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28 novembre 2018

Nuit avec pas mal de champignons

Les Nuits du bis, ces soirées qui rythment la ville de Thionville comme la rubrique Bis on Thionville, sont parfois l'occasion de faire de belles rencontres. C'était le cas lors de ma première Nuit du bis en mars 2015 où Murray Head et le réalisateur Romain Basset étaient venu présenter Horsehead (2015). Mais aussi en juin 2017 lorsque l'américain Steve de Jarnatt était venu nous voir avec ses deux seuls longs-métrages en poche. L'occasion pour le réalisateur d'évoquer des anecdotes, de signer des affiches, des jaquettes de DVD et même des magazines (j'avais ramené un numéro de Mad Movies où il avait consacré une interview) dans la joie et la bonne humeur. D'autant que les films en question s'avèrent particulièrement plaisants, à savoir Cherry 2000 (1987) et Miracle Mile ou Appel d'urgence (1988). 

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Si le premier est un brin oublié de nos jours, le second a trouvé un regain d'intérêt l'an dernier par une ressortie événement avant une sortie vidéo. D'où la présence de De Jarnatt dans plusieurs villes de France. A la différence qu'à Thionville, le cinéma La Scala lui a fait doublement honneur. Avant ces deux films, Steve de Jarnatt avait tenté sa chance avec divers projets. Tout d'abord Eat the sun, un court-métrage coréalisé avec Jim Cox (même si De Jarnatt considère qu'il a surtout "écrit et un peu dirigé" *). Un faux-documentaire tournant autour d'une secte mystique datée de 1978, comme son second court-métrage Tarzana. Un hommage aux films noir américains tourné durant deux ans, en 35mm, noir et blanc et avec trois chefs d'opérateur différents. De ce court, il en a également tiré Cinema Justice basé sur une séquence avec Timothy Carey, où le réalisateur l'a laissé improviser avec ce qui restait de la pellicule. 

Cherry 2000 vs Miracle Mile (juin 2017) 

Affiche réalisée par Grégory Lê.

Il scénarise ensuite Strange Brew (1983), film mis en scène et joué par Rick Moranis et Dave Thomas où ils reprenaient leurs personnages. Il a failli le réaliser, "mais comme c'était un film canadien, je ne pouvais pas le faire d'un point de vue contractuel". Après un épisode de la série Alfred Hitchcock présente diffusé en 1985, De Jarnatt envisage de réaliser un premier long-métrage. Bien qu'il espérait tourner Miracle Mile qu'il envisage depuis décembre 1979, il doit se rabattre sur Cherry 2000. Un film dont il n'est pas l'initiateur (le réalisateur est parti selon ses dires). "Je n'ai pas écrit le film, il était prêt à tourner et j'ai eu peu de temps de préparation. J'ai fait du mieux que je pouvais (...) A l'origine, c'était Jodie Foster qui devait interpréter le rôle principal, mais elle aussi a quitté le projet, et Melanie Griffith l'a remplacée."

C2000 (Matthew Joseph Peak)

Affiche réalisée par Matthew Joseph Peak.

En sachant que cette dernière a failli ne pas jouer le personnage d'Edith Johnson elle aussi, puisqu'elle était enceinte lors des tests. Il était alors précisé dans une clause de son contrat que si elle n'accouchait pas avant début septembre 1985, le rôle pouvait être donné à quelqu'un d'autre. Au final, Melanie Griffith donna naissance à un petit Alexander le 22 août 1985 et partit tourner Cherry 2000 trois semaines plus tard. Alors annoncé pour l'année 1986, Orion Pictures sort finalement le film en VHS en 1988 aux USA, après une sortie au cinéma en Europe. Cherry 2000 se présente comme un de ces nombreux films post-apocalyptiques réalisés après le succès de Mad Max 2 (George Miller, 1981) qu'ils viennent d'Italie, du Japon, des USA ou même de France. Dans un premier temps, De Jarnatt nous présente un monde moderne avec notamment des androïdes ressemblant à des humains.

C2000 2

Parmi eux, la Cherry 2000 (feu Pamela Gidley) qui sert de compagne à Sam (David Andrews), un vétéran de l'armée devenu bureaucrate. Soit l'équivalent d'un sex toy robotique, enfin pas selon Sam qui voit sa Cherry comme un véritable amour. Malheureusement pour lui, elle tombe en panne lors de leurs ébats et il va essayer de retrouver une Cherry 2000 dans une ancienne usine afin de lui installer le disque dur de son androïde bien-aîmée. C'est à partir de là que l'on voit l'envers du décor. Les villes que l'on voit depuis le début sont en fait des minorités, le reste des USA étant composé de zones désertiques, de saloons servant de lieu de réglements de compte et des chasseurs de prime partout quand ce n'est pas une sorte de secte. C'est là qu'il trouve Edith (Griffith), chasseuse de prime qui va l'accompagner durant le reste du film. 

