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20 décembre 2015

Cuvée Faucon laser

Après avoir longuement évoqué son géniteur prolifique, il est grand temps pour la Cave de Borat de revenir sur la saga Star Wars (1977-). Mon premier contact avec la franchise fut par des tickets à gratter de la Française des jeux lors de la sortie de La menace fantôme (George Lucas, 1999). En effet, des jeux avaient été faits à l'occasion de la sortie du film, tout comme pour un certain archéologue bien connu. De même, lors d'un voyage en République Tchèque au cours du mois d'avril 2000, j'avais pu observer quelques publicités pour la VHS du film (de souvenir, il y avait la course de pods). J'ai fini par découvrir et aimer Star Wars lors de la sortie K7 du premier opus de la prélogie. Ma passion pour la saga n'a cessé de grandir et j'ai ainsi découvert la trilogie originale fin 2002. Après 2005, la passion fut moindre avant d'être ravivée avec l'achat de la trilogie initiale en DVD, les VHS (notamment celle du Retour du jedi) commençant à sentir le roussi. Pas le coffret de 2004, ni même celui avec Dark Vador dessus, mais celui avec les versions plus ou moins originales de la trilogie ! Ce qui change relativement des versions retouchées jusqu'à l'extrême par George Lucas. Attention car étant plus rare désormais (tout comme les fameuses éditions individuelles), les prix peuvent vite monter sur le net. Soyez donc vigilents si vous désirez ce coffret spécifique.

SW 

Le dit coffret.

Depuis, la trilogie originale est redevenue un rituel chaque année. Voilà pour la petite histoire personnelle de votre cher Borat avec cette célèbre saga. Je vais aborder la saga selon les dates de sortie, passant de la trilogie originale à la prélogie. Je ne reviendrais pas sur la série Clone Wars déjà abordée il y a quelques mois (voir Cuvée cartoon sur chaîne), comme du fameux Holiday Special (voir Cuvée Christmas). Etes-vous prêt à passer du côté obscur? Go! (Attention spoilers)

  • La trilogie originale (1977-1983) : La force est avec nous

Star Wars

Affiche réalisée par Noriyoshi Orai.

Après avoir subi plusieurs problèmes avec les studios (notamment des coupes sur THX 1138), George Lucas décide d'être son propre patron. Voulant au départ adapter la bande-dessinée Flash Gordon (1934-84), il y renonce puisque les droits sont déjà entre les mains du producteur Dino de Laurentiis. Il décide alors de partir du film d'Akira Kurosawa La forteresse cachée (deux paysans, une princesse, un mentor, un trésor pouvant aider à la reconstruction d'un clan), tout comme de La princesse de Mars (Edgar Rice Burrough, 1917).  Il semblerait que le réalisateur se soit aussi inspiré de la bande-dessinée Valérian et Laureline (Christin, Mézières, 1970-). La Fox décide de financer son film, mais Lucas veut le faire à ses conditions, notamment en obtenant les droits des produits dérivés. Le studio ne croit pas tellement au film et laisse faire, tout comme d'effectuer un contrat pour deux suites. Il est d'abord question du sauvetage du frère de Luke Starkiller par ce dernier et un certain Han Solo. Starkiller devient Skywalker et le frère devient la princesse Leia Organa. Une fois le scénario terminé, Lucas s'épaule de Colin Cantwell pour les maquettes, Ralph McQuarrie pour les dessins préparatoires, John Williams à la musique (alors que la musique synthétique commence à s'implanter) ou de Ben Burtt pour les effets sonores. La société d'effets-spéciaux ILM est créée pour l'occasion, permettant à Lucas de contrôler au maximum les effets-spéciaux. 

Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir (La Guerre des étoiles) : Affiche

La sortie est d'ailleurs repoussée à l'été 1977 afin de les finaliser le plus possible. Lorsque Star Wars sort en mai 1977 personne ne s'attend à un tel raz-de-marée et le film se paye même le nouveau film de William Friedkin Sorcerer. Le décalage est évident : un space-opera grand public et un thriller psychologique, l'un comme l'autre annonçant la fin du Nouvel Hollywood. L'un par l'annonce des blockbusters estivaux, l'autre car le sérieux du mouvement n'est plus de mise. Mais surtout, La Guerre des étoiles est un véritable succès populaire, devenant au fil des années un objet culturel indéniable et les produits dérivés de se vendre par paquet. La Fox regrette aujourd'hui d'avoir signer ce fameux contrat avec Lucas, qui s'en amuse encore. Quant à un certain Steven Spielberg, il touche toujours aujourd'hui des royalties sur Star Wars, ayant fait un marché avec Tonton George. Le but ? Spielby met de l'argent dans Star Wars et Lucas dans Rencontres du troisième type (1977). Dans les deux cas, ce fut bénéfique. Star Wars assoit définitivement la réputation de George Lucas, au point que ce dernier n'a finalement plus réaliser avant La menace fantôme, se focalisant sur son statut de scénariste et surtout de producteur. Le film se révèle assez classique dans sa conception, se référant au Héros aux mille et un visages (Joseph Campbell, 1949). 

Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir (La Guerre des étoiles) : Photo Alec Guinness, Harrison Ford, Mark Hamill

Equipe de choc pour mission de sauvetage.

Jugez plutôt. Luke évolue dans un monde ordinaire, puis vient l'appel de l'aventure (il veut devenir pilote comme ses amis), le refus de l'aventure (son oncle Owen repousse l'échéance), la rencontre avec le mentor (Obi Wan Kenobi). Arrive le passage du seuil (l'oncle et la tante se font tuer, Luke part sauver la princesse) ; on arrive aux alliés et ennemis (Han Solo et Chewbacca pour l'un, Dark Vador, les généraux et les stormtroopers pour l'autre), "l'accès à la caverne" (le vaisseau de Vador), la dernière épreuve (la mort d'Obi Wan), la récompense (Luke trouve Leia et fait exploser l'Etoile Noire), le reste de la vision de Campbell étant délaissée. Le héros ne revient pas chez lui, il n'en reste pas moins qu'il a plus d'expérience. Dans son schéma narratif, La Guerre des étoiles est finalement assez simple, ce qui ne l'empêche pas d'être efficace dans sa mécanique. Mieux, les personnages permettent de dépasser cet aspect scénaristique simple, forts d'une caractérisation aux petits oignons. La princesse Leia (Carrie Fisher) n'a rien d'une potiche, malgré ses atours d'otage. Elle est intelligente, fait face à Dark Vador (David Prowse) avec efficacité et est une figure de proue de la résistance.

 Star Wars : Episode IV - Un nouvel espoir (La Guerre des étoiles) : Photo George Lucas

Obi Wan Kenobi (Alec Guinness) est l'ancien héros mythique et on a beau le connaître que depuis peu, sa mort choque. Luke (Mark Hamill) est le héros encore naïf et en plein apprentissage, il ne deviendra un véritable héros qu'à la fin. C3PO (Anthony Daniels) est le personnage agaçant par excellence et avec R2D2 (Kenny Baker), ils forment un duo d'inséparables toujours en parfait contraste. Mais là où Lucas signe un personnage incontournable du côté des bons, c'est bien Han Solo (Harrison Ford, l'acteur qui a le plus joué pour George Lucas). Le personnage n'est en rien un héros, il le devient et même ainsi il n'en reste pas moins un personnage particulier, jurant essentiellement sur l'argent qu'il peut toucher pour se sauver la mise. Son métier est d'ailleurs tout sauf sain, puisqu'il est contrebandier. Le seul statut que l'on peut qualifier de reluisant le concernant c'est son don pour le pilotage. C'est ce côté mauvais garçon qui permet en soi de préférer Han Solo à Luke Skywalker et ce, même si ce dernier est le plus sympathique des personnages. L'ambiguité de Han Solo prime et son compagnon Chewbacca (Peter Mayhew) est tout aussi indispensable, les deux formant un duo formidable, Chewie apparaissant comme la bonne conscience de Solo.

SW2

 

Evidemment que seraient des héros sans un bon méchant ? Dès son apparition, Vador avec ses airs de conquérant japonais (le casque joue beaucoup) et cette voix trafiquée impose une présence indéniable, magnifiée par le thème signé par un John Williams en grande forme. De même, l'ouverture avec le texte qui défile est une nouveauté notable, permettant aux spectateurs d'avoir un minimum d'informations sur le contexte du film de manière ludique. Il y a la Résistance, l'Empire et les plans de l'Etoile Noire ont été volé. Tout est dit et le spectateur n'a plus qu'à être pris dans l'action avec l'assaut d'un vaisseau de la Résistance par Vador et ses troupes. De même, la première vraie scène d'action n'arrive qu'avec l'arrivée du Faucon Millenium dans l'antre de l'Empire (en dehors de cette séquence où Han tire le premier, mais ça tout le monde le sait). Nous avons beau être dans un space-opera, le film d'aventure symbolisé fut un temps par le serial (séries de films sous forme d'épisodes, comme les Buck Rogers qu'aimait beaucoup le réalisateur) n'est jamais très loin et les péripéties de La Guerre des étoiles le confirme. Là où le film retrouve son caractère science-fictionel est dans son climax, encore aujourd'hui sommet pour les effets-spéciaux et véritable moment de suspense. Le final laisse augurer de l'espoir, mais L'Empire contre-attaque (Irvin Kershner, 1980) contredira cela. 

