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Cine Borat
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24 janvier 2019

Les villes qui marchent

Dans un futur proche où les villes sont mobiles, s'attaquent et se complètent, Hester Shaw espère se venger de Thaddeus Valentine, l'homme qui a tué sa mère...

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On se souviendra encore longtemps des deux derniers mois de 2018 au cinéma. On avait l'habitude des étés avec des grosses productions qui s'entrechoquent semaine après semaine, mais rarement de la fin d'année. Le nombre de sorties PG et PG-13 pouvant amener un public familial dans les salles américaines en novembre et décembre fut assez spectaculaire. Jugez plutôt : Bohemian Rhapsody (Bryan Singer), Casse Noisette et les quatre royaumes (Hallström, Johnston) Le Grinch (Cheney, Mosier), Les animaux fantastiques : Les crimes de Grindelwald (David Yates), Instant Family (Sean Anders), Creed 2 (Steve Caple Jr), Ralph 2.0 (Moore, Johnston), Robin des bois (Otto Bathurst), Spider Man into the spiderverse, Aquaman (James Wan), Bumblebee (Travis Knight), Seconde chance (Peter Segal), Le retour de Mary Poppins (Rob Marshall) et le sujet du jour Mortal Engines (Christian Rivers). 

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Qui dit sorties qui s'entrechoquent, dit également des vainqueurs et des cadavres. Ces derniers n'auront même pas le droit à une deuxième chance en deuxième semaine, car comme personne n'est allé les voir la première semaine, il y a peu de chances que cela prenne après. Reste alors les recettes internationales, mais même elles ne peuvent parfois pas sauver les meubles. Mortal Engines a coûté 100 millions de dollars, ses recettes totales ne se montent qu'à 73 millions de dollars. Malgré l'appui du trio derrière Le Seigneur des anneaux, King Kong, Lovely Bones et The Hobbit (Peter Jackson, Fran Walsh et Philippa Boyens), la sauce n'a pas pris. On peut accuser Universal qui n'a pas bien promeut le film, révélant des bandes-annonces qui n'ont pas donné plus envie et des affiches assez quelconques.

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Bien que la série de romans Tom et Hester a été publié entre 2001 et 2006, l'auteur Philip Reeve a continué à écrire des préquelles dont une sortie l'an dernier. Toutefois, elle ne semble pas avoir eu la même médiatisation qu'un Harry Potter ou même un Hunger Games à la même époque. Cela n'explique pas le flop commercial de Mortal Engines, mais l'indice de popularité des romans peut aider à le comprendre, en plus d'un trop grand nombre de sorties familiales au même moment. Le manque de stars peut également jouer. Si Robert Sheehan est connu pour son rôle dans la série Misfits (2009-2013), on ne peut pas en dire autant d'Hera Hilmar et Leila George D'Onofrio. Quant à Hugo Weaving, Stephen Lang ou Colin Salmon, si nous connaissons leurs trognes d'amour depuis longtemps, ce n'est pas sur leur présence que s'est vendu le film.

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L'autre élément qui a été soulevé est que le young adult movie a peut-être atteint sa date de péremption. Trop de productions du même type, trop de sagas cinématographiques d'un coup. Si bien que le public a peut-être commencé par se lasser. On l'a vu cet été avec les chiffres catastrophiques de The Darkest minds (Jennifer Yuh) se mesurant à 41 millions de dollars de recettes pour 34 millions de budget. Ce film était dans le même cas que Mortal Engines puisque s'il avait marché, il aurait donné lieu à plusieurs films. A cela vous pouvez rajouter le fiasco commercial de la franchise Divergent (Burger, Schwentke, 2014-2016) qui n'aura jamais de fin. L'un des problèmes de ce type d'adaptation (idem pour Warcraft de Duncan Jones) est le but de former une saga, donc de poser des bases et de ne pas mettre le paquet dès le premier film. 

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Ce qui engendre des cliffhangers et des intrigues en suspens, car vous saurez la suite au prochain film. Si en littérature ce principe peut passer car le lecteur se dit qu'il aura peut-être la suite un jour, ce n'est pas la même chose au cinéma. Si le film bide, pas de suite. Vous pouvez mettre n'importe quel cliffhanger en fin de film ou accumuler les intrigues en suspens, il n'y aura que le seul film qui restera, rendant son existence encore plus insignifiante tant il ne tient pas tout seul. C'est ce qui est arrivé à Warcraft (2016) ou à A la croisée des mondes : la boussole d'or (Chris Weitz, 2007) qui ont accumulé ces éléments, mais n'ont pas connu de suite car leurs résultats commerciaux n'étaient pas bons (*).

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Par miracle, les scénaristes de Mortal Engines ont évité cette erreur et c'est tout à leur honneur. Comme s'ils avaient anticipé le bide du film, les scénaristes ont donc écrit un film qui tient la route du début à la fin et avec une conclusion donnant au film des atours de one-shot. Mortal Engines est un projet de longue haleine pour Peter Jackson puisqu'il était censé s'y attaquer à la fin des 2000's. Il avait acheté les droits des quatre premiers romans et avait pris Christian Rivers comme storyboarder comme sur tous ses films depuis Braindead (1992). Après un premier traitement et des concept-arts, Jackson jetta l'éponge pour tourner la trilogie du Hobbit (2012-2014), puis a donné la casquette de réalisateur à Rivers, qui avait tourné des plans additionnels sur la trilogie et avait été réalisateur de seconde équipe sur Peter et Elliott le dragon (David Lowery, 2016). 

