A la recherche du son perdu
Un jeune DJ en manque de reconnaissance essaye de se lancer grâce à un compositeur sur le déclin...
Le teen movie est un genre qui fait autant d'heureux que de laissés-pour-compte. Le piège est souvent à double-tranchant: la gloire est souvent aussi fulgurante que la traversée du désert. Pour un Tom Cruise (repéré dans Outsiders de Coppola, lancé par Risky Business de Paul Brickman, propulsé par Top Gun de Tony Scott), combien de Matt Dillon ou Rob Lowe (même si ce dernier est revenu de loin ces dernières années) ? Le cas de figure est toujours présent de nos jours et particulièrement chez les stars juvéniles de Disney. Ces dernières souhaitent rapidement s'émanciper, quitte à changer radicalement d'image. Une image trop lisse que certains dynamitent un peu trop vite (Miley Cyrus en est le plus bel exemple). Alors que sa camarade d'High School Musical s'éclate au spring-break, Zac Efron a bien du mal à rebondir faute de propositions dignes de ce nom. Preuve en est les comédies potaches qu'il tourne depuis la fin de la trilogie Disney (ceux qui ont vu Dirty Papy, avec un Robert De Niro toujours prêt à tomber plus bas, comprendront). Sorti durant une fin de saison estivale particulièrement pauvre, We are your friend de Max Joseph a fait coulé beaucoup d'encre de par son échec commercial violent. 9 millions de dollars récoltés au box-office pour 2 millions de budget. On n'ose même pas parler de semi-succès, mais de petite rentabilité. Certes le budget est petit (une production indépendante), mais combien de films avec un budget identique arrive à dépasser largement la mise?
L'insuccès du film est d'autant plus triste que le film n'a rien de mauvais, victime potentielle de diverses raisons. Le sujet n'a peut être pas attiré, Efron n'a pas donné envie aux spectateurs récalcitrants ou tout simplement que son public ne le suit pas autant que sur les réseaux sociaux, blogs et autres amatrices de fan-fictions (vous n'avez pas idée). Sur ce dernier point, cela n'est pas nouveau, on le voit actuellement avec les chiffres d'Amis publics avec Kev Adams. Il suffit que vous n'êtes pas dans votre genre habituel et votre public ne vous suit pas. C'est ce qui semble arriver à Efron et il faut qu'il ne soit pas le leading man pour attirer les foules (ce sera surement le cas à nouveau avec Baywatch). En voilà une nouvelle fois la preuve et pourtant ce n'est pas sa faute. L'acteur semble avoir gagné en maturité, ce qui n'est pas plus mal. Même s'il fait souvent la gueule (nouvelle marque de fabrique?), c'est toujours plus agréable que le voir sourire bêtement comme il avait autrefois l'habitude. Pas forcément la performance de l'année, mais il s'en sort plutôt bien. L'acteur incarne un jeune DJ cherchant à percer et s'entourant de ses amis (Shiloh Fernandez, Alex Shaffer et Jonny Weston) pour des soirées diverses où il doit officier. A cela se rajoute un mentor (Wes Bentley) qui va lui apprendre à sortir des automatismes. Le récit est en soi très classique et ne vole pas bien haut, reposant sur des airs déjà vus sans être désagréable.
We are your friend commence comme un film de potes, à l'image de son titre repris d'un standard du duo Justice (repris d'ailleurs dans le générique, preuve de la bonne volonté du réalisateur). De la bande, il n'y a qu'Efron qui sort réellement du lot. Un peu bloqués dans les clichés, les acteurs font ce qu'ils peuvent, Weston étant surement le plus sincère (d'autant que son rôle n'est pas dans la caricature). Fernandez n'est pas sans rappeler un rôle qu'il a eu dans la série New York Unité Spéciale, à savoir le jeune blanc-bec branché et croyant en son pouvoir de séduction. Quant à Shaffer, c'est la grande-gueule évidente qui s'enflamme pour pas grand chose. Puis le film passe à l'initiation avec un Wes Bentley un peu mieux que d'habitude (il a sévèrement perdu de sa superbe depuis qu'il ne filme plus des sachets). Ce dernier incarne le vieux brisquard, pas à son dernier tube mais commençant à se rouiller. Efron le dit d'ailleurs dès sa première apparition "il a déjà été bon, mais il donne aux gens ce qu'ils veulent entendre". On peut penser que l'un va apprendre des choses à l'autre, alors que pas forcément. Le mentor est avant tout un mentor, il ne changera pas, alors qu'Efron y gagnera forcément. Le film continue sur des bases déjà vues, mais assez solide pour que le spectateur continue à se prendre au jeu. D'autant plus qu'il est suffisamment rare de trouver des films abordant des DJ. Pas les disc-jokey des boîtes de nuit ou des soirées branchées, plutôt ceux qui trustent les tops albums comme Daft Punk (non, on ne citera pas celui qui appuie sur un bouton continuellement).
Pour cela, il va falloir à notre héros un peu plus d'expérience. Il est assez amusant de voir nos protagonistes en train de chercher des sons, le tout étant bien évidemment de trouver celui qui fera danser le public. Sur ce point, We are your friend gagne des points en montrant à quel point certaines danses peuvent amener à avoir un rythme cardiaque qui augmente. Pour cela, le réalisateur joue avec les écritos, les arrêts sur image et certains plans furtifs pour alimenter les explications d'Efron. Le spectateur s'intéresse un minimum à un milieu finalement peu intéressant. De même, le final fait totalement entrer le spectateur dans la fête, jouant sur les attentes et le son lui-même. La musique en elle-même est assez réussie, jouant sur les standards electro avec intérêt. On notera également la scène en rotoscopie pour la vision sous drogue. D'autant que la scène est très réussie et a le mérite d'utiliser cette technique d'animation avec une certaine fluidité, faisant oublier les égarements de l'adaptation de Tolkien par Ralph Bakshi. Reste toutefois une romance contrariée avec Emily Ratajkowski ne servant à rien dans le récit. On retiendra au mieux une scène de sexe bizarre, où les plans sont coupés le plus possible, évitant la nudité trop forte. Un peu too much quand même. On se pose également la question en ce qui concerne le dernier retournement de situation, comme pour revenir au film de potes vers la fin. Là non plus l'événement n'est pas utile et sert avant à combler les trous.
Un film tout ce qu'il y a de plus sympathique, pas novateur mais à le mérite de se regarder sans déplaisir.