 L'empire contre attaque 

Affiche réalisée par Noriyoshi Orai.

Quand Lucas dit ne pas vouloir réaliser la suite de son succès planétaire, il engage un de ses anciens professeurs Irvin Kershner réalisateur des Yeux de Laura Mars (1978). Réticent au départ, Kershner accepte la proposition, Lucas allant même de son petit compliment : "Je t'ai choisi parce que tu sais tout ce qu'un réalisateur hollywoodien doit savoir. Mais tu n'es pas Hollywood" (*). Le réalisateur s'investit énormément, s'imposant dès la pré-production comme un élément essentiel. De même, Lucas engage Lawrence Kasdan au scénario suite au décès de Leigh Brackett. Kasdan n'est pas un inconnu de Tonton George puisqu'il est le scénariste des Aventuriers de l'arche perdue (Spielberg, 1980). Par ailleurs, Lucas voulait un film bien moins sombre que le résultat initial, ce qui ne sera heureusement pas le cas grâce à Kasdan et au producteur Gary Kurtz. Le tournage se révélera difficile à cause de la première partie se situant sur la planète glacée Hoth qui prend place en Norvège. De même, l'arrivée du personnage de Yoda entraîne des complications, ce dernier étant une marionnette dirigée et doublée à même le plateau par Frank Oz, un des pontes du Muppet Show aux côtés de Jim Henson. De plus, le sol étant glissant, le plateau de la planète Dagoba devient vite le théâtre de blessés et autres malaises, le réalisateur en venant même à porter un masque à gaz à cause des fumées multiples. 

Star Wars : Episode V - L'Empire contre-attaque : Photo Frank Oz, George Lucas, Irvin Kershner, Mark Hamill

Après Obi Wan, un autre personnage mythologique prend forme avec Yoda.

La fameuse révélation du film est inconnue des principaux intéressés (Mark Hamill et David Prowse) avant le tournage de la scène. Si Prowse n'a pas la bonne réplique, ce n'est pas le cas d'Hamill dont Kershner insiste sur les prises de vues. Contre toute attente, L'Empire contre-attaque est un grand succès, il est même mieux accueilli que La Guerre des étoiles et devient rapidement une référence dans le domaine de la suite meilleure que l'original. Là encore, le discours défile mais alerte directement le spectateur. Nous avions laissé la Résistance en plein triomphe, on nous dit que leur QG a été détruit et qu'elle a fuit sur Hoth, où elle est de nouveau attaquée. On nous évoque aussi que Dark Vador fait une fixette sur Skywalker. D'un côté, on nous dit que la Résistance est sans cesse en train de fuir, de l'autre que l'affrontement entre les deux protagonistes est inévitable. Le film commence tambour battant sur le sauvetage de Luke entre stop-motion (les montures de Luke et Han sont réalisées par les équipes de Dennis Muren avec brio, l'effet devenant vieillissant mais toujours plus naturel que des cgi rajoutées) et survival (dont un yéti se rajoutant dans les éditions spéciales alors que le montage initial jouait sur la suggestion). 

ECA

Puis Kershner réalise un merveilleux moment de bravoure avec les troupes aériennes de Skywalker s'attaquant aux AT-AT de l'Empire. Après ces deux séquences, on sait que l'Empire va reprendre le dessus et que le titre du film n'est pas une blague. La Résistance est à la peine, ne pouvant affronter décemment ses ennemis. Même si les AT-AT seront explosés, la défaite est bien là. Ce genre de défaite va s'accumuler au cours du film, que ce soit la carbonisation d'Han Solo ou Luke se faisant battre par Vador. L'Empire a contre-attaqué et tout est remis à zéro. La Résistance est toujours debout, mais elle est affaiblie. Outre un contexte s'assombrissant, le traitement des personnages est également moins naïf et plus brutal. Han est trahi alors même qu'il découvre l'amour. C3PO se fait découper en morceaux par le chasseur de prime Boba Fett (Jeremy Bulloch). Luke est évidemment au centre de tout : on le sauve, il sauve la Résistance, fait son entraînement dans la difficulté (dont un prélude à l'affrontement entre Vador et lui) et affronte son ennemi juré qui lui révèle être son père. Un des meilleurs twists du cinéma, changeant complètement la perception du spectateur au sujet de Vador.