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Une promotion ayant eu lieu juste après la sortie de la trilogie, Jackson risquant de perdre les droits. Le poulain de Jackson s'en sort plutôt bien (à défaut d'avoir une bonne 3D, cette dernière sentant le gonflage à plein nez), s'amusant de ses décors délirants et bénéficiant des effets-spéciaux excellents de Weta. (attention spoilers) A l'image de l'ouverture qui met tout de suite le spectateur dans l'action et présente le principe des villes mobiles, les enjeux de l'histoire, ainsi que les liens entre la plupart des personnages. La vengeance d'Hester (Hilma) sur Valentine (Weaving), les magouilles de Valentine, Tom Natsworthy (Sheehan) qui cache des éléments cruciaux à l'intrigue, la fille de Valentine qui s'entiche de lui (George D'Onofrio) et même la terroriste Anna Fang (Jihae) qui apparaît à la télévision. Même ce qui a conduit à ce futur est évoqué dès les premières secondes.

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En peu de temps, Rivers réussit à faire entrer le spectateur dans l'histoire et ne va quasiment jamais faiblir au niveau du rythme, engendrant une sorte de course-contre-la-montre à la Fury Road (George Miller, 2015). Ce qui n'a rien d'étonnant puisque le compositeur du film n'est autre que Junkie XL aka Tom Holkenborg, qui offre une musique à la fois énergique et très dramatique selon les moments. En faisant vieillir Tom et Hester à l'écran, Rivers et ses scénaristes permettent au film de sortir de l'aspect young adult (donc de parler à un plus grand public) et de montrer des personnages adultes avec des problèmes d'adultes et non plus d'adolescents. A l'heure où les actrices se plaignent souvent d'avoir des rôles pauvres dans des blockbusters hollywoodiens, le traitement des personnages féminins ici est plutôt intéressant. 

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Si Anna ressemble un peu trop au personnage de Trinity dans la franchise Matrix (héroïne d'action avec une coupe à la garçonne et dont on sait peu), les deux plus jeunes (Hester et Katherine Valentine) sont des personnages excellents. Katherine est un peu mise de côté pour valoriser Hester (logique vu qu'elle est l'héroïne en chef du film), mais le personnage n'est pas vain. C'est une héroïne plus discrète, mais une héroïne aussi, combattant idéologiquement les idées de son père, là où Hester le fait de manière physique. Si Hester a amené à la fin de Londres en fin de film, Katherine y a également contribué en menant son peuple vers une nouvelle terre promise sans violence. Il est assez intéressant de voir les réactions des Londoniens lorsqu'une ville est attaquée, se réjouissant d'une situation qu'ils ont eux-mêmes pu vivre par le passé (une fois que vous êtes à Londres, vous devenez un de leurs citoyens). Un aspect critique plutôt bien venu dans un film PG-13 qui évoque également l'esclavage et les génocides.

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Valentine est un merveilleux salaud en puissance et si l'on excepte un aspect qui devient de plus en plus évident au fil du film, le personnage reste toujours intéressant, bien aidé par l'excellente interprétation de Weaving. Si le personnage apparaît assez tard, Shrike (Lang) est peut-être le personnage le plus fascinant du film. Un robot avec des vestiges humains voué à détruire et voulant faire d'Hester sa complice robotique. Sa fonction initiale l'impose comme un ennemi à la Terminator une fois lancé, coincé entre le bien et le mal et parvenant autant à faire peur qu'émouvoir. D'autant que le rendu final est bien meilleur que ce que les trailers laissaient croire (et tant mieux). (fin des spoilers) Mortal Engines est un blockbuster ambitieux, sachant bien construire son univers et avec un look steampunk réjouissant et sortant du lot. Certains diront qu'il veut trop en faire, en attendant il vaut mieux un blockbuster généreux qu'un film qui n'a rien à dire (coucou Venom). 

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Mortal Engines n'a peut-être pas été le blockbuster le plus vu de 2018, il n'en reste pas moins un des meilleurs de par sa générosité, son excellente direction artistique et son univers foisonnant et intéressant.


* Si vous enlevez les 213 millions de dollars récoltés en Chine, Warcraft n'a rapporté que 220 millions de dollars de recettes totales. Ce qui n'est pas vraiment terrible pour un film qui a coûté 160 millions de dollars.

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Commentaires
B
Pour moi, c'est un des rares bons blockbusters us vus depuis sept mois. Surtout quand je vois le désastre ambiant que l'on se tape depuis janvier. Lamentable vu les moyens dépensés. Ici au moins je vois de l'ambition visuelle et la volonté de créer un univers et des héroïnes fortes.
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S
Pour les autres blockbusters je suis d'accord, pas mieux à côté sans doute, mais celui-ci est dans la moyenne basse de la majorité
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S
Très moyen pour moi, dialogues insipides et scénario très convenu... 09/20
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B
A mon sens, on est très éloigné du Château ambulant et le contexte en est bien la preuve. Pour ce qui est du scénario, il a au moins le mérite d'aligner les scènes rythmées, les personnages intéressants et au moins de se conclure. Quant à la réalisation, c'est toujours mieux qu'un bon paquet de blockbusters sortis la même année, confirmant justement qu'elle est inspirée pour moi.
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S
Pas aimé car rien de neuf, rien de réellement innovant ou d'original. Tout est déjà vu ("Le Château Ambulant" en prime) avec un scénario convenu. Pas mal fait techniquement mais sans âme.
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