C2000

Même s'il ne va pas assez loin dans le sujet, le film a au moins le mérite de questionner sur l'amour artificielle. Est-ce qu'on peut aimer follement un amant artificiel ? Est-ce que l'androïde aime réellement son "maître" ou comme le suggère le final n'est-ce qu'en fonction de l'homme présent à ses côtés ? D'où l'aspect sex toy passionnel que l'on peut retrouver également dans des oeuvres qui vont un peu plus loin dans le sujet, à savoir Air doll (Hirokazu Kore Eda, 2009) et Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve, 2017). Le film s'apparente plus à un road movie dans un univers post-apocalyptique qu'à un film d'action, les scènes bourrines étant d'ailleurs assez rares même si elles sont efficaces. Si Melanie Griffith manque d'un peu de charisme en action-girl, David Andrews se révèle plus convaincant. Eternel second voire troisième-rôle, il trouve ici un bon premier-rôle et se débrouille bien dans les scènes d'action. 

C2000 3

Cherry 2000 s'impose comme une série B sympathique, pas révolutionnaire, ni géniale, mais divertissante. Malgré la drôle de sortie de Cherry 2000, Steve de Jarnatt arrive enfin à réaliser Miracle Mile à la fin des 80's. Le projet de base avait muté plusieurs fois au cours des 80's. La première raison vient d'une célèbre zone. "Initialement, j'ai écrit  Miracle Mile  pour Warner. Ils ont aimé l'idée et m'ont payé pour un scénario. Mais ils étaient un peu trop envahissants. J'ai récupéré le projet et j'en ai fait une romance. A l'époque, ils m'ont offert beaucoup d'argent pour faire du projet l'un des sketches de  La quatrième dimension, le film. A la fin, le personnage principal devait se réveiller : on comprenait alors que tout cela n'était qu'un rêve, mais bien sûr, tout recommençait..." A cette époque, le film produit par John Landis (1983) ne devait pas comporter que des remakes d'épisodes de la série (1959-64). Mais l'accident mortel survenu sur le plateau du segment de Landis a changé la donne (voir Le triomphe de Steven).

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Par la suite, De Jarnatt a aussi opté pour une légère modification au sujet des personnages principaux. "Le personnage principal était plus âgé, il avait la cinquantaine. Il revenait en ville pour voir son ex, qu'il n'avait pas vue depuis quinze ans. La réconciliation des grands-parents était l'histoire principale." A cette époque, le réalisateur envisage Paul Newman avant qu'il ne rajeunisse les personnages. Avant de tourner Cherry 2000, le film a failli être réalisé avec Nicolas Cage et Jennifer Tilly. Mais le film fut mis en pause une nouvelle fois. Il n'a ensuite pas pu se mettre d'accord avec Kurt Russell au sujet de son cachet et au final, il a pris Anthony Edwards, Goose dans Top Gun (Tony Scott, 1986) avant d'entrer aux urgences. Quant au rôle féminin, il fut attribué à Mare Winningham, belle-mère de Meredith dans la série Grey's anatomy (2005-). La gestation du film fut si longue que le réalisateur a même eu le temps de storyboarder tout le film et de repérer les endroits où il voulait tourner. 

MM 2

Ayant notamment écrit le film sur la musique de Sorcerer (1977), il était logique que Miracle Mile finisse avec une ost signée Tangerine Dream. Malheureusement si le film a été bien accueilli par la critique, le film n'a pas attiré le public. Au fil des années, Appel d'urgence s'est fait une petite réputation au point d'être régulièrement cité comme un de ces films injustement oubliés ou boudés. Grâce à sa ressortie, des spectateurs ont donc pu découvrir ce pur bijou de paranoïa au cinéma. Avec Miracle Mile, De Jarnatt ne fait pas dans le gros films catastrophe décérébré à la Roland Emmerich. Puis de toutes manières, il n'en avait pas les moyens. Alors il a fait au plus simple. L'action globale se déroule la nuit, quasiment en temps réel. Les seuls éléments pouvant être coûteux sont les passages en hélicoptère, une explosion et un embouteillage monstre qui a servi à l'affiche ci-dessus. 