Star Wars : Episode V - L'Empire contre-attaque : Photo David Prowse, Irvin Kershner, Mark Hamill

L'un des plus grands twists du cinéma en un plan.

 

On comprend mieux pourquoi il ne l'a pas tué lors de l'explosion de l'Etoile Noire, dans Le retour du jedi (1983) on comprendra pourquoi il n'a pas tué sa fille et en a fait un otage. Ce twist permet à Vador de ne plus être un méchant, mais une âme qui s'est perdue et dont le sentimentalisme lui ferait presque retrouver le chemin de la force. L'Empire contre-attaque a réussi à rendre Vador humain et non plus une machine. Outre le mythique Yoda, le fameux Lando Calrissian (Billy Dee Williams) fait son apparition, ami d'Han Solo lui offrant un merveilleux couteau dans le dos. Il n'en reste pas moins un personnage intéressant, bénéficiant d'une belle dualité entre l'ami et le traître. Les péripéties se font majoritairement du côté de Han, Luke suivant son entraînement. C'est tout naturellement que l'on voit le Faucon Millenium se faire manger par un ver avant de s'en sortir in extremis. Luke, Leia, C3PO et R2D2 regardent vers l'avenir dans la fenêtre d'un vaisseau au cours de l'avant-dernier plan : il n'a jamais été aussi sombre. L'écriture de "La revanche du jedi" se fait dès 1981 avec Lucas et Kasdan au papier. Il est dans un premier temps question de ne pas faire revenir Harrison Ford selon son propre voeu. 

 Star Wars : Episode V - L'Empire contre-attaque : Photo Anthony Daniels, Carrie Fisher, George Lucas, Irvin Kershner, Kenny Baker

Un avenir incertain.

Même si l'idée de voir disparaître Han Solo au cours du film n'est pas oubliée, ce ne sera finalement pas le cas à cause... de la vente de jouets. Tonton George et les lois du marketing, le début d'une longue histoire douteuse et la preuve que le Lucas expérimental des débuts n'est déjà plus. Suite à un énième changement (il ne veut pas de la fin mettant en scène Leia en reine et Luke partant seul), Gary Kurtz finit par partir du troisième volet. Steven Spielberg est convié à la réalisation, mais suite aux problèmes de Lucas avec le Syndicat des réalisateurs d'Amérique (il n'a pas mis de crédits au générique de L'Empire contre-attaque, ce qui a déplu au syndicat), cela ne se fera pas. David Lynch fut aussi dans la short-list, ce dernier préférant s'impliquer dans l'adaptation de Dune qui sortira un an après. Ce sera finalement Richard Marquand qui réalisera ce qui deviendra Le retour du jedi (étant donné que Lucas n'y voyait pas de revanche). Initialement prévue pour des wookies, la planète Endor finit par être peuplé par des Ewoks, ces derniers se révélant plus primitifs selon Lucas. Quant au costume d'esclave de Leia, il est conçu par Aggie Guerard Rodgers et Nilo Rodis Jamero selon des illustrations de Frank Frazetta, lui-même ayant dessiné les aventures de la Princesse de Mars qui a le même costume. 

Le retour du jedi

Affiche réalisée par Drew Struzan.

Certains font aussi le rapprochement avec le costume de Laureline dans Le pays sans étoile (1970). Un costume qui ne plaira pas forcément à Carrie Fisher, au point que Disney l'a depuis banni des modèles pour des figurines ou statues potentielles. Contrairement à L'Empire contre-attaque, Tonton George veut avoir le contrôle absolu du film et cela se ressent finalement sur le film lui-même. Montrer des créatures proches de peluches n'est pas étonnant, d'autant plus que Lucas continuera le vice avec deux téléfilms live-action et une série animée les mettant en scène (1985-86). La caravane du courage (John Korty, 1984) est une quête guimauve de deux enfants cherchant leurs parents. La bataille d'Endor (les frères Wheat, 1985) est un peu mieux, montrant une guerre improbable avec un peuple sortant de nulle part. Ces deux téléfilms (en plus de l'impayable Holiday Special) inaugurent les spin-offs autour de Star Wars et ce bien avant Rogue One (Gareth Edwards, 2016). Pas forcément un bon souvenir. C'est peut être le principal défaut du Retour du jedi, puisque les Ewoks prennent beaucoup trop de place et font tourner le film vers un aspect moins sombre. Ce qui dénote complètement de la résolution du film qui est un affrontement entre un père et son fils, le premier voulant convertir son fils, l'autre voulant sauver son père.  

