 2 de Marc Webb), le personnage arrive beaucoup trop tard dans la trilogie pour avoir un réel intérêt aux yeux du public. La caractérisation du personnage est également assez douteuse, puisqu'elle sort avec Eddie Brock tout en ayant un ton condescendant avec lui ("on a bu un café, Eddie!"). Son amitié avec Peter est traitée par dessus la jambe (un champ-contrechamp la montrant lui sourire et lui de lever le pouce et l'affaire est dans le sac) et le personnage ne sert véritablement à rien. Même la scène de l'immeuble aussi impressionnante soit-elle (mais quelques peu douteuse aussi, notamment dans son utilisation à outrance de la grue) est purement gratuite, juste là pour montrer un déluge d'effets-spéciaux qui ravira peut être certains spectateurs moins attentifs au désastre.

Le plan qui fait mal au ventre.

A vrai dire, le film aurait mieux fait de se focaliser sur l'Homme Sable et le nouveau Bouffon Vert que de se retrouver dans un micmac bordélique où l'on passe sans cesse du coq à l'âne. Comme Octavius, Flint Marko n'est pas un homme méchant, "juste un gars qui n'a pas de chance". La prouesse technique est certaine, Thomas Haden Church s'en sort plus que bien malgré des airs parfois trop monolithiques. Le traitement du personnage est bon, du temps qu'on enlève le fait qu'il a tué Ben et son utilité très / trop bourrine dans le dernier tiers. On retiendra plusieurs scènes comiques, à l'image de Bruce Campbell en restaurateur français (italien en VF, ce qui est beaucoup moins fun) ou de Jonah Jameson sous médicaments. Spidey aurait dû revenir marié à Mary Jane et devait affronter le Vautour et le Lézard (Raimi voulait une apparition progressive, d'où la présence de Dylan Baker dès le second volet), comme rencontrer Felicia Hardy sous les traits de Black Cat. On parlait alors de John Malkovich et Anne Hathaway à l'époque. Le couperet est tombé en février 2010 : Spidey reviendra mais sous forme de reboot. Un reboot qui n'aura duré que deux épisodes, à raison d'un dernier opus tellement lamentable que Sony a remis complètement en question ses plans d'avenir. Désormais associée avec Marvel, Sony n'a pas intérêt à se rater dans le Marvel Cinematic Universe. Il n'en reste pas moins qu'une bonne partie du public se souviendra des deux premiers opus de Sam Raimi qui ont défini le super-héros au début du XXIème siècle. Allez à la semaine prochaine!

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Commentaires
B
J'aime énormément les films de super héros rapport à mon amour des comics. C'est aussi pour cela que je suis assez indulgent avec ces films. Et notamment depuis que Marvel a fait son univers. Mais les deux Spidey de Raimi font parti de mes préférés car encore loin du bordel à suivre. ;)
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N
Je n'ai jamais vraiment accroché au spiderman mais comme je l'ai souvent dit les films de super héros n'est pas un genre que j'affectionne beaucoup... mais spiderman n'est définitivement pas ma came.
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B
Moi aussi. En même temps pas dur face à une bouse pareille.
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A
@ Borat<br /> <br /> <br /> <br /> N'empêche que je préfère largement Spiderman 3 au dernier avec Jamie Foxx.
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B
Le second est celui qui a les thèmes les plus forts et interroge le plus la notion de hèros. Le 3 est avant tout un film malade coincé entre plusieurs chaises. Il y a de bonnes choses mais aussi de très mauvaises.
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