MM 3

L'action en temps réel permet de voir le héros avancer dans sa quête délirante, voir que petit à petit la rumeur qu'il a véhiculé (à savoir que la fin du monde est dans une heure s'il suit ce qu'il a entendu au téléphone) se propage dans la ville de Los Angeles. Le héros assiste impuissant à des moments tragiques, comme le passage à la pompe à essence qui prend des proportions folles. Plus le film avance, plus la parano du personnage joué par Edwards augmente et envahit les autres protagonistes jusqu'à cette scène d'embouteillage réduisant la cité des anges à feu et à sang. La question de l'attaque nucléaire annoncée importe peu au spectateur, puisqu'il aura de toutes manières la réponse au moment venu. Ce qui impressionne dans Miracle Mile est que le réalisateur parvient à tirer d'une rumeur un effet de panique spectaculaire, mettant sous tension le spectateur dans un délire aux proportions énormes. 

MM 5

Le nucléaire est un aspect dérisoire, puisque dans la peur de mourir, l'Homme semble prêt à tout quitte à en perdre la raison. D'autant que le film se présente à la base comme une simple romcom avec comme point culminant qu'Edwards s'est réveillé trop tard et a raté son rendez-vous. A partir du coup de téléphone, il va donc essayer de se sauver avec elle. Miracle Mile est l'exemple typique du récit sous forme de course-contre-la-montre. On peut le rapprocher de Terminator 3 (Jonathan Mostow, 2003), puisque les deux films partagent les mêmes faux-espoirs et un pessimisme ambiant jusqu'à la fin. Comme quoi, avec un petit budget, on peut accoucher d'un film catastrophe fantastique. Après Miracle Mile, Steve de Jarnatt a bossé sur divers projets, parfois des films de studio. Gremlins 2 à Las Vegas avant que Joe Dante n'en fasse une grosse satire. 

MM 4

Les dents de la mer 4 "à Malibu, avec des surfeurs punks". Un projet qui s'était monté tellement vite (et par vite, on parle surtout d'un film à la production chaotique avec des directives très spécifiques et un scénario probablement pas fini avant d'être tourné) qu'il n'y a rien d'étonnant à ce que le résultat soit aussi mauvais. Sans issue (Harley Cokeliss, 1986) sur lequel avait travaillé John Carpenter, avant que De Jarnatt ne repasse dessus et que d'autres aussi, au point qu'il n'est pas crédité. Future ball devenu ensuite Futuresport, sorte de Rollerball avec des sportifs blessés qui utilisaient des membres alternatifs pour continuer à jouer. Au final, cela deviendra un téléfilm (Ernest R Dickerson, 1998) avec Dean Cain et Wesley Snipes, qui visiblement n'a plus grand chose à voir avec cette thématique (si ce n'est un sous-Rollerball avant le sinistre remake de John McTiernan). Un projet nommé "Insomnia" avec un musicien revenant dans la lumière, qui devait être réalisé par David Fincher et produit par Martin Scorsese. 

Futuresport

Futuresport, un projet sur lequel Steve de Jarnatt a longtemps travaillé.

Un projet avec les Hells Angels et Mickey Rourke, ce qui n'est pas sans faire écho avec un projet similaire du regretté Tony Scott. "Hair of the dog", un projet mettant en scène "un personnage énigmatique issu de la culture country / western" débarquant dans une ville des 60's. Un script qui a fini dans la blacklist d'Hollywood, ces fameux bons scénarios jamais produits. Sans compter des séries qui n'ont pas passé la première saison (American gothic, Kindred : le clan des maudits), voire le pilote (Planet rules où John Hawkes jouait dans un groupe de rock). Toutefois, De Jarnatt s'était fait remarqué avec l'épisode "Parole de singe" durant la saison 2 d'X Files (1995). Un épisode qu'il a scénarisé où des animaux devenaient invisibles et plus brutaux. Outre cela, il s'est fait ensuite la main sur les séries Urgences (1994-2009), Nash Bridges (1996-2001) et même Lizzie McGuire (2001-2004).

XF

Un éléphant pas longtemps invisible pour Mulder et Scully.

Une carrière en dents de scie qui aurait probablement été différente si Cherry 2000 et Miracle Mile avaient connu des succès populaires. Allez à la prochaine !


* Les propos cités sont tous issus de Mad Movies numéro 304 (février 2017).

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Commentaires
A
n'empêche on veut 2019 après la chute de NY !
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B
Déjà abordé ici longuement et pas forcément l'envie, d'autant que j'avais un peu parlé du post apo globalement avec la vidéo sur Waterworld. Puis il me semble que d'autres en ont déjà parlé. 😀
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A
en parlant de rip-off de mad max, ce serait pas d'avoir, un jour ou l'autre, une vidéo spéciale et consacrée à 2019 après la chute de NY...
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B
Un film bien plus sympathique que certains rip-offs de Mad Max sortis à la même époque. Par contre, si tu n'as pas vu Miracle mile c'est vivement conseillé.
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A
donc tu as vu ce fameux Cherry 2000... Sa présence sur le site Nanarland est assez vacharde en dépit de son obsolescence
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