Star Wars : Episode VI - Le Retour du Jedi : Photo Anthony Daniels, Carrie Fisher, Michael Carter, Richard Marquand

John Carter

La Princesse de Mars, inspiration certaine pour le costume de Slave Leia.

Ou encore ce suspense autour de la destruction de l'Etoile Noire nouvelle génération. En soi, on peut dire que Lucas a plus ou moins gâché la conclusion de sa trilogie avec ces peluches de service. Il n'en reste pas moins que Le retour du jedi est un cru aussi essentiel que bien fait. Il termine bien la trilogie, tout en étant un divertissement de qualité. Ce fut même le volet préféré de votre cher Borat durant plusieurs années, celui que j'ai le plus vu aussi. Depuis ce serait L'Empire contre-attaque, mais Le retour du jedi n'est jamais loin dans mon coeur. L'ouverture a le mérite d'être claire, se permettant même en soi d'être un mini-arc narratif d'une quarantaine de minutes avant la conclusion finale. Le but ? Sauver Han Solo des griffes de Jabba le hutt sur la planète Tatooine. Un personnage que l'on cite depuis le début de la trilogie mais jamais montré, se présentant sous les traits d'une larve géante à la langue bien pendue et plutôt libidineuse. Si Leia devient une esclave sexuelle avec un bikini aussi doré, ce n'est pas vraiment étonnant. Suite aux rééditions engendrées depuis 1997, Jabba apparaît dans une version cgi improbable dès le premier opus, donnant lieu à une sorte d'anachronisme merveilleux, puisque lié au départ de Solo (alors qu'il s'agissait de l'arrivée des stormtroopers initialement).

Star Wars : Episode VI - Le Retour du Jedi : Photo David Prowse, Mark Hamill, Richard Marquand

C'est un peu comme si vous voyez votre adversaire, vous le laissez partir et finalement vous envoyez des hommes lui tirer dessus ! La scène du night-club de Jabba a également changé au cours des années, que ce soit la chanson, la créature (passant d'une marionnette à une créature en cgi) et on voit ce qui arrive à la fille qui tombe alors que le montage quasi-initial faisait juste entendre ses cris. Quand Luke apparaît, il est plus affirmé, a un nouveau bras mécanique et peut désormais être considéré comme un jedi, d'autant qu'il s'est passé un an depuis le précédent opus. Le passage sur le véhicule de Jabba est un pur moment d'action, l'équipe de choc affrontant tous les sbires de la larve pendant que cette dernière est liquidée sauvagement par Leia. Après cette ouverture explosive, le film peut enfin conclure la trilogie. Trois actions vont alors se dérouler en même temps : Han et Leia sur Endor pour désactiver le bouclier (passer une séquence de course pour le moins ébouriffante) ; Lando devant l'Etoile Noire attendant la destruction du bouclier pour la détruire ("It's a trap!") ; et Luke affrontant son père devant Palpatine. Le montage est assez bien fait même si l'intérêt du spectateur va plus vers Luke, soit un moment certes long mais nécessaire. 

ROTJ

Le dernier affrontement entre Vador et Luke est totalement différent du précédent, le thème de John Williams jouant lui-même sur la tragédie ambiante. Finalement l'ennemi n'est pas Vador mais Palpatine (Ian McDiarmid), celui qui a entraîné la chute des jedis mais aussi celle de son père. Le père a beau tenir les ordres de son maître, il ne peut tuer son fils et c'est pour cela qu'il tue l'Empereur. Il ne peut supporter de voir son fils mourir devant ses yeux. En faisant cet acte, Vador redevient un héros et c'est pour cela qu'il apparaît comme un ectoplasme aux côtés d'Obi Wan et Yoda sous les traits de Sebastian Shaw. Comme Tonton George veut toujours avoir le dernier mot, nous avons désormais Hayden Christensen dans les versions retouchées depuis 2004. Pourquoi ? Parce que selon lui, Anakin en tant que jedi est mort avant de devenir Vador. Problème : le personnage est revenu à la force en tuant l'Empereur pour protéger son fils. Ce rajout est donc encore une fois un moyen pour Lucas de pinailler, chose qu'il ne cesse de faire depuis 1997. Enfin, la bataille spatiale est un grand moment virtuose, devenant même un véritable rollercoaster de première dans ses derniers instants. Le retour du jedi termine bien la trilogie, même s'il aurait pu être meilleur. Pendant longtemps, Star Wars fut une trilogie mais son créateur en a décidé autrement.

  • La prélogie (1999-2005) : Un numérique qui manque d'âme

Star Wars

Bannière réalisée par Drew Struzan.

Au cours des 80's, George Lucas revient régulièrement à la trilogie Star Wars. Tout d'abord avec les Ewoks, mais aussi une série animée nommée Droïdes mettant en scène le duo C3PO et R2D2 (1985-86). Il y a eu évidemment le Star Tours pour les parcs d'attraction Disneyland. Sans compter qu'un univers augmenté est créé au fil des décennies à base de romans et de bandes-dessinées, aujourd'hui banni du corpus historique au contraire des nouveaux récits instaurés depuis le rachat de Disney en 2012. Dans les 90's, Tonton George commence ses fameuses rééditions, accumulant les cgi rajoutées et les modifications en tous genres. Des modifications qui deviendront successives à force que les films ressortent sur différents supports : en 1997 pour une ressortie au cinéma, puis en VHS ; en 2004 pour la sortie de la trilogie en DVD ; et enfin en 2011 pour le coffret BR. Le plus malheureux étant que Tonton George ne laisse plus la possibilité aux spectateurs de choisir entre la version originale et les remontages, ces derniers étant considérés comme les versions ultimes selon lui. Alors oui, il y a bien les éditions DVD simples qui possèdent les montages plus ou moins originaux comme des versions disponibles sur le net, mais la qualité n'est pas toujours au rendez-vous malgré une bonne initiative (c'est toujours ça de pris).

La menace fantôme 

Affiche réalisée par Drew Struzan.

La même année que les rééditions, George Lucas annonce vouloir faire une trilogie sur les origines du mal, alors qu'il prévoyait durant longtemps de donner suite à la trilogie initiale. Contrairement à la précédente trilogie à la gestation plus hasardeuse (même si Lucas a dit avoir planifier la trilogie, les films se sont faits un par un), la prélogie est prévue dès le départ. Par ailleurs, le réalisateur veut s'aider des nouvelles technologies en jouant sur les fonds verts, l'image de synthèse et la motion-capture. Nous sommes aux balbutiements d'Internet mais la folie Star Wars reprend ses droits. Des gens payent leur place uniquement pour voir la bande-annonce de La menace fantôme au cinéma ; des files d'attentes se succèdent pour voir le film, en faisant un véritable événement. Pourtant les avis sont mitigés et ne vont cesser de devenir de plus en plus négatif au fil du temps. Le principal problème de La menace fantôme et ce sera le cas des autres volets est son rendu terriblement artificiel. Lucas aligne par exemple les plans montrant absolument tout du premier à l'arrière-plan. Tout est net, que ce soit le robot tout au fond du plan ou celui qui est juste devant nous. Cela ne sert à rien, mais Lucas le fait pourtant continuellement et dans la partie à Otoh Gunga, des figurants numériques sont tellement mécaniques dans leurs interactions que l'on croit croire à des IA de jeux-vidéos.

Star Wars : Episode I - La Menace fantôme : Photo

Au lieu de voir du cinéma, on a parfois l'impression de se retrouver devant une cinématique de jeu. Alors oui les acteurs sont bel et bien là, des décors paraissent plus naturels que d'autres, mais le fond vert comme les figurants numériques pointent toujours le bout de leur nez. Si La menace fantôme est touché, il en est de même pour le reste de la prélogie. Quant au récit, il s'avère bien compliqué pour pas grand chose. Des séparatistes essayent d'enlever la Reine de Naboo, Padmé Amidala (Natalie Portman). Évidemment, il s'agit d'un complot de Dark Sidious plus connu sous les traits du sénateur Palpatine, aussi originaire de Naboo et cherchant à prendre progressivement de l'influence sur le Sénat et elle. Ce qui sera finalement le cas jusqu'à l'irrévocable, Naboo tombant sous la coupe de Palpatine sans que personne ne s'en rende compte. La menace fantôme accumule donc beaucoup de scénettes politiques ennuyeuses, où l'on devine tout très facilement. De même, Lucas se brûle les ailes en expliquant que les jedis ont des pouvoirs grâce à leur taux de midi-chloriens, changeant complètement la perception qu'a le spectateur de la force. En fait, tout est dans les gênes.

 Star Wars : Episode I - La Menace fantôme : Photo

De même, Lucas en vient à faire de la mère d'Anakin Skywalker (Pernilla August) une sorte de Marie dans une galaxie lointaine, très lointaine. Anakin est donc issu du saint esprit ! Jake Lloyd se révèle particulièrement agaçant, peu aidé par un George Lucas faisant un peu tout et n'importe quoi. Comme balancer un sidekick comique à la figure du spectateur en la personne de Jar Jar Bings (Ahmed Best). Là encore l'acteur n'y peut rien car on lui a dit de jouer ainsi. Autant dire que le personnage de Jar Jar restera encore longtemps comme un véritable cauchemar à base de "missa", de bêtises toujours plus grosses ou un rôle dans la bataille finale beaucoup trop présent alors que son utilité tient du néant. Il n'en reste pas moins une petite révolution, annonçant le Gollum du Seigneur des anneaux (Peter Jackson, 2001-2003). Alors que reste-il de La menace fantôme ? Quatre choses. La musique de John Williams particulièrement inspirée. Ewan McGregor et Liam Neeson s'en sortent pas si mal et fonctionnent plutôt bien en duo. La course de pods reste encore aujourd'hui un des rares plaisirs de la prélogie et se révèle être plutôt jolie à regarder comparé à certains passages du film. Le duel final entre Qui Gon Jinn, Obi Wan et Dark Maul (Ray Park), méchant finalement très peu utilisé. En 2002, George Lucas revient avec L'attaque des clones

L'attaque des clones 

Affiche réalisée par Drew Struzan.

Cette fois-ci, Anakin est en fin d'adolescence (Hayden Christensen) et la Guerre des clones est bien partie pour éclater. Encore une fois, on cherche à tuer Padmé Amidala, désormais sénatrice et ce dès l'ouverture du film (au moins, Lucas a le mérite de surprendre par une ouverture choc). Ce qui donne lieu à une sorte d'enquête pulp menée par Obi Wan, probablement le passage le plus intéressant. Dommage que George Lucas préfère les batifolages de son jeune héros avec la sénatrice qui sera la mère de ses enfants. Évidemment cela pose problème car les jedis ne peuvent pas avoir de relations amoureuses. Anakin est un cas à part, d'autant plus qu'il s'agit de l'Elu de la fameuse prophétie. Il est d'autant plus dommage que Lucas préfère montrer les amours des tourtereaux plutôt que de s'intéresser à Anakin véritablement. D'où un pèlerinage destructeur sur Tatooine qui montre Anakin partir dans la vengeance et la peur. De même, les doutes d'Anakin n'apparaissent véritablement que dans la dernière heure alors qu'il découvre sa mère morte (Pernilla August). Lucas se rattrapera sur La revanche des sith (2005), mais en l'état c'est quand même très peu intéressant. Le début du film n'est pas sans évoquer Blade Runner (Ridley Scott, 1982) avec cette ville ressemblant au Los Angeles du film avec néons, bas-fonds et vaisseaux volants. Il ne manque plus que la pluie et on y est.

AOC

D'autant qu'il y a aussi une traque rappelant le passage où Deckard (Ford) tue la femme-serpent (Joanna Cassidy). Si certains trouveront cela cool, on a peine à croire Yoda aussi sautillant dans son duel avec le Compte Dooku (Christopher Lee). On voit que l'image de synthèse était inévitable afin de montrer tout le potentiel du personnage en mouvement. On apprend par la même occasion que les Stormtroopers sont faits selon un même modèle (Temuera Morrison) et qu'il n'est autre que le père de Boba Fett, ce dernier étant finalement un clone plus jeune de Jango (voilà comment on démystifie un personnage en quelques séquences, merci Tonton George). Le plus cocasse étant que les clones ont été créé sans que cela n'a inquiété personne. De même, Yoda a réussi très vite à faire sa propre armée dans la même réserve de Kamino. Un engagement tardif pour le moins improbable. Si l'on doit retenir une séquence en particulier, ce n'est finalement pas Yoda contre Dooku mais le passage de l'arène. Un véritable défouloir partant dans tous les sens avec des droïdes de toutes sortes, des jedis (dont un Sam Jackson qui semble bien s'amuser) et des créatures. Lucas en rajoute même une couche avec R2D2 jouant avec la tête de C3PO, suite à des péripéties toujours plus lourdingues. 

Star Wars : Episode II - L'Attaque des clones : Photo

On ne va pas s'en plaindre surtout quand le film se révèle assez ennuyeux. La revanche des sith (2005), se révèle finalement comme le meilleur opus de la prélogie. Tout d'abord concentré sur sept batailles sur sept planètes différentes, Lucas recentre son intrigue sur Coruscant, Utapau et Mustafar. D'autant plus que la série Clone Wars dirigée par Genndy Tartakovsky (2003-2005) aborde déjà largement la bataille des clones avec plus de tact que Lucas. Par ailleurs, Drew Struzan a eu énormément de mal à réaliser l'affiche du film, puisque les "costards-cravate" servant de responsables marketing furent pour le moins casse-pieds. L'affiche finale est en fait un mélange de deux, trois visuels (le Vador en haut à gauche fut un motif rajouté malgré lui) que le dessinateur d'affiches a fini par mixer selon leurs voeux. Le début de la fin pour ce grand peintre qu'Hollywood s'est arraché avant de lui montrer un beau majeur. Comme L'attaque des clones, ce troisième opus de la prélogie est quasiment réalisé devant des fonds verts, ce qui se voit bien malheureusement à l'oeil nu. Quasiment rien n'est naturel (malgré l'apport de maquettes et quelques beaux plans) et certaines scènes font toc à cause de ces décors générés numériquement. 

La revanche des sith 

Affiche réalisée par Drew Struzan.

On pense à la scène sur Mustafar où Hayden Christensen se retrouve à faire des allers-retours devant un décor en arrière-plan plus que limité. Idem pour l'ouverture qui ressemble assez souvent à une cinématique de jeu. Heureusement, le fond du film est nettement meilleur, même si le traitement n'est pas toujours à la hauteur. Preuve en est Hayden Christensen qui n'est jamais digne de son rôle quand Ian McDiarmid cabotine beaucoup trop. De même pour le Général Grievous dont l'importance est finalement bien pauvre dans cet opus, alors que dans la série animée il était un véritable ennemi dont la seule présence créait une certaine angoisse (voir la traque de Palpatine en plein Coruscant). Là, son duel avec Obi Wan est même particulièrement décevant, réglé en deux temps, trois mouvements. Un non-événement. On trouvera également que l'ensemble est prévisible, compte tenu du statut de préquelle devant rattacher les wagons, plus que les deux précédents opus. Ils n'est donc pas étonnant de s'attarder dans l'épilogue sur le devenir des enfants d'Anakin et Padmé, comme du cheminement amenant Anakin à devenir Dark Vador. Là où en revanche Lucas intéresse quand il exploite pleinement le potentiel politique de la saga.

ROS

Palpatine est le dictateur par excellence et surtout celui qui se fait élire par son peuple. Il n'y a donc pas d'excuse : si le mal est arrivé au pouvoir, c'est qu'on l'y a amené. C'est le cas de Palpatine depuis La menace fantôme. Évoquée seulement par petits bouts, l'ascension de Palpatine est tout simplement bluffante et angoissante, car cela peut arriver partout du temps que le peuple abdique. Rien de mieux aussi qu'un apprenti et les soldats de la république détournés de leurs fonctions premières (Anakin de son rôle de sauveur comme de jedi, les stormtroopers de leur statut d'aide militaire aux jedis) comme lieutenants de cette montée au pouvoir. Anakin et Obi Wan, le padawan et son ancien maître, s'affrontent dans un dernier chant du cygne avec la tristesse de la musique de John Williams. Malgré le ton tragique et le discours éploré d'Obi Wan (preuve encore une fois qu'Ewan McGregor était un très bon choix pour le rôle), ce n'est peut être pas là où le film touche le plus au but. Cela tient à une réplique, celle de Padmé suite au passage aux pleins pouvoirs de Palpatine : "Et c'est ainsi que s'éteint la liberté, sous une pluie d'aplaudissements". La tristesse n'en est que plus grande. Allez à la semaine prochaine!


* Propos issus de Mad Movies numéro 237 (janvier 2011). 

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Commentaires
T
Ca y est, j'ai enfin fini de lire ton long et passionnant article qui m'a replongé dans ce fabuleux univers ! Comme tu le sais, j'ai découvert la saga récemment mais j'ai tout de suite accroché aux anciens épisodes, c'est effectivement bien plus complexe qu'on pourrait le croire, c'est ça qui m'a plu. Pour ma part, je ne connaissais vraiment pas, du coup les révélations m'ont réellement surprises, j'avais l'impression d'être une spectatrice de l'époque. Par contre, à part La Revanche des Sith, j'aime pas la prélogie. La menace fantôme est limite une honte (surtout quand on s'est tapé quelques jours avant l'épisode III... ca fait un choc !), et L'attaque des clones est moyen (heureusement, il y a quelques bons moments).
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2
En effet, la prélogie souffre énormément de ses accents théâtraux (dans le traitement de sa romance comme dans la direction d'acteur). Lucas souhaitait sans doute faire de cette nouvelle trilogie une tragédie grec, mais cela ne prend pas - sauf lors du dernier épisode, que je trouve très réussit.
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A
à vince : elle est déjà obsolète par ailleurs.
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A
avec les années, j'ai l'impression Qu'on va rapidement oublier cette prélogie
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A
à borat : je trouve que le 3 s'en sort mieux que les 2 précédents, mais c'est vrai, la prélogie de Lucas reste très décevante
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